BAASTA! : au Nord c’était Madcalais

Trois ans après la sortie de Paanic… passé injustement inaperçu, la faute à un certain virus débarqué dans la foulée, les garçons de BAASTA! reviennent en grande forme avec Madcalais. Dix morceaux qui portent la région des arrageois dans leur ADN pour une musique de combat qui ne renie jamais l’émotion.

pochette BAASTA!

Au nord, c’était les corons comme disait Bachelet. Venir du Pas de Calais, c’est une chose qui est gravé en soi. Qu’on le veuille ou non, et c’est sans doute pareil partout, nos origines impriment notre vies, notre histoire et notre futur.

Venir du Pas de Calais, c’est être à un carrefour, un lieu de passage pas trop loin de la Belgique et de l’Angleterre. C’est avoir la fierté prolétaire dans le sang, avoir la morgue et l’humour collé à ses racines. C’est quelque chose de sans doute hyper politique, un humanisme gravé dans l’âme qui nous pousse au meilleur comme au pire.

Tout ça créé une terre fertile en combats et parfois en dérive malheureusement. Grandir dans le Pas de Calais c’est avoir vu tout se barrer en couille, les centres villes devenir des déserts et les extrêmes se tailler la part du lion d’une région trop fragile pour contenir la haine des idiots. Tout cela, BAASTA! l’a non seulement compris, mais l’a surtout inclus dans sa musique. Une musique de combat scandait droit dans les yeux, au cœur d’un noir et blanc malgré tout rempli de couleurs, de colères mais pas d’abnégation. Jamais d’abnégation.

Don’t Paanic… Célébrons Madacalais ! Ce nouvel opus de BAASTA! prend la suite directe du premier, en plus ambitieux, en plus réfléchi en mieux produit sans doute aussi. Une étape de plus dans musique combattive de ces garçons. Une introduction et une conclusion, entre les bruits de manifestations et les bruits du stade (car oui, comme le dirait Tony Vairelles, leur cœurs sont sang et or, forcément) ; deux notions forcément au cœur de la vie du Pas de Calais, qui reprend tout ce que l’on disait juste avant.

Alors Jusqu’ici … Tout va bien merci ? Pas vraiment, mais quelle entrée en matière parfaite. Un morceau vachard, qui s’amuse de l’aveuglement de l’humain qui confronte ses convictions et ses idées consuméristes. Un double discours pris à bras le corps par les Arrageois avec beaucoup d’humour mais jamais de cynisme. C’est l’une des grandes qualité que l’on retrouvera tout au long de Madcalais : mettre le doigt sur ce qui fait mal, mais sans jamais être trop virulent ou dans le jugement car au fond, on est tous le con de quelqu’un.

BAASTA!

Fiction ou Vérité prend le même chemin sonore : une grosse basse, une guitare discrète, des notes synthétiques et des boites à rythmes au service d’une réflexion sur les fake news et sur la manière dont les informations nous parviennent selon le médium qui nous les offre.

Bien sûr, malgré les postures combatives, il y a parfois des envies de tomber à genoux, de baisser les armes pendant 3 minutes, histoire de réfléchir et de retrouver son chemin. En terme d’émotions pures, J’ai pas compris est sans doute le morceau le plus émotif et sincère du duo.

On pourra la rapprocher de Gardons l’élégance, jamais vraiment désespérée mais souvent proche du chaos. Avec ces morceaux, les garçons prouvent qu’ils peuvent, avec le recul nécessaire, s’investir dans une esthétique qui voit plus loin, qui cherche aussi les solutions aux problèmes qui les entourent.

On a pas la carte… mais on va briller, reprend le combat avec force. Un morceau percussif, ironique et qui fracasse tout sur son passage. Une manière de rappeler que les gens, mêmes discrets, mêmes ceux qu’on ne regardent pas, on une place à prendre, un endroit où briller et un lieu où s’épanouir. Un morceau « optimiste » comme il lui dit lui même et une envie de faire péter un plafond de verre qu’on nous met souvent trop injustement aux dessus de nos têtes.

Madcalais est un album presque régionaliste. Dix morceaux maturés au fut de bière entre deux terrils et une terre noire qui donne envie de s’élever. Comme le RC Lens dont le public apparaît à la fin de l’album, BAASTA! vise le haut du tableau avec Madcalais. Rendez vous en Champion’s league les gars !

Crédit Photos : David Tabary