CATHEDRALE – Houses Are Built The Same, fer de lance du post-punk français

Il devient difficile de ne plus les connaître. Alors qu’ils ont déjà partagé la scène avec Thee Oh Sees, Rendez-Vous et Frustration, les toulousains de CATHEDRALE, toujours aussi agités, crasseux et énervés, sortent leur troisième album. L’ambition de ce groupe faussement british semble de vouloir faire slammer la foule. Une volonté exaucée.

L’amorce de l’album est assez originale. Dans une atmosphère brumeuse et futuriste, une voix synthétisée présente le groupe avant de nous propulser dans son rollercoaster. Il s’agira d’une minute d’accalmie avant que le wagon soit lancé à pleine vitesse. Dès le titre suivant, le ton est donné par la batterie tapageuse et aussi communiante que celle d’IDLES avant qu’apparaissent les guitares rugissantes et la voix éraillée de Jules. Avec The Bet, l’inspiration provient clairement du post-punk britannique sur lequel CATHEDRALE pose ses griffes de manière audacieuse et réussie. Le groupe vient réveiller la scène rock française pour la remettre au goût du jour.

Bien qu’on ressente légèrement l’accent frenchy sur certains chants, le groupe n’a pas à pâlir de ses comparses à la mode de l’autre côté de la Manche tant que la production et l’énergie embrassent parfaitement la nouvelle vague post-punk actuelle Mais ici, malgré les influences évidentes, rien n’est calculé pour s’en approcher, bien au contraire. Le quatuor Toulousain va au plus simple tout en dégageant une puissance détonante sur chacune des pistes.  Il faut dire qu’ils ont réussi à bien s’entourer puisque House Are Built The Same a été produit au Haha Sound Studio par Syd Kemp.  Pas étonnant de les voir évoluer : le son est plus étoffé et le jeu des guitares plus clair tout en gardant un rythme endiablé.

Aquiel et surtout Gold Rush vont dans ce sens et démontrent toute leur explosivité.  Il s’agit déjà du troisième album en cinq ans à peine mais à ces gars-là agissent encore et toujours dans l’immédiateté immatures en jouant tant que leur énergie ne soit pas vidée. Gold Rush aura la particularité d’apporter une touche plus groovy à leur orientation punk pour devenir probablement leur hymne aux pogos en live.

Le groupe parvient à calmer toutefois le rythme effréné qu’il s’impose, notamment sur Right Time qui fait écho à Roy’s Tune de Fontaines DC, pour apporter plus de mélodie tout en sauvegardant la hargne du chant.  Cette fois-ci, le morceau est moins brut et la bande laisse plus de place pour des passages instrumentales bien plus savoureuses comparés aux précédents albums. Cette mue sonore est la preuve qu’ils se décomplexent avec le temps et se laissent aller naturellement à des partitions encore plus abouties. Open Your Eyes en est l’exemple le plus réussi de ces quarante-deux minutes. Le titre le plus long du répertoire du groupe à ce jour bénéficie d’une dynamique irrésistible qui plonge dans un chaos des plus nerveux du punk français de ces dernières années.

Leur ardeur étonne tant qu’il est continuel. On se demande combien de guitares ont-ils en stocks tant que les cordes sont durement employées dans une rythmique excessive et agressive, comme sur Taste Good et Reverence qui bénéficient toutes deux de certains riffs acérés bien entêtants.  Il en est de même pour le titre final Is Your Man A Reptile, légèrement plus pop que les précédents mais qui donne encore et toujours envie de se défouler jusqu’à finir K-O.  Encore une fois, on ne peut constater que leur son a gagné en clarté et en limpidité ce qui ne fait que décupler notre emballement en les écoutant.

Au final, Houses Are Built The Same est la bénédiction sale qu’on attendait et le rayonnement punk qui nous accompagne pour exulter nos déchaînements, nos jubilations dans une période tétanisante. A l’image que peuvent réaliser leurs compères de Parquet Courts, CATHEDRALE allie dans le même état d’esprit leur fougue infatigable avec le plaisir pour un résultat foudroyant. Rien ne semble les arrêter et de toute façon, on souhaite les voir continuer…