ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Il vient de dévoiler Vu D’ici, un nouvel album ainsi qu’un livre, Ben Lupus passe sur La Face B pour nous raconter son ADN musical.
Silver Jews – Pretty Eyes
Une de mes chansons préférées de mon groupe préféré. Mon plus grand regret musical ce sera sans doute de n’avoir jamais rien fait avec David Berman, alors qu’il en était question avec mon groupe Coming Soon, on était en contact et il y a eu plusieurs opportunités manquées…
Je me rappelle qu’au moment de sa mort Bill Callahan avait tweeté un truc du genre « the world will always be a David Berman lyric » – ça m’a marqué parce que c’est exactement ça la magie du songwriting, et une fois qu’on a vu le monde au travers d’une chanson des Silver Jews, il est différent, pour toujours. Je trouve que c’est particulièrement tangible avec celle-ci.
Rodrigo Amarante – Mon nom
J’ai vu Rodrigo Amarante en concert en première partie d’Adam Green à la maroquinerie en 2014. Il était tout seul avec sa guitare, le concert n’était pas prévu : la première partie avait annulé et, au dernier moment, il l’avait remplacée.
Je ne le connaissais pas avant ça, c’était hyper simple, hyper modeste et en même temps un des trucs les plus classes que j’ai jamais vus. Je pense sincèrement que ça a changé ma vie, même si je ne m’en suis pas rendu compte sur le moment.
Et notamment avec cette chanson en français, chantée par quelqu’un dont ce n’est pas la langue : ça a créé pour moi un décalage qui m’a fait repenser mon rapport à ma langue maternelle et à sa musicalité, alors même que depuis que j’avais commencé à écrire des chansons, je l’avais toujours fait en anglais.
Ça a pris du temps à mûrir, parce que j’ai sorti mes premières chansons en français l’année dernière seulement… mais en un sens c’est parti de là.
James Holden – A circle inside a circle inside
Quand je l’ai découvert , cet album de James Holden m’a appris une nouvelle façon de fabriquer de la musique, il m’a mis sur une voie que je crois toujours suivre aujourd’hui- quelque chose de cet ordre-là.
En terme de production c’est magistral, sans jamais être démonstratif : ça reste du bricolage, mais du bricolage touché par la grâce. Il y a une dimension clairement spirituelle aussi, qui me touche tout particulièrement.
Mount Eerie – In the bat’s mouth
Bizarrement j’ai découvert Mount Eerie assez tardivement, alors que Phil Elverum se situe vraiment pile poil au centre de mes refs musicales et que, en terme de probabilité, j’aurais du le croiser avant. Et ça a été le truc le plus important pour moi ces dernières années – et un gros levier dans mon retour à la chanson après une longue période presque exclusivement instrumentale et électronique.
Et un peu comme James Holden, ça m’a fait repenser beaucoup de choses de l’ordre de la confection. Je trouve la cohérence de son œuvre, et la façon dont il l’incarne, super inspirante.
Difficile de choisir un morceau en particulier, mais dans l’arrangement de celui-ci il y a des choses qui font écho à ce que j’ai essayé de faire sur mon nouvel ep.
Areski – La Dérive
Il fallait quand même que je mette un chanteur français 🙂
J’adore la chanson française, mais je n’ai pas de saint patron évident, comme par exemple Leonard Cohen pour l’anglais, et puisqu’on parle d’ADN, j’avoue que c’est pas toujours facile pour moi de repérer une filiation. À défaut de saint patron donc, j’adore ce titre d’Areski.
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