Pour la sortie de son septième album, Baxter Dury s’est invité à la Cigale dans le but de nous régaler d’une soirée mémorable, et ce fut le cas.
Pour comprendre Baxter Dury, il faut s’imaginer Serge Gainsbourg, lui donner la langue de Shakespeare et son plus bel accent, et l’amener dans notre période bien contemporaine. Le fils de Ian Dury, légende du rock anglais décédé au début du millénaire, a lancé sa carrière une fois son père passé de l’autre côté. On sent bien les racines familiales entre leurs œuvres, pour autant Baxter s’est rapidement concentré sur un son bien plus doux, plus poétique et esthétique. Des chœurs féminins, sa voix grave qui remplit la pièce d’un aura fou, et cette appétence pour de la musique simple, répétitive, mélodique. Le tout sans oublier de déclamer sa mélancolie sous couvert d’un humour et d’une autodérision typique de l’Outre-Manche. Un régal.
Sans trop parler de son premier album, pas forcément le plus concluant de la discographie du musicien, dès Floor Show (Rough Trade Records / 2005) jusqu’au magnifique de mélancolie Prince of Tears (PIAS / 2017), on retrouve plus ou moins le même son, les mêmes rythmiques, le même effort. Puis The Night Chancers (PIAS / 2022) amorce un changement d’univers, qu’on n’imaginait pas vraiment à vrai dire. Certes des titres comme Slumlord ou Hello, I’m Sorry restent dans la même veine que ce que nous proposait Baxter Dury, mais I’m Not Your Dog, Saliva Hog, Sleep People, tendent un peu plus vers un nouveau chapitre.
En effet, I Thought I Was Better Than You (Heavenly Records / 2023) propose un son beaucoup plus hip hop, voire trap. Le disque est de prime abord étonnant. On n’était pas habitué.e à entendre des chœurs pitchés (Celebrate Me), des beats électroniques, un univers radicalement différent somme toute. Mais pour autant, certains cantiques ont la peau dure, on retrouve toujours notre bien aimé duo basse/guitare léger et précis. Peu importe le son, on retrouve la patte de Baxter Dury et on se laisse porter part cet album excellent. Une belle surprise.
On avait peu de doute quant à la réussite de ce concert. Et pourtant on ressort de La Cigale agréablement surpris.e. Seule ombre au tableau, il en faut bien une, un.e musicien.ne manquait à l’appel. C’est toujours dommage quand des lignes de basses ou guitares sont lancées en arrière plan. Mais bon, évacuée cette très légère frustration, il ne reste qu’à se délecter d’un Baxter Dury en pleine forme qui, quand il ne chante pas, pratique ses meilleurs positions de Yoga ou Ju-Jitsu, au choix. Tel est le dandy excentrique qui depuis 20 ans nous régale de son univers magnifique.
Sans vraiment de pause, on vous l’avait dit Baxter est un punk, les chansons s’enchaînent. Une petite appréhension pouvait habiter les fanatiques du son originel du musicien, comment allait-il incorporer son dernier album dans son set ? Sans surprise, de la meilleure des façons. Dans ce concert relativement court, on se laisse emballer tranquillement dans la discographie fournie du musicien. Lors d’un des rares moments d’adresse au public de, Baxter nous déclare, suite à une ovation méritée, une flamme qu’on sent venir du tréfonds de son âme. Il sort un instant de son excentricité pour s’ouvrir entièrement. A l’image de son œuvre, Baxter Dury est un musicien complet et entier, qu’on ne peut qu’adorer.