Après quatre ans sans nouveauté, Callas Tebaldi, le projet solo de Octave Meynieux, refait surface avec un EP composé de quatre titres enivrants et poétiques. Le jeune artiste parisien assume sur son troisième EP son penchant pour la chanson française et les voyages imaginaires picturales.
Il s’agit du troisième chapitre dans l’histoire de Callas Tebaldi, nom du projet qui regroupe la féline Maria Callas et la colombe Renata Tebaldi. Octave refuse le duel et propose la réunification depuis 2017 et la sortie de ses deux premiers essais Cycles et Settle Time. Hypnotisé par le temps, le projet a évolué pour donner plus d’âme aux sonorités avec cette fois-ci des chants français. L’artiste se révèle plus clair dans ses intentions et ses envies.
L’EP Aeternam se définit par quatre titres intemporels. Tout commence par la vie, Ad Vitam, au rythme éparpillé, soutenu et robotique. Pris au piège sentimental, Octave tente de retrouver « la folie » des premiers instants pour que la relation retrouve la saveur insouciante des débuts. Cette volonté semble sombrer en mirage perpétuel quand le synthétiseur Moog vient sonner l’alerte assourdissante et marquer l’environnement étrange et incertain de cet EP.
Le bassiste live du groupe anglais Black Market Karma embraye alors sur le single Les Noces Funèbres, dévoilées le 7 octobre dernier. Le synthétiseur prédomine encore sur ce titre solennel. Les guitares froides et résonnantes viennent emballer cette atmosphère spirituelle. On se laisse délicieusement bercer le long de cette balade funeste alors qu’on implore le décès d’une proche « Au cœur de l’autel, elle est morte ce soir ». Les sanglots ne l’emportent pas sur ces quatre minutes trente, c’est au contraire un hommage lénifiant qui se propage et permet de laisser prospérer le vide et le manque dorénavant installés. Les mots sont sobres et bienfaiteurs, ils agissent comme une caresse conciliante.
Scaphandre Cosmique enchaine cette séquence émotion par un ton plus grave et ne s’élance qu’à partir de la batterie. Le morceau est une « fusée » à plusieurs étages à la fois angoissante et excitante. Sur les envolées oniriques du dernier tiers souffle comme une inconnue, qu’il y a-t-il après l’éternité ? Peu importe, les sonorités n’explosent pas, elles laissent planer le mystère pour un retour à la réalité électrique.
Aeternam se clôture par un péplum de six minutes de pure évasion. Mêlant le voyage à l’amour, Callas Tebaldi se questionne sur ce qu’il entrevoir entre le passé et l’avenir où il se sent « prisonnier ». Les interventions parcimonieuses de la guitare viennent enjoliver les paroles réflexives sur notre état psychique. Le ton se veut progressif et spatial. Le reboot instrumental des trente dernières secondes laisse planer une certaine réponse à ses interrogations sur le sens de la vie : les souvenirs restent les seuls témoins gravés à tout jamais.
A la sortie de ces quatre titres, Callas Tebaldi nous propose de se transcender face à nos émotions pour faire face au titre. Aerternam est tel un livre qui gagne en puissance sur chaque question qu’il propose sans nous laisser en suspens. On retiendra en tête Les Noces Funèbres qui se veut réconfortant ou encre le dynamique Ad Vitam à la suite de l’écoute de cet EP. L’artiste devait transposer ses réalisations sur la scène du Supersonic ce mois-ci, la date sera bien évidemment reportée.