On continue de vous partager des souvenirs d’été. Après une première rencontre, on a eu plaisir à retrouver Arthur et Joseph de Bellboy pour discuter avec eux de la seconde partie de leur Opéra mais aussi de l’importance des visuels, des personnages et de la meilleure manière de retranscrire leur musique en live.
LFB : salut Bellboy, comment ça va ?
Arthur : ben, ça va.
Joseph : ça va super.
Arthur : en ce moment on fait plein de trucs donc c’est chouette.
LFB : avant de parler de la musique, j’aimerais bien parler des pochettes des deux parties d’Opéra qui se répondent. J’aime beaucoup l’idée autour de la représentation de l’opéra et du fait d’être, à la fois, la marionnette et le marionnettiste j’ai l’impression. Je me demandais si c’était quelque chose que vous aviez pensé comme ça. Est-ce que c’est ce que vous vouliez illustrer à travers les deux parties d’Opéra justement ?
Arthur : la pochette elle a un peu été conceptualisée ensemble avec Romane Granger, qui a dessiné. Dès le début, la première idée c’était que ce soit effectivement deux pochettes qui se répondent parce que les EP forment un peu un album. Donc c’est un peu les deux faces du même disque. Et après, il y a un peu cette idée de marionnette et de marionnettiste, pour nous représenter, ne serait-ce qu’en dessin, pour ne pas nous montrer totalement. Et effectivement, faire la part des choses entre qui on est et les personnages d’Opéra et tout ça. Et puis en plus, on les voit manipuler le petit monde. Donc il y a complétement cette idée-là.
Joseph : en fait c’est ça. C’est cette posture vis-à-vis de la musique qu’on fait et où il y a aussi toute l’importance de l’image. On aime bien avoir un peu ce recul, un peu comme des réalisateurs qui forment, avec un album, un univers et pouvoir comme ça, à l’avenir, porter des projets un peu différents. Même radicalement différents.
Arthur : tout en restant les mêmes réalisateurs de l’histoire.
LFB : ce qu’il y a de marrant, du coup, pour aller dans ce sens-là, c’est cette idée d’énorme vague en plus, qui arrive à l’arrière. Comme si elle était là pour effacer un peu tout ce qui avait pu être fait à ce moment-là.
Joseph : ça je dirais que c’est un peu le hasard mais ça nous parle bien (rires). Je trouve que ça marche bien avec ce qu’on voulait faire.
Arthur : entre les deux disques, on avait déjà cette idée d’un moment d’explosion ou de déconstruction, ou de cataclysme en tout cas. Parce que même entre les deux parties de l’EP, il y a un peu cette notion de retour à la nature. Ou en tout cas de changement de registre.
Joseph : on passe de chansons un petit peu plus oniriques à quelque chose, quand même, de plus terre-à-terre. Et puis même musicalement, il y a cette idée-là dans le sens où il y a le côté très électronique du coup sur le premier, qu’on perd plus sur le deuxième.
LFB : oui, qui réapparaît un peu sur La neige. Et justement, ce qui est aussi intéressant c’est que l’idée d’entracte, qui est très présente dans l’opéra d’une manière générale, elle est aussi hyper intéressante dans la façon dont vous l’avez pensée. Parce qu’on est vraiment sur une séparation et sur une remise à zéro. Puisque, concrètement sur la deuxième partie, il y a aussi l’apparition de la guitare acoustique, qui est beaucoup plus présente et qui est un élément beaucoup plus fort dans la musique que sur la premier, où c’était plus du clavecin et des grandes orchestrations.
Arthur : oui oui. Ça pour le coup, ça avait été réfléchi déjà en amont. Enfin, c’était une idée quand on faisait la musique. Et dans les pochettes il y avait l’idée de la vague, elle est un peu apparue par rapport à ça. On aimait bien aussi le fait qu’il y ait un instant, un moment un peu figé.
Joseph : oui, on aimait bien ce truc de la seconde avant le cataclysme.
LFB : il y a un truc un peu dangereux, qui se reflète complétement sur Opéra dans sa globalité. Avec la voix off omnisciente qui peut être aussi, on a l’impression, une partie de vous. Encore au-dessus des réalisateurs qui continuent à apparaître sur cette deuxième partie-là. Notamment sur le dernier morceau de fin, on parlait de repartir à zéro, mais plutôt que de refermer Opéra, laisse quand même un truc en suspens sur une ouverture sur le futur.
Arthur : oui c’est vrai. On laisse un peu le fin de l’histoire évasive. De toute façon, ce qu’elle raconte n’est pas hyper concret non plus (rires). C’est un peu onirique quoi.
LFB : j’aimerais bien parler de l’utilisation de voix aussi, d’un EP à l’autre. Sur le premier, il y avait cette idée de flou avec vos deux voix, mais transformées avec les vocodeurs, avec les utilisations ; et là j’ai l’impression que c’est un peu plus naturaliste et qui est plus porté par l’apparition de Pi Ja Ma sur un morceau, qui vient importer un contraste complétement différents qui n’apparaissait pas sur la première partie.
Arthur : oui ! Même le fait d’inviter Pi Ja Ma à venir chanter sur un morceau, c’était une envie qu’on avait dès le début, d’inviter, de toute façon, des gens à chanter avec nous. Il s’avère qu’on n’a pas forcément trouvé la place pour d’autres collaborations sur le disque. Mais à l’avenir, on aimerait bien avoir cette casquette-là, de pouvoir faire intervenir des voix, comme des personnages, un petit peu. C’est pour ça que c’était trop bien d’avoir Pi Ja Ma, et c’est pour ça aussi qu’on déconstruisait nos propres voix. C’était dans l’idée d’avoir plusieurs personnages et de les faire intervenir. Finalement, comme des instruments.
LFB : du coup, ce qu’il y a d’intéressant aussi finalement, c’est le côté moins orchestral que tu peux avoir sur la deuxième partie, il est remplacé, je trouve, par la surabondance des chœurs vocaux. Qui viennent apporter justement un peu de hauteur à une musique qui peut être un peu plus terre-à-terre.
Arthur : oui, ça remplace un peu les nappes de synthé. Tout ça, ça va dans cette idée-là de faire le truc en deux actes et puis avec une sorte de retombée. Si on traduit le truc un peu concept qu’il y avait. Si Opéra 1 c’était une sorte d’effervescence de l’amour et de ces sentiments-là, la partie deux c’est plus une retombée et quelque chose de plus contemplatif sur le monde et potentiellement une séparation.
LFB : Mais tu vois, sur la première partie, tu as un peu l’impression que les personnages parlent, et que dans la deuxième partie c’est juste les pensées des personnages qui s’expriment. Pour moi, je le vois comme ça. Dans un truc un peu plus mental en fait.
Arthur : Oui, peut-être. Il y a peut-être un côté un peu plus remise en question en tout cas.
LFB : Et du coup, il y a moins de voix, mais plus d’émotions. Mais comment on le conceptualise ça ? Est-ce que c’était vraiment des idées que vous aviez en tête de suite ? Ou c’est des trucs où vous vous êtes laissés surprendre aussi ?
Joseph : Ben un peu des deux, en fait. Parce qu’on avait quand même vachement écrit l’album, même avant de le composer. On avait une feuille, comme un scénario, avec les onze chansons, peut-être même plus à la base il y en avait peut-être treize. Comme ça, on avait décrit un peu ce qui allait se passer. Donc par exemple Sonatine on avait déjà anticipé que ça allait être un morceau sans voix. Donc il y avait un peu cet arbre-là. Puis après par contre, le fait d’être allé à des choses plus acoustiques, c’est des choses que se sont faites sur le moment. Je pense que ce n’était pas aussi contrasté dans l’idée qu’on avait avant de commencer. Et je pense que ça s’est contrasté en le faisant, que ça s’est distingué en deux parties et qu’il y a vraiment eu une évolution.
Arthur : Et après, quand on a observé les premiers jets qu’on avait, je pense qu’on a pu accentuer un peu les potards. Par exemple, c’est des idées qu’on a compris qu’on était en train de faire, et après qu’on a pu développer en retravaillant et en peaufinant les musiques, et en les assumant pleinement. En en faisant un véritable parti-pris plutôt que le hasard de composer quelque chose.
LFB : Vous parliez de réalisation et de Sonatine, j’ai une double question là-dessus. Déjà, les références cinématographiques jalonnent vachement l’EP je trouve. Et quand vous utilisez un mot comme « sonatine », c’est une référence musicale ou c’est aussi une référence à Kitano ?
Arthur : Je n’ai pas pensé à Kitano.
Joseph : Non, on ne l’avait pas en tête, non.
Arthur : Sonatine, pourquoi on a pensé à « sonatine » … Ben c’est l’esprit de la chanson, je pense, qui nous a évoqué ça. On trouvait que c’était cohérent. Puis c’était peut-être plus pour rappeler le côté anachronique de l’opéra. Même si ça n’a pas forcément de sens dans un opéra. C’était plus pour évoquer ça, à la base, puis après le morceau il est clairement inspiré de Ennio Morricone et de Le Roi et l’Oiseau. Et après, des références cinématographiques il y en a un certain nombre dans le disque aussi.
LFB : Oui, tu parles de Sailor et Lula, de choses comme ça. On en parlait, il y a un jalonnement qui permet un rendu assez visuel de la musique, je trouve. Je n’ai pas l’impression qu’on vous en ait beaucoup parlé, mais moi, votre ep, les clips, le visuel, etc., je les rapproche énormément de Interstella, Daft Punk et les Matsumoto, mais un peu inversé en fait, dans le sens où le scénario est dans la musique et se retrouve sur des visuels qui sont un peu séparés alors qu’Interstella à la base, Discovery n’était pas forcément un album avec une histoire et il s’est complétement transformé via Matsumoto.
Arthur : Oui, ça a été vraiment fait dans ce sens-là. Parce qu’en plus, dans les clips, on a vraiment laissé faire Romane Granger. Même si elle a écouté l’ensemble du disque et qu’elle a pu être inspirée par ce qu’on racontait, je pense qu’elle s’est attachée à certains morceaux. Et quand elle a bossé sur Bambino ou sur La Neige, elle a pu s’inventer une histoire aussi, qui est liée directement à ce morceau-là.
Joseph : La Neige c’est un morceau qu’elle voulait absolument travailler.
Arthur : Oui, c’est elle qui s’est créé aussi son scénario et des fois ça a dépassé complétement certaines choses, ce qu’on pouvait projeter de la chanson qu’on avait écoutée à la base.
LFB : Oui, mais même niveau musical, je trouve qu’il y a ce rapport vraiment très fort. Mais parce que Daft Punk est aussi inspiré de François de Roubaix ou d’autres musiques. Surtout sur Discovery, les chansons comme Very Disco ou Something about us, je trouve qu’on est vraiment dans la lignée musicale de ce que vous faîtes.
Arthur : On les a tellement écoutées en même temps. On ne peut pas trop s’en cacher.
LFB : Mais du coup c’est intéressant de prendre ça un peu à rebours, parce que je pense à plein de gens qui ne connaissent pas forcément le Interstella de Matsumoto, qui ont vu de manière hachée quand ils sont sortis. Je trouve ça vraiment cool. Parce que tu vois, une vidéo comme La Neige par exemple, je la trouve sublime, mais c’est vrai que ça rentre pas forcément dans l’histoire globale. Et c’est intéressant parce que c’est en même temps imbriqué et en même temps indépendant dans le projet Bellboy en fait.
Arthur : Mais ça c’était une volonté, de travailler avec Romane Granger sur les pochettes, sur les clips et tout ça, c’était effectivement de donner une identité visuelle, même si elle ne correspond pas, même si elle ne paraphrase pas le propos de l’album. On avait envie d’une unité esthétique qui l’accompagne. Je pense que, par la suite dans les prochains projets qu’on fera, il y aura toujours cette ambition de faire des albums qui soient accompagnés d’une identité visuelle forte et personnalisée pour le disque et potentiellement qui ira dans une autre direction par rapport à ce qu’on a fait avec Romane Granger. On a envie, à chaque fois, de proposer un nouvel univers.
LFB : Oui, c’est ça. Bellboy c’est vraiment une entité définie, qui a un projet que vous allez laisser en mouvement et qui, limite, peut vous surprendre vous-même sur les esthétiques et ce que vous avez envie de partager.
Arthur : Oui, en tout cas on a vraiment pas dans l’idée d’essayer de faire la continuité de ce qu’on a fait dans Opéra 1 et 2. Pour le moment, on sait déjà qu’on a envie de s’en écarter pour le prochain album. Ça ne nous empêchera pas un jour de faire Opéra partie 3 et 4, on ne sait jamais… On aura peut-être envie d’y retourner. Mais, en tout cas, on aura vraiment envie d’assumer, dès le prochain album, l’idée que ce n’était pas forcément que ça Bellboy, et qu’à chaque fois ce sera un nouveau chapitre, ou une nouvelle histoire.
LFB : Vous parlez d’un truc qui unit quand même les morceaux entre eux. Moi je trouve qu’il y a un rapport hyper important dans l’écriture, à retrouver une espèce de naïveté, une espèce de pureté totale à chaque morceau. Je me demandais comment vous envisagiez l’écriture du texte justement. Si c’était un truc réfléchi ou si vous laissiez, pareil, une certaine spontanéité, ou si vous notiez des mots comme un cadavre exquis.
Joseph : Hm… Les textes c’est assez différent pour chaque morceau j’ai l’impression. Il y a des morceaux où c’est très spontané et ça vient même en parallèle de la musique. Et il y a des morceaux où la musique est composée, la maquette est déjà arrangée, et on va chercher, parfois même assez longtemps, à se répondre l’un et l’autre, à retravailler des structures, des phrases, l’envoyer à l’un qui va reprendre… Donc des fois, au final, je dirais qu’il y a les deux. Ça peut être très instinctif, très spontané, et des fois non.
Arthur : Mais quand même, globalement, le cheminement il est en deux temps. Souvent il y a un premier jet et ensuite il faut que ça passe à la bobinette du quatre mains.
Joseph : En tout cas, il faut que tous les deux on trouve que c’est juste.
Arthur : Mais dans cette idée-là, ça rejoint un peu le fait de simplicité dont tu parlais.
Joseph : Oui parce qu’on va avoir tendance à rechercher toujours au plus simple.
LFB : Tout en gardant une vraie musicalité dans les mots. L’utilisation de mots comme Bambino ou des choses comme ça, il y a quand même ce mot qui sonne et, qui justement, est hyper important dans le sens de la globalité du morceau, où le texte, la prod et la composition s’imbriquent vraiment. Quand on l’écoute on sent qu’il y a vraiment une recherche et un truc où toucher l’aboutissement parfait est presque obsessionnel. (rires)
Joseph : On passe du temps à enlever le gras et remettre en question. Bambino il a eu vraiment de nombreuses moutures avant d’arriver à cette version-là.
LFB : Ce qui est intéressant, et dont je parlais avec Johan Papaconstantino ce matin, c’est que parfois tu entends des morceaux comme si c’était une évidence et que c’était d’une facilité folle, alors que tu sais que derrière t’as des centaines d’heures de travail pour arriver sur 4 minutes quoi.
Joseph : Oui, puis pour faire le texte qui paraît parfois tellement simple. Mais oui c’est sûr, il y a un petit côté de travail obsessionnel, travail d’orfèvre.
LFB : On parlait de la transition de tout ça vers le réel, vous n’avez pas beaucoup tourné, jusqu’à présent vous avez fait très peu de dates u peu isolées. Est-ce que vous avez eu du mal à confronter votre musique à la réalité de la scène ?
Arthur : Ben, c’est quelque chose qui n’est pas évident à la base, on s’est posé beaucoup de questions. En fait, on a un peu déconstruit le truc parce que c’est vrai que la première question qui se posait c’était qu’on a fait deux EP qui sont très arrangés et avec des instruments qu’on ne pourrait pas avoir sur scène. Il y avait forcément la question qui se poser de « comment on fait pour transcrire les disques ? ». Et finalement, on a préféré transcrire la sensibilité des chansons. Du coup on a fait un gros travail de ré-arrangement sur le live, et un nouveau parti-pris totalement d’essayer de se rapprocher le plus d’un piano-voix, entre guillemets, avec le minimum de bandes possible. Et plutôt essayer de retrouver les chansons qui se cachaient derrière tous les arrangements. Je pense qu’on est arrivé à quelque chose de cool. Et c’est aussi dans l’idée que si un jour on veut avoir un bon groupe…
LFB : qui vienne avec vous sur scène….
Arthur : Oui, dans un futur long terme (rire).
LFB : Avec des cordes et un piano à queue !
Arthur : Exactement !
LFB : Finalement quand tu écoutes la musique, il y a vraiment ce foisonnement et c’est vrai que dans l’Industrie actuelle et dans les limitations que ça apporte de n’être que deux sur scène… Du coup voilà, vous l’avez complétement retransformée votre musique.
Arthur : En tout cas on a vraiment voulu éviter de faire un maximum de bandes sur l’ordinateur. On sait que ça ne nous plaît pas et en plus ça ne rend pas forcément l’envie que l’on a de faire de la musique. On a envie de jouer, de présenter un truc qui soit sincère et authentique. Dans ce sens-là les bandes sur ordinateur ça refroidit un petit peu, notamment quand c’est très orchestré. Ce n’était pas l’ambition.
LFB : Oui, puis ça coupe un peu l’échange entre l’artiste et le public.
Arthur : Potentiellement oui. Même si on n’est pas les plus bavards sur scène de toute façon. Mais c’est vrai que ça aurait pu être encore pire du coup ! (rires)
Joseph : Et ça nous a permis de retrouver aussi du sens à tout ce qu’on faisait sur scène. Parce qu’on sait que si on arrête de jouer, on arrête de chanter et il y a un vide. Alors que là on t’aurait bombardé avec des bandes.
Arthur : On n’avait pas envie d’être sur un karaoké en fait, c’est ça.
LFB : Et du coup, vous êtes dans le panier du Chantier des Francos. Qu’est-ce que tout ça vous a apporté, l’expérience du Chantier ?
Arthur : Pour le moment, on a eu deux choses. Des rendez-vous professionnels avec des milieux de la musique, genre la SACEM, des tables rondes pour parler de l’image, de la communication. Donc ça c’est toujours intéressant, on apprend plein de choses. On est des groupes émergents, tous ceux qui participent aux Chantiers des Francos, on a plein de choses à apprendre. C’est super chouette pour ça. Et puis après il y a la résidence qu’on a déjà faite cette année et qui s’est super bien passée et qui nous a vraiment débloqué des trucs pour le live en fait.
Joseph : On a travaillé avec Mademoiselle K. Elle nous a coachés sur la présence, le placement des instruments…
Arthur : Mais oui, on a toujours plein de choses à apprendre quoi. Nous notre domaine, à la base, c’est de faire de la musique dans notre chambre. Et en fait on découvre que quand on veut se professionnaliser, il y a plein de choses autour de ça qu’il faut maîtriser aussi un minimum.
LFB : En parlant de faire de la musique dans votre chambre, vous êtes de Rennes et vous êtes toujours à Rennes. Quel avantage et quelle limitation vous voyez justement à vouloir rester à Rennes pour développer un projet comme le vôtre ?
Arthur : Moi je ne vois qu’un seul avantage, c’est de pouvoir faire de la musique dans ma chambre. (rire) Avec plein de synthés. On s’est beaucoup posé la question de venir à Paris, et la question reste encore ouverte, peut-être qu’un jour on se décidera. Il y a quand même un certain confort à rester chez nous dans un appart’ où on a une pièce dans laquelle on peut faire de la musique. Et puis en fait, on n’est pas loin de Paris, et on peut venir quand il y a des rendez-vous.
LFB : J’ai une dernière question. Si vous aviez trois ou quatre films ou albums à rapprocher de l’univers de Bellboy et qui ont eu une importance sur le projet Opéra ?
Joseph : Je ne vais pas être très original, mais Le Roi et l’Oiseau.
Arthur : Oui c’est vrai, Le Roi et l’Oiseau. En album, il y a 10000 Hz Legend de Air qu’on a beaucoup écouté pendant un moment. (réfléchit longuement) J’aimerais trouver un truc d’un peu moins inattendu (rire).
Joseph : C’est vrai qu’il faudrait qu’on renouvelle notre discothèque.
LFB : Moi j’ai beaucoup pensé à du Miyazaki ou à Hisaichi.
Arthur : Mais ça oui. Je réfléchissais à trouver un truc plus marrant mais des choses qui sont vraiment liées à ça, non…
Joseph : Ah si, après y’a tout un imaginaire qu’on avait en tête quand on a fait l’album, c’est toute l’œuvre de Moebius.
Arthur : Il y a Akira aussi.
Joseph : Une espèce de grande fresque.
Arthur : En tout cas, on a été un peu inspirés par tous les trucs qui nous semblaient très romantiques et très puissants.
Joseph : Il y avait aussi Sailor et Lula.
Arthur : Oui. Pour moi Akira ça rentre dedans aussi, avec des personnages assez forts.
LFB : Je ne sais pas si vous l’avez vu Paprika ? Parce qu’il marche aussi dans l’explosion de l’imaginaire.
Joseph : Oui carrément ! Moi je suis trop fan. Miyazaki beaucoup aussi, mais c’est quelque chose qu’on a plus digéré je pense. On n’y va pas directement en y pensant quoi.
Arthur C’est vrai que des références à Miyazaki directement…
Joseph : Parce que Paprika on peut y penser quand on y réfléchit, mais Miyazaki c’est comme si c’était au fond, quelque part, mais c’est plus inconscient.
Arthur : Mais comme une sorte de constante en fait. Notamment dans le rapport à l’enfance.
LFB : Oui c’est plus digéré comme tu dis, ça fait partie de l’ADN limite. Mais du coup lesquels de Miyazaki ? Parce qu’on a tous notre Miyazaki préféré…
Joseph : On n’a pas le même.
Arthur : Non, toi c’est Totoro. Moi c’est Chihiro.
LFB : Moi c’est Porco Rosso.
Arthur : Il faut que je le revoie d’ailleurs ! Je m’en rappelle mal de Porco Rosso.
LFB : Moi c’est mon film d’enfance, vraiment. En VF avec la voix de Jean Reno.