2020 devait être une année de néant absolu. Des feux Australiens aux désastres Libanais, en passant par la crise sanitaire et les scandales d’agressions sexuelles, cette période inédite a plongé la planète dans un désarroi inconnu pour la plupart d’entre nous. Dans ce chaos, la musique reste notre arme secrète. Pas une potion magique mais bien une vraie force d’évasion, un moyen d’aborder le monde avec moins de peurs. Se rassurer le temps d’un pas de danse, d’une volte. Au fond, qui d’autre qu’un groupe appelé Catastrophe aurait pu nous offrir le plus beau rayon de soleil de cette année ? C’est parti pour GONG!
On a tellement dansé devant les concerts hypnotiques du sextuor – on place trop peu souvent ce mot dans nos conversations – qu’on en avait presque oublié la qualité du travail en studio de Catastrophe. Lancés par un EP (Dernier Soleil – 2016) puis un premier album très costaud (La nuit est encore jeune – 2018) qui nous avait fait pleurer sur Nuggets notamment, la troupe s’est forgée une solide réputation sur scène, enchaînant des prestations de haut vol tenant plus de la performance que du simple concert. En cette rentrée, ils reviennent au format plus conventionnel du disque, y intégrant toutes leurs singularités et marquant encore une fois leur identité.
La mort, déjà. En cette année endeuillée, le sujet semble encore plus pertinent. Pour être tout à fait précis, on parlera plutôt de la vie en rapport à la mort, la funeste destination étant au final ce qui donne tout son sens au voyage qui la précède. Dans les titres, les mots, l’énergie vitale qui déborde de ces 12 (+1) titres se ressent une farouche volonté de mettre en exergue la vie, sa beauté, ses moments difficiles et donc l’envie de danser au travers de tous ces éléments. Même à l’écoute des morceaux plus solennels comme Le Grand Vide, on ressent de la joie, teintée de mélancolie certes, mais toujours plus affutée au fil des écoutes.
La diversité également. À l’image de leurs costumes bariolés aux couleurs de l’arc-en-ciel, leur formation leur permet de jouer les caméléons et d’explorer diverses formules. Que ce soit en changeant tour à tour de chanteur ou de style (ou les deux), GONG! jouit d’une véritable richesse musicale, passant sans complexe d’une pop légère à des rythmes latins, en passant par du piano-voix ou encore une pépite aux accents plus urbains (Gromit) qui fait preuve d’une vraie compréhension de la musique. Pour autant, chacun des titres bénéficie d’une simplicité touchante, lié à la composition de la formation (basse – batterie – claviers – percussions – chant – chant), et couplée à une vraie créativité dans les arrangements qui sonne comme un hymne au bonheur. On se permettra une mention spéciale aux parties de batterie de Bastien Bonnefont dont la finesse de jeu et d’écriture porte haut les standards de la pop Française.
La légèreté, enfin. Les morceaux dégagent tous une tendresse infinie, un câlin fait à distance et qui prouve que chacun des membres de Catastrophe vous aime. Oui, vous, là. En train d’écouter ces morceaux à la fenêtre, profitant de la fin de l’été, ou en train de faire votre ménage, votre séance de sport, ou même à écouter de la musique qui n’a rien à voir avec Catastrophe. La production est délicate, vous place au milieu d’un nuage d’ondes positives et vous prend dans ses bras pour vous emmener loin, là où les problèmes n’ont plus de prise, où tout va bien et que le poids sur vos épaules vous est retiré, là où « demain n’existe pas ». C’est là la caractéristique principale de ce sublime album. Celui qu’on attendait pour sourire au milieu de cette année morose, et qu’on a envie d’écouter Encore et Encore.