Second album pour Magalie Cotta, alias Canine, ou comment entrer dans l’été en étant plus conquérant que jamais.
Ça y est, Source est disponible. Après le brillantissime Dune, album qui ne nous avait pas laissé indemne à la face B ( voir ici ), nos interrogations concernant l’évolution de l’artiste restaient entières, tant l’éventail musical présenté était immense. Il y a des artistes à qui il arrive que l’on reproche de ne pas prendre assez de risques ; avec Canine, il n’en est rien. Source, sur plusieurs aspects, se présente comme le contrepied de Dune, une opposition qui nous apporte avec la même complexité et richesse une ouverture sur l’infinité des possibles. Pour cet album, Magalie s’est appuyée sur deux personnes : David Spinelli et Reyn, qui avait déjà participé au premier opus. Cette collaboration place le disque sous les meilleures dispositions possibles pour créer de nouvelles choses sur des fondations solides.
Premier titre et première surprise, on se jette à l’eau avec Sun, un hymne au soleil et à la liberté. On ne s’attendait pas à un lâcher prise avec autant d’entrain, et pourtant on adhère tout de suite à cette légèreté pop sans filtre et sans filet, un saut dans la Méditerranée, l’euphorie d’être simplement heureux. Un titre phare qu’on a pas fini d’entendre. On comprend alors que, si Dune s’installait dans l’ombre, cette nouvelle étape est un aller simple vers la lumière. La combinaison des forces naturelles qu’elle puise dans ces deux éléments du soleil et de la mer, on la retrouve dans Blue, mais aussi dans Formentera, ce qui permet à Canine de flotter et de briller au-dessus des passions tristes. Cette ligne de fond berce l’album d’un ensemble de parfums et de textures, fait appel à tous nos sens, transformant chaque note en saveur lumineuse.
Car il est bel et bien fini, le temps où Canine était un masque, un personnage intrigant, une voix insaisissable qui entretenait le mystère dans un univers inquiétant. C’est à visage découvert, à cœur ouvert que s’expose l’artiste. On explore alors un combat intime et personnel au singulier mais qui résonne aussi dans l’universel. Cette fois, Magalie parle volontiers à la première personne, et certaines chansons sont comme issues directement de son journal intime. Novembre, Formentera ou encore Galaxies sont des lettres d’amour où s’exposent la dépression et la nostalgie, mais où l’on perçoit aussi l’évolution que prend le chemin de la reconstruction de soi.
Voici finalement le thème principal de ce disque : c’est une sorte de catharsis à part entière, une résilience, ou comment, lorsqu’on n’a perdu l’amour, ses repères et donc une partie de soi, trouver les leviers qui nous font nous rebâtir pierre à pierre, en puisant profondément dans notre for intérieur. C’est un parcours par étapes, un ensemble de phases psychologiques qu’il faut affronter, comme la fuite dans Hunt, ou l’acceptation dans Autre, pour enfin changer de peau dans Snake. Ses armes, Canine les forge en cinq lettres dans F.O.R.C.E, retournant les doutes et les peurs. On sait que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, mais Canine va plus loin et en fait une Source de puissance créative, du charbon, elle en sort le soleil et les rythmes qui vont avec. Enfin, au bout de ce Ritual, il y a l’espoir et la foi en l’avenir, l’idée que le meilleur est à venir Somewhere. C’est dans cet esprit toujours que s’envole sa musique, car une fois le travail de reconstruction accompli, rien de ce qui advient ne pourrait faire de mal ; tout alors devient désirable. Narcosis arrive alors comme un bilan où l’on retrouve toutes les émotions de l’album. Ce tourbillon d’émotions, Canine va le dénicher dans un vaste ensemble de notes et de sons. On retrouve certaines associations déjà entendues dans Dune, de type pop électro hiphop comme dans Change, mais pour le reste, ce sont des combinaisons de parfums totalement nouveaux qui fleurissent sur ce disque. En fait, peu importe les genres, la langue, les inspirations, les arrangements, Canine est une mixologue et c’est à ça qu’on la reconnaît. Bref, on prend une nouvelle claque avec Source, toujours aussi mordant. On n’a pas fini d’aimer Canine, et on a déjà hâte de la suite.
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