Le groupe Franco-Uruguayen Berling Berlin est l’un des plus prometteurs de la scène rock actuelle. A coup de riffs de guitars post punk ultra mélodiques associés à des rythmiques électro ultra accrocheuses. Après deux EP, les voilà franchir le grant saut en sortant leur tout premier album First Emotions of the Century. On a eu l’occasion de discuter couleur bleu, amour, et tapas avec les quatre membres du groupe.
LFB: Hello les Berling Berlin! Comment allez-vous ?
Berling Berlin : Impeccable !
LFB : Là, on se revoit pour une occasion toute particulière. La sortie de votre tout premier album ! Qu’est ce que ça change par rapport aux précédents EP ?
Max : Et bien là c’est un an de travail… Un an de travail sur les compos, plus tout le travail afin d’accompagner cet album que l’on n’avait pas envisagé sur les précédents EP.
Quentin : Oui on a bossé différemment, on a fait rentrer plus de monde dans l’équipe : Layla, notre directrice artistique, Cécile qui est notre manageuse en plus de s’occuper des RP… On a créé une association pour se développer davantage et continuer nos projets. On pense déjà à la suite !
LFB : First Emotions of The Century, c’est un titre extrêmement fort. Surtout associé à un visuel qui évoque forcément The Falling Man du 11 septembre.
Quentin : Bien vu !
LFB : Pouvez-vous nous expliquer un peu le contexte ?
Hugo : Alors qu’on recherchait un titre, on s’est rendu compte à quel point les émotions sont au centre de nos textes. Panic, Hesitation… Elles sont même dans les titres. Nous sommes la dernière génération née au XXème siècle, et en discutant beaucoup entre nous, nous nous sommes rendu compte que le 11 septembre était le premier souvenir impactant du XXIème siècle que l’on avait. Notre première émotion concrète. Nous sommes donc partis sur un titre et un visuel qui rappel cette émotion commune.
Max : Nous nous sommes aussi rendu compte que notre musique produisait une sensation de vide, de grand espace, presque de chute…
Quentin : Cette vision est notre premier ancrage dans la réalité. C’est pas juste « La vie c’est dur putain », mais c’est extrêmement grave ce qui se passe. Je me souviens qu’a l’époque ils avaient tout coupé à la télé, des bandeaux Breaking News passaient sous les programmes de Ma sorcière bien aimée etc… On entendait des choses horribles partout. Mais il ne faut pas se concentrer sur le 11 septembre, c’est une image avant tout. Celle d’une nostalgie, d’un vide, des grands espaces, d’une chute en avant…
Max : On vit dans une époque très nostalgique. On souhaitait mettre tout ça dans l’album afin de se libérer et pouvoir avancer.
LFB : Et vous, quelles émotions vous aimeriez transmettre avec cet album ?
Hugo: On vit une drôle de période… On essaye de retranscrire tout ce que l’on vit en ce moment.
LFB : A notre dernière interview vous aviez dit à moitié en rigolant que 90% de vos chansons parlaient d’amour. Cette fois ci, cet album parle de quoi ?
Quentin : Wowowooo je t’arrêtes tout de suite ! (rires) Non, on parle toujours d’amour…
Juan : C’est le sujet éternel… Tant qu’il restera des humains, on parlera toujours d’amour…
LFB : Le bleu est définitivement votre couleur. Qu’est-ce qu’elle vous inspire ?
Quentin : Il nous a adopté je pense…
Juan : Il représente la mélancolie, mais aussi la vie nocturne.
Max : On est très noctambule mine de rien…
LFB : Sans blagues.
Juan : On est très club, comme dans Hesitation…
LFB : Vous débutez votre album avec In Foreign Land, introduite par une rythmique très électro Massive Attack, dans une ambiance aussi pesante que vaporeuse.
Hugo : Yeeeeeess !
LFB : C’est le premier grand changement dans cet album, il est plus électronique que jamais. Vous en aviez marre d’être comparé à Interpol ?
Berling Berlin : Totalement, ouais.
Max : Il y a ça, et puis l’acquisition de nouveau matos cette année. Dès qu’on a commencé à s’en servir, on a expérimenté.
Hugo : C’est un grand tout ! Ces nouveaux instruments, et aussi notre ami Paul Escoffier qui a fait notre son sur cet album et nous a permis de nous exprimer plus largement qu’avant. Il avait les outils pour, les références.
Quentin : C’est une passion commune l’électro. Juan mixait pas mal en Uruguay, Hugo a du matos aussi et on se tape des délires ensemble en DJ set. On s’éclate à de grosses soirées à Fontenay sous-bois. On a voulu incorporer ça dans notre son. Pas pour se différencier d’Interpol, on n’a jamais été en compétition avec eux. Mais qu’est ce que c’est Berling Berlin ? C’est très rock, très post punk, mais aussi une grosse touche d’électro que l’on voulait rajouter dans notre son.
LFB : Pourtant, vous conservez aussi ce qui fait toute votre patte. Des arpèges de guitares très claires, accompagnant une voix nonchalante, avant des refrains très puissants. Comment vous vous définiriez votre style ?
Max : Une base post punk, nourrie à l’électro.
Quentin : Par contre, on a toujours un petit côté pop ! Un truc dance qui parle aux gens mais pas niais. Je pense que ce côté pop, c’est le seul truc qu’on a gardé depuis le début.
LFB : Pour moi la réunification parfaite de votre essence et de vos nouvelles inspirations électroniques c’est Hesitation. Il est génial.
Quentin : C’est vrai ?
Juan : C’est effectivement une chanson qui marque une rupture. L’harmonie est basée sur le synthé de Max. C’est quelque chose d’inédit, qui est sorti de nulle part ! On jammait en repet et Max a sorti ce son. On a tout composé dans la foulée. C’est nouveau, ça fait danser, et c’est une vraie rupture par rapport à ce qu’on faisait avant.
LFB : Vous composez toujours vos sons en jam ?
Juan : A partir de cet album là ! Hormis quelques chansons, on a composé en groupe, dans notre studio. Les paroles, la structure, c’est un travail à part, mais le gros du travail a été réalisé par nous tous.
Max : A partir du moment où l’on a commencé à avoir un rythme régulier, des automatismes ont commencé à se créer alors que ça faisait déjà 4 ans que l’on jouait ensemble. Grâce à ça, en dix secondes, on se rejoignait et ça sonnait. C’était fluide immédiatement.
Quentin : On était tous les trois sans Juan, il fumait à l’étage, et il est redescendu précipitamment : « ça c’est bien ! » On avait été touché par la grâce. (rires)
Juan : Avant, soit Quentin soit moi commencions une démo avant de la faire écouter au groupe. A partir du deuxième confinement de décembre 2020, on a trouvé cette nouvelle façon de composer.
LFB : Hard Working Club fait un peu figure d’ovni dans cet album. Plus joyeux, voir un peu disco, mais ultra sarcastique. Des titres plus dansants pour la suite ?
Quentin : Ah ? Tu trouves qu’il fait ovni ? Il y a Hesitation qui est aussi assez dansant !
Juan : Je dirais que Hard Working Club est un morceau pop.
Quentin : Du pop stoner ! Faut que je dépose ça.
Hugo : Ce morceau est marrant, il y en a eu deux versions. Si tu veux bien voir notre évolution, écoute la version single puis écoute la version de l’album. Il a une vraie évolution dans le processus.
Quentin : Cette chanson a été un casse-tête. On l’enregistrait chez Paul, mais ça ne marchait pas. Paul a pris une gratte et a entamé un riff plus stoner. Un vrai métalleux avec son drop D.
Juan : C’est une chanson du monde d’avant. Avant ce fameux changement de style de composition.
LFB : Keanu Reeves. Vous m’expliquez ?
Quentin : Ah ba c’est un copain, un vrai ami… (NDLR : Son téléphone s’allume) Ah ba tiens, le voilà ! Un petit Congratulations guys !
Max : Obligé d’utiliser Whatsapp, il n’a pas Instagram. (rires) Au moment où le son a été finalisé, il y avait une grosse hype autours de Keanu Reeves et du peu qu’on savait de lui, on s’est vraiment dit que ce mec était génial. Il fallait qu’il soit notre pote. (rires)
Juan : Toujours sympa, humble, une vie exceptionnelle mais dure, et il garde toujours le sourire. On voulait l’inclure dans notre vie. Mais en vrai, la chanson parle pas du tout de lui. On l’aime bien !
Max : On revient sur notre connexion nostalgique. Un acteur avec qui on a grandi. Peut être que pour le deuxième album on va réitérer ça avec un autre acteur !
Quentin : Jean Paul Rouve.
LFB : Tout comme dans vos précédents EP, vous vous plaisez à mélanger les langues. L’anglais bien sûr, mais aussi le français avec Un signe de Toi ou l’espagnol avec Adios. C’est un moyen de vous reconnecter à vos origines ?
Quentin : ça ne bougera pas ça ! C’est notre plus-value, ça fait parti de nous. L’anglais c’est la langue parfaite pour chanter le rock, le français puisqu’on est français, enfin t’inquiète Juan t’auras aussi un jour tes papiers, et l’espagnol parce que l’on a tous un rapport très particulier avec l’Espagne. Nos origines, notre vie…
Juan : Eu le monde hispanique ! Parce que moi l’Espagne, rien à voir avec… (rires)
Quentin : Les patatas bravas tu connais ! Les tapas…
Hugo : Excellente défense cher Quentin.
LFB : Quel est le titre dont vous êtes le plus fière ?
Berling Berlin : Hesitation !
Max : On a réussi à condenser une structure techno en gardant le rock. C’est assez particulier et c’est venu assez naturellement.
Juan : Je suis lié à tous, mais le titre pour lequel je me suis le plus investi techniquement c’est Rules. Chaque mot est placé et a une intention précise.
Quentin : C’est très poétique en anglais ! Dans l’ordre d’un I Love You de Fontaines D.C.
Juan : Oui, ils nous inspirent beaucoup en général. J’ai trouvé les mots.
Max : Tu es arrivé avec les paroles, et c’est la première fois où tu es arrivé en mode « franchement les gars je suis fier. »
Juan : Plus que ça, j’étais assouvi.
Quentin : Ce morceau n’aurait même pas dû être sur l’album. On l’avait fait une fois en jam, Juan a tout décortiqué, parce que oui il enregistre les 4 heures de repet, et a bossé à fond dessus.
Max : C’est un format très long, 7 minutes, un format que l’on entend plus beaucoup. Surtout avec autant de parties différentes.
LFB : Quel est celui qui va le plus surprendre ?
Hugo : Ah ba Rules je pense, à cause de ce format. In Foreign Land aussi est surprenante ou Adios…
Max : Les unes entre les autres sont surprenantes ! On ne s’attend pas forcément à celles qui vont suivre.
Quentin : Moi je dirais R.O.S.I !
LFB : D’ailleurs c’est qui ?
Berling Berlin : (rires)
Juan : Une femme qui n’est plus de ce monde… (rires)
Max : J’avais enregistré R.O.S.I en 2017 et il me fallait trouver un nom. J’étais tranquille dans la voiture, avant d’avoir mon regard attiré par un le pare-soleil de la voiture. Et là je vois Risque Of Serious Injuries. Et ba voilà !!!! C’est un titre (rires)
LFB : Comment vous qualifieriez votre album en trois mots ?
Quentin : Contemporain, Cinématographique, Dance (ou Yo Gi Oh)
Juan : Res Ipsa loquitur (l’album parle de lui-même)
Berling Berlin : Wooooo … !
LFB : Pour vos clips, vous collaborez principalement avec Felix Hureau Parreira. Comment est ce qu’il retranscrit votre identité visuellement ?
Quentin : En effet, on a beaucoup collaboré avec lui ! Mais maintenant nous faisons aussi appel à d’autres.
Max : Il est très fort pour exprimer notre univers ! C’est un bon copain, il nous connait et il aime ce qu’on fait.
Hugo : Il est très instinctif, il exprime parfaitement son ressenti à l’image !
LFB : De nouveaux clips bientôt ?
Quentin : On est en plein dedans !
Max : Notre dernier single In Foreign Land va avoir un clip réalisé par un autre réalisateur. Une partie court métrage, qui permet de prendre une autre direction.
Quentin : Sur Pornhub.
LFB : Et niveau concerts pour écouter l’album en live, on vous retrouve où ?
Quentin : Le 23 avril on va voir les copaings de la Belgique, le 29 avril à Flers en Normandie, à Gap le 13 mai puis à Lyon le 14 mai. Le 15 mai à Chambéry et le 4 juin on termine au festival Papillons de Nuit avec Bandit Bandit, MNNQNS, Angèle et Royal Blood.
LFB : Merveilleux !
Quentin : And if Fontaines D.C. is looking for a band to do the first gig, just call us (rires)
LFB: Merci les gars!