BADBADNOTGOOD – Talk Memory, Cinéma musical

Alors qu’ils fêtent cette année les dix ans de leur premier album, les Canadiens de BADBADNOTGOOD reviennent après une belle pause (cinq ans quand même) pour nous livrer une des perles de cette rentrée : Talk Memory.

BADBADNOTGOOD: Talk Memory album cover art

Déjà cinq ans que l’on attendait des nouvelles des petits prodiges du jazz Nord-Américain. Bon, on avait bien eu quelques singles et collaborations ici et là à se mettre sous la dent mais un quinquennat s’étaient déjà écoulé depuis la sortie de IV, leur quatrième album, vous l’aurez compris. C’est donc avec la nostalgie des vieux amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps que nous avons découvert ce nouvel opus : Talk Memory. Comme une envie de rattraper le temps perdu, de savoir ce qu’ils sont devenus, comment ils ont évolué et ce qui les anime désormais au moment de cliquer sur le bouton de lecture. À cet instant précis revient en tête le souvenir des quatres premiers albums, leur ambiance classieuse et partagée entre la folie et les ténèbres les plus sombres parfois.

Alors démarre Signals From the Noise. Enfin, normalement parce que là, on n’entend pas grand chose. Après quelques secondes de doute (Problème de réseau ? Son coupé ?), on se rend compte que l’introduction est quasiment silencieuse à l’exception d’un bruit peu perceptible. En naitront les premières notes, signaux issus de ce bruit et qui se développe peu à peu en un morceau exceptionnel de mélodie et de cinématographie. Remarque que l’on pourrait transposer à l’ensemble du disque et qui donne l’impression d’écouter la bande originale d’un film rempli de mystère et d’intensité. À l’écoute, on se sent transporté et déconnecté de toute réalité. C’est le genre d’album que l’on peut écouter un soir pour oublier tous les tracas de la journée pendant 42 minutes ou débrancher le cerveau le temps d’une séance de sport (véridique, ça fait passer un footing en oubliant complètement le chrono).Bien sûr, ça reste du jazz instrumental avec des moments complètement barges et des solos qui en font voir de toutes les couleurs. Mais l’équilibre est suffisamment juste pour rester très accessible, et attirer un public qui n’est pas forcément extrêmement sensible au genre, sans pour autant renier son ADN (on trouve des morceaux qui s’étirent jusque 9 minutes).

On pense aussi dans ce cas à Love Proceeding, qui relève presque plus d’une instrumentation soul (on imaginerait sans problème un crooner venir poser sa voix suave sur ce type d’ambiance) et dont les enchevêtrements entre les musiciens sont de toute beauté. Dernière mention notable, on trouve deux versions du morceau Beside April. Une avec l’ensemble du groupe et une arrangée uniquement avec un piano et des cordes frottées. Cette deuxième version montre toute la versatilité et la polyvalence de la musique créée par le groupe, et emmène l’auditeur vers un nouveau palier de contemplativité. Il s’agit là d’un des grands moments de l’album et l’on se plaît beaucoup à revenir le visiter par moment en fonction de l’ambiance et du passage du film que l’on a envie de revoir. Toujours de la très belle musique par BADBADNOTGOOD donc, et on espère les retrouver dans moins de cinq ans !

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