Deux ans après leur EP We Are Caesaria, les quatre franc-comtois de Caesaria (Ka-É-Sa-Ria) attaquent 2020 en furie : un premier clip Beast dévoilé en février, puis la sortie uniquement physique de leur nouvel EP Connection Loss. Cinq titres représentant l’aboutissement de leur style, l’ancrage de leur nom et la promesse d’une longue carrière.
We Are Caesaria avait déjà été un recueil de bonnes nouvelles : un EP novateur, frais et incisif dont l’énergie ne prédisait que du bon. Deux années se sont écoulées, avec leur lot de catastrophes, de désillusions, de nouveaux projets, d’espoirs et de lumières. Deux années ont permis aux quatre mecs du groupe d’évoluer, de se nourrir de la scène, du studio, des autres, d’eux-mêmes. Le style est plus assuré, les BPM augmentés.
Si le monde un peu étrange autour de nous tend à nous éloigner les uns des autres, Connection Loss, malgré son nom, n’appelle qu’à une chose : l’oubli de soi, le défoulement, l’amusement et le rassemblement.
L’EP s’ouvre par Connection Loss, un titre très énervé dont le rythme bien électronique donne le ton dès les premières notes. L’ouverture est magistrale : sombre, épileptique et impatiente. Le titre nous dévoile les cartes à jouer du groupe : une fusion d’électro, de pop rock british mélangé à du rock garage et du gros son club. Marchant fièrement dans les pas des Klaxons, les quatre franc-comtois nous proposent une introduction bien ficelée, démontrant leur talent, l’impact de leur style et amorçant une suite corsée.
Beast, dont le clip est sorti il y a un mois, s’ouvre avec des percussions presque tribales pour laisser place à une batterie bien rock et des guitares électriques. Le chant est maîtrisé et entêtant : on ressent l’énergie qui en découlerait sur scène. Le titre s’achève entre la crise d’épilepsie et l’envie de se perdre comme des bêtes encore et encore.
Le groupe ralentit le rythme et donne du souffle avec Conversations, un titre plus calme, et plus pop-électro qui démontre que, quelque soit la dominante du genre, leur touche est toujours reconnaissable.
Sometimes I Wanna Fight fait souffler un vent de nostalgie, un titre très old school presque pop rock américaine. Rafraîchissant, ce morceau est un véritable tube qui reste en tête toute la journée. Théo, le chanteur, réussit à magner sa voix particulière autant dans les titres presque garage rock que dans les titres plus pop, en gardant sa spécificité, sa diction qui, presque comme un instrument, insuflle du rythme à chaque morceau.
L’EP s’achève par Bright, lancinant, synthétique et bien électronique. Un saut temporel dans les années 80, comme si les Klaxons avaient fusionné avec Soft Cell. Le titre nous donne une sensation de classique, d’un morceau qu’on écouterait depuis des décennies et qui ne vieillirait jamais.
Si on devait résumer cet EP, il serait bon de dire qu’il se trouve entre le classique et le nouveau. Entre l’intemporel et l’inédit. Chaque chanson s’imprègne dans le tissu cérébral comme une rengaine qu’on chanterait depuis des années. Comme un refrain qu’on garderait perpétuellement en tête. Caesaria a réussi à magner les styles et à en créer un seul, le leur, loin de la comparaison et du déjà-vu.
On ressort de cette écoute avec une sensation de familier et de sensationnel ; avec à la fois l’envie de s’abandonner à la danse euphorique, presque épileptique, et sortir ses vieux classiques rocks en vinyles. On en perd la notion du temps, des styles, des époques.
On a perdu la connexion, et c’est là le talent bien gardé de Caesaria.
L’EP est disponible uniquement en physique pour le moment sur leur BandCamp.