Camille Yembe : « Ça me tenait à cœur de mettre en lumière deux personnes noires qui sont dans une idylle amoureuse ».

Camille Yembe revient sur la sortie de son premier EP, sa vision de la nouvelle pop et la manière dont la musique l’a aidée à s’affirmer en tant que femme noire artiste. À travers des sonorités à la fois douces et puissantes, elle explore les thèmes de l’identité, de la résilience et de la liberté. Nous avons eu l’occasion de rencontrer Camille Yembe au MaMA, quelques heures avant son passage à la Cigale.

La Face B : Salut, comment tu vas ? 

Camille Yembe :  Au top et toi ? Enfin oui, malade mais mentalement je suis au top. Tu vois ? Corps malade mais esprit d’attaque !

LFB : C’est nickel ! Du coup, ton premier EP est sorti en juin 2025 et je trouvais que c’était vraiment hyper cohérent à tous les niveaux. Dans toutes les musiques on ressent une émotion hyper forte et du dynamisme. Il y a vraiment un esprit très cohérent, aussi bien musicalement mais aussi en termes de visuels. J’ai vu tes clips et j’adore. Je trouve qu’il y a un côté unité. Je ressens ça. 

Camille Yembe :  Trop bien, ça me fait plaisir de t’entendre dire ça. 

LFB : Qu’est-ce qu’il a représenté pour toi cet EP ? 

Camille Yembe :  Cet EP, il a représenté l’air de rien quand même un saut dans le vide. Il a représenté aussi un premier pas concret. Je pense que c’était nécessaire de le sortir pour me dire que j’en étais capable. Et que si je mettais officiellement mes pieds dans le monde de la musique et plus simplement juste une projection de un jour je ferais, un jour. Tu vois ? En fait ça représente vraiment je pense un point de départ. Plus qu’une finalité, plus qu’une fin en soi. Donc ça répond à la question ?

LFB : Carrément, carrément ! De toute façon tu réponds comme tu veux, tu les interprètes comme tu les entends. 

Camille Yembe :  D’accord !

LFB : Dans tes clips je trouve que ça dégage vraiment plein d’émotions, notamment dans Coups de soleil. Et je voulais savoir comment ça fonctionne pour toi la création des clips ? Est-ce que t’as une idée, enfin comment ça comment ça se passe ? Est-ce que ça te vient naturellement ? 

Camille Yembe :  Quand même assez souvent ça me vient naturellement. Je trouve que c’est toujours bon signe quand sur un morceau, dès qu’on fait le morceau, dès que je visualise un clip en général, je me dis « ok c’est un potentiel single » parce que ça veut dire qu’il y a univers directement qui émane du morceau. Et puis, oui sur les trois morceaux qui sont sortis là en single, j’ai toujours eu l’idée précise de ce que je voulais faire.

Après, j’ai été accompagnée. Par exemple, sur Coups de soleil ça parle d’amour, c’est le seul morceau qui parle d’amour. Et je voulais, enfin c’est mon morceau le plus pop. Mais je voulais ramener en fait en images un ton différent. Je sais pas comment expliquer, j’avais envie que quand les gens ils regardent le clip, ils se disent « ah c’est ça en fait le morceau ». Je voulais vraiment ce côté-là. 

Et puis, je pense que c’est un visuel, ça me tenait à cœur de mettre en lumière deux personnes noires qui sont dans une idylle amoureuse. Mais dans un genre pop. Je trouve que c’est cool, c’est pas un truc qu’on va forcément…

LFB : Ouais, ça fait du bien 

Camille Yembe :  Ça fait du bien et donc j’avais besoin de ça. J’ai voulu faire vraiment un truc qui était en plan séquence. En fait, les trois points principaux c’était : c’est une idylle amoureuse de deux personnes noires qui sont dans un seul espace. Je voulais qu’on soit cadré et qu’on puisse pas aller à droite à gauche. Et en plan séquence parce que je voulais que ce soit sans artifices. Je voulais vraiment qu’il y ait ce truc de continuité, qu’il y ait pas de cut. Oui qu’il y ait vraiment ce truc de juste d’un moment authentique. Et voilà.

LFB :  Merci beaucoup ! Dans la musique Plastique, tu dis avoir enfilé une peau en plastique et je pense que tous les ados et même en tant qu’adulte, on se reconnaît un peu dans l’idée de devoir être quelqu’un d’autre pour se sentir accepté auprès de gens qui sont finalement pas forcément ceux avec qui, on a envie d’être plus tard, mais sur le moment. Qu’est-ce que tu dirais aux jeunes qui t’écoutent et qui se sentent eux même pas à leur place à cause de l’endroit où ils sont ou l’environnement… 

Camille Yembe :  En fait c’est marrant, parce que je pense que, enfin c’est vrai que on a envie de s’adresser aux jeunes. Mais je pense que si on s’adresse d’abord aux plus âgés ça déteint en fait sur les jeunes. Parce qu’en général, les jeunes, ils reproduisent des schémas qu’ils visualisent au sein de leur famille. En fait, quand ils sont dans le monde des adultes, quand tu regardes un tout petit, il est innocent. Il ne calcule pas. Il ressemble à quoi il dit quoi il te dit les choses telles quelles.  

S’il veut pas te dire bonjour, il dit pas bonjour à toi. C’est ça un enfant. Mais c’est en grandissant. C’est en regardant. Enfin ça dépend de ton milieu familial. Par exemple mon milieu familial m’a beaucoup conditionné à m’arranger. À un peu me travestir, pas en faire trop ça. Ça je peux pas penser. Ça, je peux penser. Il y avait beaucoup de sujets qui étaient mis un peu sous le tapis, qui étaient fort tabou. 

Il y avait ce truc où j’avais l’impression que je ne pouvais pas exister dans mon entièreté. Et c’est comme ça que j’ai commencé à me travestir. Donc j’ai l’impression que c’est parfois un message qu’il faut plus adresser aux grands, aux adultes. Aux gens comme nous parce que c’est nous qui éduquons, qui faisons planer ce malaise constant de se travestir tout le temps pour correspondre à un truc on sait même pas quoi. Une norme de société je sais pas. Tu rentres dans une pièce, il y a un autre mood donc tu te mets dans le mood.

En fait c’est ça. C’est vraiment un truc d’adulte. Donc qu’est-ce que je dirais : quittez vos familles !! Non je rigole. Mais ce que je dirais, c’est essayer de se dire, c’est très difficile, mais essayer de se dire en boucle ce que je suis, c’est suffisant. Ce que je pense a de la valeur et mon identité est ok quoi et voilà mais c’est très difficile. En fait c’est un truc je pense que c’est vraiment le chemin d’une vie. C’est aussi l’entourage que tu choisis. 

LFB :  Tu as totalement raison. Est-ce que ça t’a aidé la musique justement avoir confiance en toi. Parce que dans tes clips et dans tes chansons, je trouve qu’il y a à la fois un côté un peu nonchalant mais aussi hyper déterminé. Tu dégages vraiment une aura hyper positive et je pense que c’est un modèle pour plein de jeunes filles noires aussi. Parce qu’en vrai, il n’y a pas beaucoup de modèles pop. Il y a du rap et c’est toujours un peu les mêmes styles. Hip-hop aussi. Et il y a même des artistes qui sont cloisonnées à des styles hip-hop ou rap alors qu’en fait-elles en font même pas juste parce qu’il y a le racisme qui persiste. 

Camille Yembe :  Hmm tiens tiens ! Je savais pas ! 

LFB :  Mais du coup est-ce que t’as l’impression que ça t’a aidé avoir confiance en toi et à montrer qui tu es et qui t’as envie d’être ?

Camille Yembe :  Pas le moment où j’écris les chansons, mais le moment où les chansons sont sorties. Particulièrement le morceau de Plastique et Encore ces deux morceaux là. Quand j’ai vu les réactions. Quand j’ai vu à quel point ça faisait écho à certaines personnes. Notamment Encore, c’est la première fois que j’ai eu l’occasion de voir un peu qui était mon public parce que j’ai voulu faire une capsule.

Donc j’ai dit aux gens « venez ». J’ai vu qui était les gens qui écoutaient, qui m’écoutaient. Et c’était marrant parce que même si c’était des personnes différentes, je me voyais un peu en chacune de ces personnes-là. Je sentais qu’il y avait peut-être des chemins communs quelque part. Et à ce moment-là, je me suis dit « ok, quand tu fais un son, au début, c’est pour toi. Mais après c’est aussi pour les autres, ça peut aussi dire quelque chose pour les autres ».

C’est parfois un point de rendez-vous et c’est parfois plus fort que ce que moi je pense, plus fort que juste : ça me fait du bien. Ça peut faire du bien à d’autres personnes. Et c’est à ce moment-là où je me suis dit « ok, il y a vraiment un truc libérateur pour soi, pour les autres. Et c’est un peu même je pense complètement ça a influencé ma manière de créer la musique pour mon prochain projet. Parce qu’en fait, avant de sortir ce projet ci, je ne savais même pas comment anticiper ce que c’est, que d’autres personnes qui écoutent mes chansons. C’est un concept particulier. Tu ne sais pas en fait. En fait c’est comme si finalement tant que tu n’as pas sorti des morceaux, tu ne comprends pas pourquoi tu le fais vraiment. 

Le seul sens que ça a c’est juste que ça te fait du bien. Mais après quand tu les sors, tu te dis : ok en fait tu peux trouver un autre sens, tu peux dire ok en fait, tu peux créer un point de rendez-vous pour des gens qui me ressemblent, pour des femmes noires, pour des personnes issues de quartiers populaires, peu importe.

Et c’est comme dans le morceau Encore c’est chouette parce que je me dis ok c’est un récit qui se rapproche plus d’un récit un peu égo tripe qu’on peut plus ressentir dans le rap. Mais qui est ramené un peu dans la pop. Du coup il y a une sorte de croisement d’univers je trouve qui est intéressant. Et je m’éloigne totalement de ta question. Merci. J’ai oublié ce que tu m’as demandé.

LFB :  Ne t’inquiète pas, c’est pas grave. Ça me fait une super transition pour te demander : j’ai vu que tu parlais de nouvelle pop. Est-ce que c’est ça que t’appelle la nouvelle pop ? Le fait de mélanger différents styles dans ta musique ?

Camille Yembe :  J’ai appelé nouvelle pop très naturellement. Je m’en suis souvenu récemment, c’est parce qu’en fait, quand j’avais regardé la dernière édition des flammes. Ils avaient mis un genre « nouvelle pop ». Et j’étais là « ah tiens c’est marrant » et puis quand ils disaient leur définition, c’était un genre mais qui est inspiré de plein de genres différents aussi. Et qui se veut populaire, mais qui a une sorte de touche qui a pas encore été entendue quoi.

C’est une sorte de brassage culturel un peu neuf. Je me suis retrouvée dans la définition. J’ai dit ok dès que je sors le morceau c’est ça que je vais dire comme ça on va pas me soûler. Et en fait oui moi je définis ça comme la nouvelle pop parce que je me reconnais dans rien de ce qu’il y a actuellement. Que ce soit au niveau du récit dans la pop actuelle, que ce soit au niveau du brassage culturel de genre, et même quand je dis brassage culturel, c’est parfois même identitaire. Donc oui nouvelle pop.

LFB :  Et tu parlais de la capsule que tu avais faite. Est-ce que tu penses que ça t’a rendu encore plus proche le fait de rencontrer ton public à ce moment-là ? 

Camille Yembe :  Ouais non non ça m’a rendu plus proche. Ça m’a permis de me rendre compte que ce sont des vraies personnes qui écoutent mes chansons. Je me suis rendue compte aussi que c’était un chemin de communauté plus qu’un chemin, enfin si c’est mon chemin, mais les chansons elles sont écoutées par d’autres personnes. Elles sont écoutées par d’autres personnes qui sont occupées à vivre des choses à un certain moment et qui intègrent ça dans leur histoire un moment donné. 

Donc, il y a quand même un truc un peu de communauté et puis surtout tu n’es rien sans les gens qui t’écoutent. Donc, à un moment donné, c’était naturel pour moi, je me suis dit que j’avais envie de faire corps avec le peu de personnes qui m’écoutaient à ce moment-là. Et je me sens en fait en vrai assez proche de ma communauté, j’ai l’impression qu’on se sait. 

LFB :  Oui sur insta je trouve qu’il y a un peu ce côté famille. 

Camille Yembe :  Oui, en fait il y a un truc de famille. Franchement, je pense qu’il y a un truc d’histoire commune, je pense que les gens se reconnaissent en moi. Pas que pour mes chansons, mais pour mon identité globale. De ma manière de m’exprimer, à ma manière de me montrer visuellement quand je défends mes titres. Ma manière de me mouvoir, ce que je raconte, en fait il y a un truc de package qui fait que les gens se reconnaissent et du coup ouais je me sens proche de mon public. J’ai l’impression qu’ils sont un peu comme moi comme des potes. 

LFB :  Je pense que c’est parce que t’es accessible en fait. 

Camille Yembe : Ouais !

LFB : Je me sens à l’aide en te parlant. Je pense qu’il y a des gens, ils dégagent un truc. C’est comme ce que tu dis tout à l’heure sur le fait de mettre une peau en plastique. 

Camille Yembe : C’est ça, c’est ça. Mais le truc, en fait, sur les réseaux, j’étais pas forcément super à l’aise, je me regardais beaucoup. Je me disais « est-ce que c’est drôle ». « Est-ce que c’est pas drôle ». Et c’est grave pas drôle de se poser cette question-là. Mais après j’ai essayé de plus me regarder. Et surtout d’enlever le côté intellectuel dans ma manière de communiquer avec les gens. Parce qu’en fait, on intellectualise toujours tout. 

LFB : Tu lisses. 

Camille Yembe : Oui tu lisses à mort. Et en fait, les gens ont envie de voir de la substance. Ils ont envie de voir c’est quoi de l’authenticité. Donc il faut juste pas calculer et ça fait un filtre naturel aussi. Les gens qui captent pas la vibe ils partent. J’ai des unfollows chaque mois. 

LFB : C’est vrai ? 

Camille Yembe : Bien sûr ! Mais toujours moins que ceux qui me follow ! Donc c’est bon le ratio est nickel c’est parfait !

LFB : Je voulais aussi parler de ton manager, Gandhi. J’ai lu qu’il t’avait vachement poussé à écrire tes propres chansons, parce qu’avant t’en écrivais pour d’autres. Qu’est-ce qui a changé dans ta manière d’écrire ? Je suppose que les chansons à la base tu les écrivais pour toi et au final ça a fonctionné pour d’autres gens. Est-ce que ça a changé quelque chose dans ta manière d’écrire en sachant que tu allais les faire vraiment pour toi ces textes ? 

Camille Yembe : Franchement j’ai pas eu le temps de me poser la question parce que c’est arrivé de manière très soudaine. Et, c’est déjà mon rapport à l’écriture. Il est particulier parce que moi je fais de la pop. Mais la personne qui m’a destiné à l’écriture, c’est un rappeur. Donc il y a déjà une sorte de truc un peu enfin… C’est pas que c’est chelou. Mais c’est que j’identifiais mon écriture à la fois par rapport à Gandhi, et à la fois par rapport à mes inspirations, comme Charles Aznavour.

Donc j’avais un peu ce melting pot. J’écrivais pour moi, et puis quand il m’est venu l’opportunité d’écrire pour les autres ça a mis moins de pression en vrai que quand j’écris pour moi. Je me suis surprise à pouvoir dégainer des textes un peu à la demande parce qu’en fait comme c’est pas pour toi, tu dis il aime, il aime tant mieux. Il aime pas, il aime pas aller bon. J’ai pas d’égo à ce niveau-là en fait c’est un peu le contrat. Quand j’arrive dans une histoire avec une personne. Elle me parle d’elle. Je comprends de quoi elle veut parler. Et je me dis okay si elle m’a appelé, c’est qu’elle veut ma griffe à moi. Je lui donne ce que j’ai à lui délivrer. Si elle aime pas… En fait j’ai assez confiance en moi au niveau de l’écriture.

LFB : Je vois ça c’est trop cool ! 

Camille Yembe : Du coup j’ai encore oublié ta question. Je suis trop désolée.

LFB : Ma question c’était qu’est-ce que ça a changé dans ta manière d’écrire le fait d’écrire pour toi ?

Camille Yembe : Si ça a changé quelque chose pardon ! Du coup, ce que ça change. C’est qu’en fait, quand j’écris pour les autres en général, je m’essaie à d’autres genres musicaux qui sont pas les miens. Comme Eva, ben je sais pas comment qualifier son genre, mais c’est différent du mien. J’ai écrit pour Moha. J’ai écrit pour Tiakola. Et donc quand tu fais l’exercice d’écriture, tu te mets directement derrière le micro. Tu poses sur leur prod à eux. Enfin, vraiment c’est un truc d’immersion. Et puis quand je m’écoute, je me dis, « ah j’aime bien en fait c’est cool. J’aime bien ce genre musical là aussi ». Et donc ça vient nourrir aussi ma propre musique. Ça vient influencer aussi ma manière de penser ma musique et je me dis ok ça peut être beaucoup plus large que la petite fenêtre que tu te mettais pour ton projet. 

LFB : Et tu découvres la prod après avoir écrit la musique ? On t’envoie pas la prod et tu écris les paroles avec la prod dans les oreilles ? 

Camille Yembe : La plupart du temps, je vois la personne directement en session. On écoute des prods. On stoppe sur une prod et puis je commence à écrire. La plupart du temps. Sauf pour Tiakola où on avait reçu… Il y avait déjà la topline de Tiakola et tout etc et il fallait que je me place. Mais en général c’est comme ça que ça se passe. 

LFB : Et le fait d’écrire en français ça t’est venu naturellement ? Parce que je sais qu’il y a beaucoup de gens qui ont un peu honte de chanter en français. Toi tu m’as dit que ton inspiration c’était Charles Aznavour donc ça m’étonne pas que t’écrives en français en même temps. Mais ça t’a pas ?

Camille Yembe :  De base je chantais qu’en anglais. Puis, j’ai commencé à chanter en français, mais l’écriture, et même si je voulais écrire dans une autre langue, quelle langue ? Quelle langue ? Quelle langue en fait ? Est-ce que j’ai les capacités ? Non mais en vrai de vrai, premier degré, je maîtrise aucune langue aussi bien que le français. Mais oui, en fait j’adore l’écriture. Et franchement même si par exemple l’anglais. Est-ce que j’ai glissé de l’anglais dans mon prochain album ? 

Gandhi : Oui ! t’as dit « sorry ». 

Camille Yembe : Oui ! Sorry ! C’est la folie ici ! Donc j’ai glissé un mot ou deux. Vraiment qu’un mot bref on va dire un mot ou deux. Mais, j’ai besoin de maîtriser la langue. Parce que l’écriture, je pense que c’est l’une des phases que j’adore le plus dans mon processus créatif. En plus, moi je parle de moi encore plus dans mon prochain projet. C’est détaillé. Honnêtement, il faudrait que je sois anglophone pour pouvoir écrire en anglais. Et je trouve que c’est plus dur. Même si je parle pas anglais parfaitement, je trouve que c’est plus dur d’écrire en français aussi parce que t’as ce truc où le public français est plus critique. 

Gandhi : Surtout sur les textes 

Camille Yembe : Sur les textes. Par exemple en anglais, tu peux écrire un peu une poésie facile. Je t’aime mon cœur, on va à la mer et tout machin c’est ok. Juste la mélodie est cool voilà. Tu dis ça en français on va dire… 

LFB : Un peu cringe 

Camille Yembe : Voilà. Exactement. Il y a ce truc de…

LFB : Il y a ce côté ou t’as honte toi-même de l’écouter potentiellement ! 

Camille Yembe : Oui voilà. Exactement ! 

LFB : J’ai entendu que t’avais un nouveau projet du coup. Tu penses pouvoir en parler un peu de ton nouvel album ou pas trop ?

Camille Yembe : Bien sûr que je peux ! Mais qu’est-ce que je peux dire…  C’est qu’il y a un premier morceau qui sort très vite, avant la fin de l’année. Ce que je peux dire aussi, c’est que l’EP pour moi, c’était vraiment une mise en bouche. Et il m’a fait comprendre de quoi je voulais parler en fait, avec les gens. Il m’a donné un sens aussi au fait de faire de la musique et de la sortir. Et c’est pour ça que mon album il est vraiment beaucoup plus introspectif. Il vient vraiment plus retracer ma vie, si je puis dire.

Il y a cette volonté vraiment… Je me suis dit ok je n’entends pas mon récit dans la pop d’aujourd’hui. Et j’ai besoin d’entendre mon récit dans ce genre-là. J’ai besoin de oui, j’ai besoin d’entendre c’est quoi la vie d’une jeune femme noire issue de quartier populaire. C’est quoi ? J’ai senti cette nécessité-là. Et donc voilà, c’est un truc qui est très très personnel en vrai l’album. 

LFB : Trop hâte de le découvrir ! 

Camille Yembe : Merci ! 

LFB : J’ai vu que t’étais nommé au NRJ Music Awards ! Alors ça fait quoi d’être une star ? De devenir une star si tu préfères ?

Camille Yembe : J’étais déjà !! Non mais en vrai franchement tu sais moi tout ce qui est un peu concours comme ça j’ai fantasmé sur ça toute ma life. Mais quand je te dis ça, c’est une dinguerie. Ça veut dire que toute seule, je pouvais te verser une larme devant un miroir premier degré.

LFB : Peut-être que tu seras actrice aussi ! 

Camille Yembe : Peut-être ? On sait pas ! À tout moment ! Mais tellement je trouvais ça trop cool, je le fantasmais, sans me dire que… Enfin si, je me disais peut être que ça va arriver un jour, mais de manière très… Voilà et donc moi j’ai beaucoup rêvé de ça donc c’est folie en vrai. J’avoue que j’avais pas anticipé ça cette année-ci.

Pour moi, c’est un monde qui n’est pas du tout le mien. Et je fantasme surtout sur le tapis rouge ! Je me dis quelle sape je vais mettre. J’ai envie qu’on me dise alors c’est quoi ton outfit ? Je fantasme sur tous ces petits détails là en fait ! De voir c’est quoi ce monde. Et puis je trouve ça très drôle, presque ironique de l’avoir simuler toute ma vie à la maison. Et de potentiellement m’y retrouver. Je me dis ok là Dieu a beaucoup d’humour.

LFB :  Surtout de reconnaissance de talent. 

Camille Yembe : Exactement, exactement !  Enfin, reconnaissance de talent, oui. Mais c’est un long débat ça pour moi. Il y a le talent. Mais il y a aussi ce truc de chance. C’est pas que je diminue pour autant mon talent. Mais…

LFB : Il y a des gens talentueux qui resteront cachés toute leur vie aussi. 

Camille Yembe : Et vraiment, j’estime que je passe à travers les mailles du filet. Quand je vois mon parcours. Quand je vois ma vie. C’est presque pas censé arriver. Tu vois ce que je veux dire ? Enfin, j’ai l’impression que c’est un truc qui est fort quadrillé pour une certaine élite. Parce que des fois, tu as l’impression que la musique c’est grave accessible. Que tout le monde peut mais en en fait absolument pas. Quand tu analyses même les artistes qu’il y a et qui pètent. Ils ont souvent un entourage vraiment musical, où ils ont aussi les moyens de se dire « ouais je prends une année sabbatique. En fait c’est ça, c’est une question de moyens, de famille, d’argent, mental. Il y a tout ça. Donc, il y a le talent. Mais il y a vraiment ce truc où j’ai l’impression que j’ai une bonne étoile. 

LFB : Je te souhaite qu’elle perdure pour toujours!

LFB :  Du coup, je vais te poser encore une dernière petite question. Qu’est-ce que t’écoutes en ce moment ? Quel artiste tu recommanderais justement qui n’est pas encore très connu ? 

Camille Yembe : Pas connu ? 

LFB :  Comme tu veux ! Les deux, tiens ! Connu et pas connu.

Camille Yembe : Alors qu’est-ce que j’écoute en ce moment ? Bon mais là ça fait un peu, enfin j’ai l’impression que c’est un peu hype, mais voilà j’écoute beaucoup Mk.gee. Le dernier album de Mk.gee. Et le truc que je me suis un peu mis à fond dans les oreilles. En ce moment je me suis beaucoup mis dans les oreilles My Mind de Yebba. Cette go là, elle avait fait un sofar. Je sais pas si tu vois c’est quoi le sofar ?

LFB : Oui !

Camille Yembe : Et elle avait chanté cette chanson-là qui est à elle. Et qui est trop folle. Elle date d’il y a au moins 10 ans. Et en ce moment je ne sais pas, je me suis remise dedans. Incroyable. 

Crédits photos : Romane Leo Marsault

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