Brique Argent : « j’ai l’envie de m’ouvrir au public le plus large possible »

Quelques mois après notre dernière rencontre, c’est quasiment au même endroit qu’on retrouvait Brique Argent en ce début d’année. Ce soir-là, Corentin venait présenter son premier EP, Meeting, à La Boule Noire. On s’est posé avec lui pour parler de ce promet intime et radical ainsi que du superbe court métrage qui l’accompagne.

La Face B : Comment tu te sens avec ton premier Meeting parisien ce soir ?

Brique Argent : Eh oui c’est incroyable ! c’est fou ça va être mes premières headline où je ne me cache pas derrière le public d’un autre artiste. Les gens qui vont venir pour moi et aussi pour les premières parties. Mais oui j’ai trop hâte, là je l’ai fait hier à la maison à Saint-Etienne et la bah c’est un peu la maison de la musique, la maison des professionnels, des médias, et pleins de copains à Paris donc c’est cool de faire ça là. Donc je suis content, heureux, tout roule à merveille.

LFB : On s’est déjà vu il y a 3 mois, tu commençais à préparer la sortie de Meeting qui est sorti au début du mois, si je te dis que pour moi Meeting c’est à la fois un roman sonore, une expérience radicale et une grosse aventure intime est-ce que ce sont des idées qui te conviennent ?

Brique Argent : Ah ouais là tu dis les mots clés qui me plaisent. T’as dit roman sonore c’était grave l’idée, l’idée c’était de faire un disque qui s’enchaîne, qui ne s’arrête pas, avec un début un milieu une fin, qu’il y ait une histoire à raconter. L’histoire du meeting, l’histoire de Brique Argent, un peu l’histoire de Corentin l’humain, qui est derrière Brique Argent, moi-même finalement.

Expérience radicale oui on peut dire ça parce que voilà ce n’est pas un truc un morceau ça s’arrête, le deuxième, je me suis beaucoup inspiré de personnes comme Laylow qui lui propose des choses comme ça. Là tu vois le même jour que la sortie du disque il y a Lala&ce qui a sorti son disque et je suis refait parce que je suis fan de fou j’étais comme un dingue. Et là pareil elle sur son disque il y a toute une DA, genre avant elle raconte toute une histoire sur les réseaux il y avait tout un truc… donc je m’inspire de ces gens-là, du théâtre aussi comme on en parlait la dernière fois, donc ouais voilà l’idée c’était de faire des chansons cools pour les gens qu’ils puissent passer un bon moment à écouter la musique mais aussi de raconter une histoire, celle du Meeting.

LFB : Je parlais d’une œuvre intime parce que le premier morceau qui s’appelle Regarde moi j’ai l’impression que c’est un morceau d’introduction où tu invites les gens à se mettre à ta place et à regarder les choses à travers ce que tu es et qui permet après sur l’EP de déconstruire un peu ce qu’est Brique Argent.

Brique Argent : Bah ouais ouais c’est vrai que cette première chanson c’est clairement une invitation. C’est essayer de tenter quoi qu’il arrive de vous mettre un peu dans mon cerveau, de regarder avec mes yeux et d’essayer de suivre mon délire et en fait derrière effectivement ce Meeting je me rends compte qu’il m’effraie, que tout ce que j’ai construit dans ma tête depuis que j’ai 14 piges bah hmmm je sais pas.

En fait les fantasmes des fois tu as l’idée dans ta tête et quand tu les réalises t’es en mode « ah oui pour moi ça brillait plus j’étais plus heureux que ça là-dedans ». Et là il y a le moment où je le déconstruis, je creuse dans le sol et je décide de me barrer de toute cette DA que j’ai construit depuis les débuts de Brique Argent et là en fait je me retrouve dans les abysses et c’est presque Corentin qui se retrouve dans les abysses et donc ouais c’est intime parce que je parle de moi.

LFB : Ce qui est intéressant c’est que j’ai l’impression que le dernier morceau de l’EP c’est plus, c’est même pas la fin, parce que la fin se trouve vraiment dans ce morceau là et que c’est plus un second chapitre dans la totalité et c’est une ouverture sur quelque chose de complètement différent.

Brique Argent : Ouais clairement. Ouais on a voulu, j’avais trop envie de faire un morceau un peu long tu vois et terminer comme ça, l’idée c’était sur ce morceau on prend le temps, on prend le temps et moi j’ai vraiment pris le temps aussi de poser les mots, genre il y a des mots forts il y a des « adieu » ; « laissez-moi laissez-moi laissez-moi » et il y a cette idée d’abandon, laissez moi dans les abysses, je suis très bien tout seul, j’ai besoin de personne, mais sauf qu’en fait il y a une fin qui est un peu épique qui amène vers une suite, vers autre chose. Qu’est-ce que ce sera ? On en sait rien. Enfin si moi je le sais parce que je suis déjà dessus mais ouais il y a clairement une ouverture.

LFB : On en parlait déjà la dernière fois, j’ai l’impression que l’EP fait quoi 22-23min, sur 20min tu descends tu descends tu descends et sur les 3 min de la fin tu remontes brutalement et tu te retrouves un peu perdu mais aussi dans l’attente de ce que tu as à offrir sur ce qui va arriver après.

Brique Argent :Oui bien évidemment ça ouvre sur quelque chose et effectivement sur la suite on sera probablement un peu éloigné de ce fantasme de tuning, de bling bling.

Les fantasmes ont été réalisés, c’était ouf, même moi en tant que Corentin les tournages la des courts métrages, on a recréé des meetings c’était dingue. Donc oui la suite raconte autre chose, la suite me raconte un peu moi perdu dans tout ce merdier que sont les fonds marins. La suite est plus centrée autour de l’humain, sur le concret et le présent plus que ce que j’ai dans la tête et le futur.

Brique Argent la boule noire

LFB : En fait tu parles de fonds marins mais c’est l’inverse que tu fais en fait, tu sors de ton sous-marin.

Brique Argent : Il y a un peu cette image-là, sauf que dans la vie je me dis toujours il y a des fois où les humains je n’en peux plus il faut que je me retrouve seul, et je me dis putain je serais tellement bien au fond de l’eau.

Tu sais quand j’allais à la piscine plus jeune, j’étais fasciné quand je me mettais au fond de l’eau ah ! c’est trop bien, il y a tout qui s’arrête, il y a le bourdonnement, tu n’entends plus rien… et je restais au fond de l’eau.

Sauf qu’à un moment donné tu ne peux plus respirer donc tu es obligé de remonter et il y a cette idée de qu’est-ce que ce serait bien de rester longtemps au fond de l’eau tout seul avec soi même loin de tout.

LFB : J’ai l’impression qu’avec Meeting tu as créé une bulle. Il y a un truc super important sur cet EP, de très cinématographique au final, c’est qu’il y a un vrai sound design, il y a une vraie recherche de cohérence et même si les morceaux sont très différents et que les émotions sont très différentes, il y a un truc dans les pauses, les transitions, qui fait que il y a une unité de corps dans ces morceaux en fait.

Brique Argent : Ouais de toute façon moi j’aime trop faire pleins de trucs différents, je ne suis pas sur un style, j’aime trop faire des morceaux différents, genre de la pop premier degré et à côté j’aime bien faire des morceaux un peu trash un peu violents, d’autres moments plus calmes, tout piano-voix mais du coup si tu les cales comme ça morceau par morceau par morceau tu peux vite être déstabilisé et moi j’ai quand même une envie, c’est de m’ouvrir si je peux à un public le plus large possible pour être une giga star (rires)

L’idée de les relier c’est aussi ça, et aussi raconter une histoire et j’aime trop ça. Et c’est pour ça aussi qu’on a fait ce court-métrage, pour mettre des images sur tout ça et vraiment faire comprendre aux gens qu’il y a une démarche derrière la musique.

Le cinéma, même si je n’y connais pas grand-chose au cinéma et au théâtre, ce sont encore que des fantasmes, et il y a cette envie de théâtre, de cinéma, de raconter des trucs et les bruits de la vie tu vois. Si on écoute il y a des milliards de trucs, rien que les gens qui passent derrière toi et tout, la canette, et j’aime trop quand on les entend, sans image on peut se raconter des trucs de fou, et j’ai des chansons qui racontent des trucs … Ce que j’aime dans les bruits comme ça c’est qu’on peut raconter tout ce qu’on veut.

LFB : Ce qu’il y a de fou c’est que la majorité des morceaux sont quand même hyper brefs et malgré le fait du temps réduit il se passe énormément de choses dans chaque morceau.

Brique Argent : Oui avec toutes les transitions je pense qu’on passe par pleins d’états différents et je pense que quand on arrive à la fin du disque, presque, on s’est pris tellement d’infos différentes qu’on a du mal à se souvenir du début. Je suis resté sur la fin, en plus la dernière dure 6min. C’est comme mes concerts en général, les gens ont l’impression que ça n’a pas duré longtemps et je leur dis ça a duré tant et ils sont en mode « ah ouais d’accord ». Il y a ce truc quand il y a plein d’infos bah tout passe plus vite j’ai l’impression.

LFB : La vraie question c’est quand tu as créé Meeting, tu as pensé à le sortir en un seul morceau ? Sortir un morceau de 20 minutes ?

Brique Argent : Ah ! Et bah oui, en fait j’ai commencé par là, moi. Il y a 5 ans quand je faisais mes EPs pour Brique Argent en skred, je faisais que des trucs de 20 min, c’était 1 titre avec genre 5 morceaux mais tout était méga relié, sauf que bah ça c’est invendable. Et moi-même je n’ai même pas la détermination, surtout si je ne connais pas l’artiste, je ne suis pas assez curieux je pense pour me taper 20min d’un artiste sauf si on me dit vas-y vas l’écouter va te prendre ta claque, va l’écouter mets toi dans le noir dans ton lit, je le ferai peut-être tu vois

Brique Argent la boule noire

LFB : Je le dis souvent mais là c’est encore plus évident parce que il y a la narration et tu es à la fois musicien, acteur, narrateur. Pour moi c’est un truc qui s’écoute dans son entièreté et qui ne peut se vivre que dans son entièreté.

Brique Argent :C’est vrai, ça je me le souhaite et je serais trop heureux d’apprendre que les gens qui écoutent Brique Argent se mettent le disque d’affilé et qu’ils ont leur petit endroit où ils se mettent dans le noir, ou dans le métro et qu’ils savent qu’ils ont 22min de métro et qu’ils se mettent dans l’ambiance du truc. Mais après tu vois je sais que j’ai plein de gens… celle qui marche le mieux c’est Que du Chrome qui va être le plus pop et je sais que pleins de gens se l’écoutent et pensent que celle-là ils là kiffent, et elle est un peu format donc c’est agréable pour les gens je pense.

LFB : Si je te dis ça c’est parce que moi je l’ai réécouté hier soir et j’ai l’impression qu’en fait Meeting c’est un lieu qui nous effraie autant qu’il nous émerveille dans ce que tu racontes.

Brique Argent : Ouais ouais je comprends. Déjà on parlait du Sound design, il y a beaucoup de bruits qui sont un peu effrayants, je vais aller chercher un peu des trucs de films d’horreur, où il y a des fois des monstres qui s’approchent proche des oreilles puis qui repartent, et le moment de la chute où on tombe et dans le sound design on s’est fait chier des fois on tombe dans des draps, on se retrouve dans mon lit, puis on tombe dans l’eau puis, c’est des trucs qui sont wouh ! et puis en même temps il y a des moments où pfff… on entend les oiseaux, les papillons, le bruit et derrière il y a un tout petit morceau…

LFB : Et il y a le piano qui est très présent…

Brique Argent : Il y a le piano qui est très présent et c’est hyper important. C’est Francis, le petit frère de Fils Cara, qui fait les pianos sur le projet… il est trop fort ce mec ce n’est pas normal ! Il est trop bon pianiste. Du coup oui ça me rend heureux si les gens l’écoutent comme ça d’affilé, qu’ils se prennent le truc, l’histoire, c’est l’objectif.

Mais je sais, j’ai conscience, et moi-même souvent quand j’écoute de la musique c’est ma playlist et dans ma playlist j’ai pleins de morceaux pleins de bangers et j’enchaine les bangers et je rentre pas trop dans l’histoire des artistes juste j’enchaine les bangers et je m’ambiance. Donc moi-même en étant auditeur je sais que c’est une démarche quand même d’écouter un disque et je comprends et je conçois qu’on ne le fasse pas toujours mais du coup quand les gens me disent qu’ils se sont pris le disque comme ça d’affilé ça me réjouit. Je suis trop heureux. Et en plus là tu cernes tellement bien les choses c’est zinzin ça fait trop plaisir !

LFB : Du coup puisqu’on parle d’histoire, il faut quand même qu’on parle du court-métrage. Est-ce que cette idée là de court-métrage, elle t’es venue dès le début de la création, est-ce que la création des deux a été liée et est-ce que les deux ont été influencés l’un l’autre, parce que tu disais t’as des bruits de draps t’as des bruits de l’eau et c’est des choses qui sont en fait utilisées dans le court-métrage, qui ont une répercussion et une utilisation dans le court-métrage ?

Brique Argent : Avant de faire le disque,c’était le court-métrage. J’avais les images du court-métrage dans la tête et je leur ai raconté toute cette histoire et ensuite on a composé le disque avec toute cette histoire. Il y avait déjà le moment où je tombe, je creuse, le meeting, la chute, il y avait déjà tout tu vois, avant de le composer. Et du coup en fait on l’a composé et ensuite quand on était en milieu de composition, on était dans les arrangements du disque et on a attaqué le court-métrage enfin les discussions, ou moi j’ai appelé les reals et tout, et c’est pour ça que ça s’est hyper bien compléter et que le disque marche bien parce que les deux images …

LFB : Ce qu’il y a cool je trouve c’est que tu as sorti le court-métrage et les clips, et j’ai l’impression que les clips sont un peu des scènes coupées du court-métrage parce qu’il y a des scènes un peu rallongées. En fait je trouve que le court-métrage ce n’est pas un outil promotionnel pour les morceaux. Les morceaux se transforment en bande originale, sont cuttés, et sont utilisés de manière complètement différentes…

Brique Argent : Oui oui c’est ça et tu vois on a même, on a vraiment les 2 clips, on les a pas tourné en mode « on fait un court-métrage et derrière on va essayer de choper 2 clips », on a vraiment réfléchi à 2 clips. On a fait un jour pour tourner un premier clip, un deuxième jour pour tourner le deuxième clip et ensuite trois jours pour tourner le court-métrage.

On a tout fait comme ça par étapes. Et du coup ce qui fait que on peut se prendre les 2 clips et derrière redécouvrir le court-métrage, parce qu’il y a des petits passages, j’avais trop envie de faire un truc ou il y a des petits passages de chaque musique et qui raconte vraiment le disque, et quand on écoute le disque on peut se rappeler le court-métrage et avoir les images… Donc ouais tout a été un peu fait ensemble.

LFB : Comment ça s’est passé le travail avec Thomas Leloup  ?

Brique Argent : Il m’avait découvert aux Inouïs et derrière il m’avait envoyé un message « bah écoute frérot si t’as besoin d’un coup de main pour de la vidéo j’ai trop kiffé ton projet hésite pas » et du coup c’est après les Inouïs j’ai vu pas mal de gens, de photographes, de pleins de métiers dans la vidéo, la photo, des gens qui m’avaient envoyé des messages … Et j’avais recontacté Thomas, il était trop chaud du projet du court-métrage et du coup on a fait tout ça avec Élise Meunier, qui elle avait fait tous mes clips avant, et ils se sont un peu mis ensemble et c’était une méga team, et c’est un truc qui n’a pas couté grand-chose…

En fait la première fois que j’ai appelé Thomas il m’a dit c’est quoi le budget, je lui ai donné le budget et il m’a répondu « ah ouais mais si tu veux faire ce que tu me dis il faut faire fois 10 » genre vraiment c’était abusé. Et du coup il m’a dit « allez j’aime bien les défis let’s go » et j’ai eu la chance de travailler avec des gens aussi cools et bienveillants parce que personne ne s’est payé, on avait une équipe de 15 personnes, autant on avait des caméras cinéma, on avait 3 personnes à l’électricité, autres trucs, déco machin, des gens qui étaient la juste pour régler la focale j’étais la wow, et c’est que des gens qui ont juste trop kiffé le projet…

Bon moi ça me met en PLS hein ça fait 3 ans je me dis quand est-ce qu’on va débloquer des thunes pour que j’arrête de … moi ça me met dans des situations je déteste ça, j’ai envie de rémunérer les gens tu vois, qu’ils soient payés tu vois bon même si moi j’ai pas gagné un centime sur ce que j’ai fait depuis le début de ma musique tu vois et c’est mon projet mais pour les gens c’est chiant genre là il y a toute une équipe, il y a un gars qui me suit à la vidéo depuis hier, que des gens qui sont pas payés et moi après je suis en pls de leur demander des trucs tu vois, s’ils sont payés ça me dérange pas de leur envoyer des messages derrière « tu penseras à faire ça et ça et ça » mais quand ils sont pas payés je suis en pls et je du coup je dis rien.

LFB : J’ai une question bizarre à te poser, est-ce qu’il y a un petit côté Fight Club dans le court-métrage ? Parce que moi la façon dont je l’ai vu, l’histoire c’est un peu d’accepter son démon intérieur ?

Brique Argent : Ouais il y a un peu de ça. Bon j’ai jamais vu Fight Club…

LFB : Bon spoiler c’est un schizophrène en fait tu vois, le personnage qui le suit partout c’est lui…

Brique Argent :Ouais exactement, c’était un peu l’idée. Tu vois ce n’est pas l’idée que j’avais à la base, et quand j’ai expliqué toute mon idée de court métrage, Thomas a voulu y rajouter un peu de profondeur et c’est lui qui a créé ce personnage, cet alter ego et c’est génial ! Et effectivement oui c’est la personne avec qui je me bats et quand tout va bien pour moi il est là il me fait des câlins sauf qu’il y a plein de fois où il est contre moi, il veut que je fasse des bêtises, que je fasse des conneries, il me pousse à …

LFB : Il t’attache à une bagnole…

Brique Argent : Il m’attache à une bagnole, il me met sous tension, il me dit que ça va mal, et il est tout le temps à me remettre en question. Mais c’est aussi l’image qu’il représente c’est aussi un peu la déconstruction, quand on essaie de se déconstruire tu sais en tant qu’homme, tu vois, on a quand même beaucoup de taf et ce n’est jamais fini même jusqu’à notre mort parce que tu vois, on a trop de retard frérot

Mais oui ce que je disais c’est que ce personnage c’est un peu l’image de ce que peut être la déconstruction, en même temps après se dire ça est-ce que ça ça fait partie de ma personnalité, ça est-ce que je peux le gommer, ça est-ce que c’est un défaut qui fait partie de moi, est-ce que j’ai grandi avec, les parents, l’école, le monde qui me l’a construit et du coup je peux l’effacer, et du coup il y a un peu tout ça je pense, ce personnage il raconte un peu ça aussi, ce petit combat de putain il y a du travail, il y a du taf en vrai !

LFB : Pour moi il y a trois phrases qui m’ont marqué, et qui s’enchainent parfaitement et qui racontent un peu l’histoire : la première phrase que tu dis dans la chanson c’est « Si tu veux voir mon monde à travers mes yeux regarde-moi » , il y a une phrase dans le court métrage hyper importante où le démon te dit « c’est en se haïssant soi-même que l’on apprend qui on est » et il y a la phrase de fin qui est « Laissez-moi revenir » …

Brique Argent :Oui c’est vrai, tu as pris trois phrases qui sont effectivement assez intenses. Déjà la première on en a déjà un peu parlé au début, cette histoire de « vas-y essayez de vous mettre à travers mes yeux et de voir un peu ce qu’il se passe dans ma tête vous verrez c’est bizarre ».

Après « c’est en se haïssant soi-même que l’on apprend qui on est » effectivement quand on commence à se poser des questions sur notre façon d’être, de nous comporter, de réfléchir, de tout, et qu’on se revoit au lycée, avec notre groupe de potes, tu sais quand tu retombes sur des trucs, ou des conversations messenger, Oh mon dieu ! tu vois des discussions tu te dis mais je n’ai pas pu dire ça c’est une dinguerie ! mais putain et là tu te dis « oh mais je déteste cette personne » ! Bon c’est dans ces moments-là aussi où tu vois le chemin parcouru tu vois et je suis sûr que dans 3 ans bah je vais revivre le même truc parce que je me serai encore posé d’autres questions, parce qu’il y a des gens qui m’auront mis des tartes parce que, je sais pas je me suis mal exprimé, et j’en sais rien je me serai mis des claques de ah ouais putain OK…

Le « Laissez-moi revenir » en fait la phrase c’est « adieu laissez-moi revenir »…

LFB : En fait c’est « adieu Brique Argent, bonjour Corentin »…

Brique Argent : Alors c’est bien interprété, il y a un peu ça, mais c’est aussi le truc de « laissez-moi tranquille mais putain j’ai besoin de vous en fait ». Il y a ce truc là, ça me fait souvent ça, où quand je suis avec plein de gens j’ai envie d’être tout seul et quand je suis tout seul à la maison et ça fait trois jours que j’ai vu personne je suis en mode « putain j’ai l’impression de plus avoir d’amis, j’ai envie de voir du monde, j’ai envie d’être entouré » …

Cet adieu c’est un peu la fin du disque, la fin de l’histoire, mais en même temps c’est laissez-moi revenir parce que j’ai besoin d’être avec tout ce monde.

LFB : Tu as fait ton premier concert en headliner, tu as commencé à présenter Meeting, comment tu la vis cette rencontre avec les gens qui se fait depuis un an en fait finalement ?

Brique Argent : La rencontre avec les humais elle se fait vraiment en concert. Et comment je la vis ? Bin c’est souvent hyper intense, vu que le concert est très intense derrière tu as des retours qui sont très intenses et du coup ça fait grave du bien. Après moi j’ai un projet qui se développe pas non plus à une allure phénoménale, un projet qui prend son temps, tranquillement, petits pas par petits pas. Et comment je ressens ça ? et bien je suis déjà trop heureux du chemin parcouru là depuis il y a un an c’était quoi, il y a un an c’était les Inouïs,j’avais sorti deux singles, donc ouais en un an il s’est quand même passé des sacrées dingueries…

Je suis un peu passé par toutes les émotions, il y avait des moments où j’étais en mode « wouah mais c’est une dinguerie ce qu’il se passe, ça y est ! » et d’autres moments où j’étais en mode « ah mais en fait là c’est chaud il y a tout qui retombe, j’ai l’impression que putain c’était une page qui vient de se tourner » enfin vraiment tu vois il y a eu plein d’émotions différentes et là je suis en mode là dans le présent, aujourd’hui, trop heureux, trop confiant, je suis pas derrière les chiffres les trucs, je vis mon truc et je fais confiance aussi aux gens avec qui je travaille, mon équipe, mon tourneur, mon manager, et j’essaie de déléguer au maximum mais d’avoir quand même les rennes du truc, mais de faire confiance aux autres et mais non ça va, c’est quand même fou en un an tout ce que j’ai vécu donc non, très heureux !

LFB : Est-ce que à un moment tu te vois laisser de côté le pseudonyme Brique Argent ?

Brique Argent : Si je le fais c’est que le projet sera arrivé au bout de ce qu’il peut faire et enfin en tout cas pour ma part, j’aime bien ce que j’ai construit avec Brique Argent et en fait j’ai envie de pousser le truc jusqu’au bout. Je sais pas encore quelle forme il prendra, est-ce que ça va partir dans un projet un peu plus ouvert, musicalement m’ouvrir un peu plus, faire un peu plus de pop, ou alors couper le projet en deux et en fait Brique Argent il sort des albums un peu cool, un peu mainstream, un peu easy listening, mais quand même toujours Brique Argent, ca restera toujours singulier quoiqu’il arrive. Mais à côté par contre me mettre avec des metteur.se.s en scène, proposer d’autres show différents, un show Brique Argent mais dans des musées avec tout un système de son en 360, des trucs un peu plus expé, un peu plus bizarroïdes. En fait c’est deux trucs , c’est deux branches qui me… j’ai trop envie d’être super pointu dans un truc, à faire des trucs un peu bizarroïdes, expé, et être dans une scène que je kiffe, et en même temps je veux voir les étoiles.

LFB : C’est deux branches qui sont rattachées à Corentin …

Brique Argent : Ouais un peu. Mais du coup est-ce que les deux sont Brique Argent ? est-ce que je peux découper le projet en deux ? ou est-ce que je peux vivre de fou avec Brique Argent ma musique, et du coup faire des grandes salles et avoir les moyens de faire plaisir, et du coup faire profiter à tous ces gens là si je fais des grandes salles bah d’en plus faire des show, de baiser avec des comédiens des comédiennes sur scène et faire des trucs de fou tu vois, ou est-ce que c’est de faire deux trucs dissociés, je sais pas encore mais j’ai envie de faire des grands trucs et des trucs bizarres en même temps !

LFB : Une dernière question qui n’est jamais la plus facile, est-ce que tu as des choses récentes que t’as kiffé ? t’as parlé de Lala&ce tout à l’heure, des films ou des trucs que tu as vus / écoutés dont tu as envie de parler ?

Brique Argent : Alors déjà je conseille de fou l’album, le dernier album qui est sorti le même jour que le mien enfin mon EP, Solstice de Lala&ce, qui est incroyable, moi je m’étais déjà pris les 4 premiers sont qui étaient sortis, Licorne je me l’écoute en boucle , il y avait But qui était sorti, enfin bref écoutez Lala&ce c’est incroyable. En ce moment je ponce l’album Ghosts de Hania Rani, c’est une dinguerie

Et j’ai découvert un album enfin un EP de Barbara Pravi que je ne connaissais pas, je m’étais tellement butté à son album On Enferme Pas les Oiseaux que j’ai écouté que ça et en fait elle a sorti un EP et je me le ponce, c’est l’EP Reviens pour l’Hiver. C’est du Barbara Pravi, c’est magnifique j’ai hâte qu’elle sorte son album.

Et sinon en ce moment je me suis remis dans Desperate Housewives ! Saison 1 je suis reparti, let’s go pour 3 mois de série et je peux toujours conseiller les 4 premiers Fast & Furious, on peut bien s’amuser, on est bien dans la DA, les 5 premiers même. Et les derniers après bon. J’aime bien mais on part sur des missions nucléaires avec la CIA, c’est plus très tuning, course, moi ce que je kiffais c’était les courses illégales..

Et sinon je sais pas, j’ai lu le dernier Pana, je pense que tout le monde en a parlé partout, c’était très très cool, c’est très bien, je lis pas beaucoup moi, du coup je l’ai lu parce qu’on me l’a offert sinon je lis pas, du coup c’est vraiment le seul livre que j’ai lu en un an je pense mais très carré. Et puis voilà ! Allez écouter Meeting surtout et regardez le court métrage ! c’est ça que je conseille !

Crédit Photo : Célia Sachet

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