À l’occasion de la sortie de Sand, leur nouvel album, on a eu l’occasion de discuter avec Maarten Devoldere, co-leader d’un des groupes les plus appréciés issus du plat pays. L’occasion de parler avec lui de la création de ce nouvel opus et du temps qui passe.
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La Face B : Bonjour Maarten, comment vas-tu ?
Maarten Devoldere : Plutôt bien étant donné les circonstances (rires) Ce ne sont pas des moments faciles que nous vivons. J’essaie de rester occupé, parfois j’ai le sentiment d’être un drogué qui se shoote aux concerts (rires).
LFB : Vous êtes sur le point de sortir Sand, comment tu ressens le fait de sortir un album dans ces conditions ?
MD : C’est très spécial. De même, réaliser l’album était très différent. On a terminé notre tournée en Europe en Février et ensuite la Belgique est entrée en confinement, on était déjà en train d’écrire l’album et on a du le produire d’une façon très spéciale. On avait prévu de faire un album très live, dans un studio à cinq dans une cabine mais on n’a pas pu, donc on l’a fait plus électronique et on a travaillé à distance les uns des autres. Et maintenant la sortie c’est très différent, normalement on devrait avoir des journées presse, venir à Paris et là on fait tout depuis chez nous.
LFB : À quel point tu estimes que le contexte a affecté le résultat final de l’album ?
MD : Je pense qu’il est beaucoup plus électronique, on a utilisé plus de boîte à rythmes que de vraies batterie et ce genre de chose. En quelque sorte, on est plutôt contents quand on y pense, je crois que c’est une espèce de challenge pour nous, devoir faire avec et être créatifs et d’une certaine façon je suis très content du résultat. Ça nous a obligé à essayer des choses qu’on n’avait jamais essayées et c’est cool. C’est comme si le coronavirus était le sixième musicien de l’album.
LFB : Le groupe semble évoluer dans son esthétique sonore à chaque album, comment tu compares celui-ci aux précédents ?
MD : Comme je l’ai dit, il est plus électronique, c’est un album très groovy, le plus groovy qu’on ait fait jusqu’à présent je dirais. On avait exploré ça, mais on avait le sentiment de ne pas avoir poussé suffisamment la chose et on voulait aller plus loin. On a utilisé beaucoup de synthétiseurs pour la première fois aussi. À part ça je crois qu’on est un peu plus âgés, plus matûres et on continue à évoluer et à apprendre des choses en tant qu’êtres humains. On apprend de nouvelles choses à propos de l’amour et de tout le reste et ça alimente l’écriture.
LFB : L’album parle beaucoup du temps qui passe, selon toi quel est le moyen le plus évident de se rendre compte de ce phénomène ?
MD : Je ne sais pas… (il réfléchit) Je pense que l’album parle beaucoup du fait qu’en tant qu’artiste, tu es toujours un peu agité, en train de penser aux nouvelles choses que tu veux faire. Personnellement, j’ai un problème avec le fait de vivre dans le moment, c’est quelque chose sur quoi j’essaie de travaille. Avoir confiance en l’avenir, ne pas être capable d’attendre, c’est ironique en cette période de confinement. On est dans ce groupe depuis la moitié de nos vies, j’ai 34 ans maintenant, on a commencé quand j’en avais 17, c’est plutôt cool, quelque chose sur quoi tu peux te reposer dans la vie. Avoir Balthazar dans sa vie, en voyant ses amis aller et venir, c’est comme un long mariage.
LFB : À quel point tu as confiance en l’avenir ?
MD : Je pense que je suis plutôt optimiste pour l’avenir. C’est comme le refrain sur Losers, le premier single, « We’re losers on the verge of something great / On est des losers au bord de quelque chose de grand » donc je suis toujours optimiste pour l’avenir.
LFB : Selon toi, qu’est-ce que la période solo vous a apporté ?
MD : À cette époque ça nous a libérés, parce qu’on tournait tellement que ça devenait un peu prévisible, comment on jouait avec Balthazar. Donc je pense que c’était très bienvenu de prendre une pause à ce moment là. Quand tu es tout seul, tu es obligé d’explorer de nouvelles choses, et ça permet de garder de la fraîcheur. Après les projets solos, quand on est revenus ensemble, on avait beaucoup d’énergie. Après Fever on s’est sentis encore motivés pour faire un autre album. C’est un peu un danger quand on fait partie d’un groupe pendant longtemps, ça devient une machine trop bien huilée et ce n’est plus excitant. À ce propos c’est comme pour le coronavirus, on a du trouver d’autres façons de faire l’album. Ça garde les choses excitantes, on ne peut pas se plaindre.
LFB : Est-ce que tu penses que ça pourrait arriver à nouveau ?
MD : Oui, je pense. Je crois vraiment qu’on va faire d’autres albums solos aussi.
LFB : Il y a quelque chose d’évident, sans effort dans la musique de Balthazar, comment tu l’expliques ?
MD : Je crois que quand on était plus jeunes, on réfléchissait plus en écrivant de la musique et maintenant, on écrit plus avec nos tripes. Je pense que les chansons écrites les plus vite sont globalement les meilleures. On a écrit beaucoup d’autres chansons qu’on n’a pas mises sur l’album et ce sont toujours les chansons qui s’écrivent le plus vite, qui viennent le plus facilement qui se retrouvent sur l’album. Ça demande beaucoup de pratique et d’exercice quand tu écris des chansons, d’en arriver au point où ça vient naturellement donc en quelque sorte c’est beaucoup de travail, un peu comme une préparation.
LFB : Quels sont les plans désormais ?
MD : On espère jouer cet été. On verra comment se déroulent les choses et après on a une tournée en salle de prévue donc on espère que ça pourra le faire.
VERSION ORIGINALE
La Face B : Hi Maarten, how are you doing ?
Maarten Devoldere : Well, pretty good given the circumstances (laughs) These are no easy times to live in. I try to keep busy. Sometimes I feel like a junky who’s taken the habit of performing live (laughs).
LFB : You’re about to release Sand, how does it feel to be releasing an album in such a context ?
MD : It’s very special. Also making the album was really different. We finished our tour through Europe in February and then Belgium went into lockdown, we were already writing the album and we had to produce it in a special way. We planned on making the album really live, in a studio with the five of us in one room but we couldn’t do that so we made it more electronic and worked from a distance from each other. And now the release it’s different as well, normally we would have press days, we would come to Paris and now we’re doing everything from home.
LFB : How much do you think the context affected the resulting album ?
MD : I think it’s really more electronic, we used more drum samples instead of live drummer and stuff like that. In a sense, we’re quite happy when we look back at it, I think it’s some kind of challenge to us, you have to work with it and be creative and in a way I’m very happy with the result. It forced us to try things that we never tried before and it’s cool. It’s like the Coronavirus was the sixth musician on the album.
LFB : It sounds like the band really evolves with each album that you release, how do you compare this one with your previous works ?
MD : Like I said, it’s more electronic, it’s a very groovy record, our most groovy record so far I think. We explored that, but we had the feeling that we didn’t push it far enough so we wanted to explore that more. We used a lot of synthesizers for the first time as well. Apart from that I think we’re a bit older, a bit matured and we keep evolving and learning things as human beings. We learn a bit new stuff about love and everything so that’s going into the songwriting.
LFB : The album talks a lot about the passing of time, in your opinion what is the most compelling evidence that time is passing ?
MD : I dont’ know… (pauses to think) I think that the record talks a lot about the things that, as an artist, you’re always a bit restless, thinking about the new thing you wanna do. Personally I have a problem with living in the now, something that I try to work on. Putting your trust in the future, not being able to wait, it’s ironic these days given the lockdown. We’ve been doing this band for half of our lives, I’m 34 now, we started when I was 17, it’s kind of cool, as a value to rely on in your life. To have Balthazar in your life, while seeing your friends come and go, it’s like a long marriage.
LFB : How confident do you feel about the future ?
MD : I think I am quite optimistic about the future. It’s like the chorus of Losers, the first single, « We’re losers on the verge of something great » so I’m always optimistic about the future.
LFB : What do you think your solo periods brought you ?
MD : At that time it liberated ourselves, because we were touring so much and it was becoming to be predictable how we play with Balthazar, so I think it was very welcome to take a break then. If you’re on your own, you’re forced to explore new things, and it keeps it fresh. After the solo projects, when we got together again, we came with a lot of energy. After Fever we felt like we were still very motivated to do another record after that. It is the danger that if you’re in a band for a long time, it becomes too much of a well oiled machine and it’s not exciting any more. In that sense it’s like what I said about corona, we had to find different ways to make this album. It keeps it exciting, we can’t complain.
LFB : Do you think it might happen again ?
MD : Yeah, I think so. I think we’re definitely gonna make other solo records as well.
LFB : Balthazar’s music feels almost effortless, how do explain it ?
MD : I think that when were younger we thought more about writing music, and now we write more from the guts. I think the songs you write fastest are mostly the best songs. We’ve written many more songs that didn’t make it to the album and it’s always like the songs that are written fastest, that come the easiest are the best songs that make it to the album. It takes a lot of practice and exercising when you’re writing songs, to come to the point where it comes naturally so it’s kind of a hard work as well, like a preparation.
LFB : What are the plans now ?
MD : We hope to play the summer. We’ll see how things go and after that we have a club tour planned so we hope it will work.