Charley Crockett: « Je suis de plus en plus à l’aise avec le fait d’être incompris »

A la suite de la sortie de son douzième album The Man from Waco, La Face B a pu discuter avec le texan Charley Crockett, étoile montante de l’Americana, avant son très attendu concert à Paris le 11 septembre prochain.

*Cette interview a été réalisée en anglais. Pour lire la version originale, rendez-vous plus bas. / To read the original english version, scroll to the bottom.*

Crédit photo: Bobby Cochran

Originaire d’une région rurale du Sud du Texas, le parcours musical de Charley Crockett commence dans les rues de Dallas et de la Nouvelle-Orléans, jouant d’abord du hip hop et du blues puis se découvrant peu à peu une passion pour la musique folk. Il parcourt ensuite pendant plusieurs années les routes américaines, de New-York à la Californie, pour finalement revenir au Texas et enregistrer son premier album, A Stolen Jewel, en 2015. Sept ans et douze albums plus tard, Charley Crockett s’affirme désormais comme l’un des portes-flambeau de la musique country, perpétuant la longue tradition des musiciens qui l’ont précédé et créant un son « gulf & western » singulier, laissant transparaitre toutes ses influences americana et ses racines blues.

Depuis la sortie de son dernier album The Man from Waco en septembre 2022, Charley Crockett a tourné en Amérique du Nord, en Australie et désormais en Europe avec les Blue Drifters, son groupe de six musiciens incluant de l’accordéon, de la trompette et de la pedal steel. Il se produira à Paris au Café de la Danse le 11 septembre prochain, avec Ags Connolly en première partie.

La Face B: Tout au long de ton parcours musical, tu as appris beaucoup de chansons folk américaines, de genres et d’époques différents. Tu as aussi fait quelques albums de reprises. Comment cet apprentissage des chansons folk américaines t’a-t-il influencé en tant que songwriter ?

Charley Crockett : J’ai appris à jouer de la musique en public, au coin des rues et en voyageant. J’ai vécu une vie itinérante et j’ai appris des chansons folks que je pouvais comprendre. Je ne suis pas un musicien formé techniquement, et je ne suis peut-être pas celui qui apprend le plus vite. D’autres jeunes artistes jouaient des chansons folks au coin des rues, j’ai repris celles dont je me souvenais. Il y a une chanson que j’ai apprise il y a longtemps à la Nouvelle-Orléans qui s’appelle Sitting on top of the world. C’est une des premières chansons d’un groupe appelé les Mississippi Sheikhs, puis enregistrée par d’autres, comme Bob Dylan. Elle remonte au 19e siècle. Elle m’est venue à l’esprit l’autre soir, après un spectacle tardif. Les paroles me sont revenues de nulle part, et c’est toujours comme ça que j’ai appris la musique. Ce que j’aime dans la folk, c’est que c’est une musique populaire qui raconte notre histoire, une histoire collective orale ; une grande partie de cette musique n’a même jamais été écrite, et il s’agit donc de ce que les gens peuvent se souvenir de mémoire. C’est comme ça que j’aborde la musique, je n’ai jamais vraiment été doué pour écrire des chansons. Ça semble simple, mais ça peut aussi être trompeur, car ça peut dire tout et rien à la fois.

Crédit photo: Bobby Cochran

La Face B : Je t’ai entendu dire une fois que tu te considères « entre-deux » : entre Blancs et Noirs, entre cowboys ruraux et citadins, mais aussi entre genres musicaux, ta musique allant du blues à la country en passant par la folk. Pourrais-tu m’en dire plus sur ce sentiment, et comment il s’inscrit dans ce que tu fais ? Est-ce que tu le vois comme un atout ?

Charley Crockett : A Austin, où je vis, on m’a mis il y a quelques années en couverture d’un journal local, et le type qui a écrit sur moi m’a qualifié de caméléon stylistique. Je n’avais jamais entendu ce terme auparavant et j’ai eu du mal à l’accepter au début, car dans tous les domaines – art, culture, race, identité – les gens essaient de trouver des moyens simples de catégoriser. Il y a un aspect négatif à ca, mais c’est aussi dans la nature humaine de catégoriser pour comprendre. Je suis donc de plus en plus à l’aise avec le fait d’être incompris. Si mon objectif était que tout le monde me comprenne, je pense que je finirais par être très déçu (rires). Pour ce qui est des questions raciales, je réponds à la façon dont un public de plus en plus large me perçoit, ce qui a toujours été une sorte de mélange, la façon dont ils me regardent physiquement et artistiquement. Il y a beaucoup de pression pour s’identifier à un groupe spécifique, et quand on ne s’identifie pas clairement à quelque chose, c’est facile de se sentir exclu. J’ai beaucoup ressenti ça. J’ai tiré avantage de ma peau claire, mais j’ai aussi toujours été associé à un certain nombre de personnes comme étant métisse, et je pense que ça a beaucoup à voir avec mon apparence, mais aussi avec comment je sonne. J’ai appris à jouer avec toutes sortes de gens, du hip hop à la folk, qui sont des genres largement joués en public par des personnes de couleur. Lorsque j’étais dans la rue, je jouais principalement avec des artistes de rue afro-américains. J’ai donc toujours ressenti cette ambiguïté, mais j’ai été assez surpris de constater à quel point cette identité semble importante pour les gens dans le milieu de l’Americana, et ça continue de me surprendre.

La Face B : Oui, les gens adorent mettre les autres dans des cases.

Charley Crockett : Ouais, ça peut être frustrant mais c’est aussi très naturel pour les gens d’essayer de vous simplifier.

La Face B : Ton dernier album The Man from Waco et 10 for Slim en 2021 rendent tous deux hommage au musicien texan James « Slim » Hand, que tu estimes beaucoup. Quel impact a-t-il eu sur toi, en tant que personne et en tant qu’artiste ?

Charley Crockett : Quand tu grandis aux États-Unis, tu t’en réfères toujours aux musiciens des générations précédentes. Enfants, ils voyaient des musiciens comme Elvis Presley ou Chuck Berry, et cette expérience les mettait sur la voie d’une carrière d’artiste ou dans le genre. Pour notre génération, c’était très différent. Lorsque j’ai commencé à faire de la musique dans les années 90, on n’avait pas d’argent. Je ne suis presque jamais allé à un concert ; peut-être deux dans ma vie, pour un groupe grand public, avec des amis dont les parents nous avaient acheté des billets. Et je ne me souviens même pas de qui jouait, donc ça n’a pas eu un grand effet sur moi, comme les gens qui parlent d’avoir vu quelqu’un comme Jimmy Hendrix. Mais en bref, c’est ce qu’il s’est passé pour moi avec James Hand, un peu par accident. Avant d’entrer dans le circuit, au Texas, j’avais l’habitude de jouer dans un quartier de Dallas appelé Deep Ellum, c’était un quartier malfamé où convergeaient les Noirs, les Blancs et les Juifs. On avait l’habitude d’aller dans un club, et il y avait tous ces posters de gars au mur. L’un d’entre eux était James Hand, et sous son nom il était écrit « the real deal – Willie Nelson« . Cette image m’a vraiment marquée. Des années plus tard, je rentre dans un bar d’Austin, plein de chapeaux de cowboys. Il y avait quelqu’un sur scène que je ne pouvais pas voir. Il enchaînait les chansons et je me suis dit « holy shit, ce cowboy est incroyable, mais qui est ce type?! » Au bout d’une demi-heure, j’ai réalisé qu’il s’agissait de James Hand. Il était hypnotisant, je n’avais jamais vu une telle performance sur scène, pour un genre de musique qui n’était pas joué dans la rue. C’était à un moment où comme je jouais de plus en plus dans des bars et avec des groupes, les gens commençaient à m’étiqueter country. Mais mois je n’avais pas beaucoup réfléchi au type de musique que je jouais, et James m’a montré un type de country auquel je pouvais être fier de m’identifier. Il m’a vraiment mis sur la voie. Je lui avais promis d’enregistrer ses chansons et de partir en tournée ensemble, mais il est décédé au début de la pandémie de Covid, subitement. Ça m’a beaucoup affecté et j’ai rapidement enregistré 10 for Slim, qui a évolué vers cette idée de le surnommer The Man from Waco. Ce n’est pas le premier à être surnommé ainsi, il y a aussi un autre Texan, Billy Joe Shaver, qui portait déjà ce surnom.

La Face B : Je ne le connaissais pas et je l’ai découvert grâce à toi, il est vraiment spécial.

Charley Crockett : J’en suis ravi. C’est un homme merveilleux.

La Face B : Dans The Man from Waco, tu explores des idées de « mort physique et spirituelle ». Quels messages as-tu voulu faire passer dans cet album ?

Charley Crockett : À l’âge de 33 ans, j’ai dû subir une opération à cœur ouvert pour des raisons génétiques. Je ne savais pas que j’étais en train de mourir, et j’ai eu de la chance. En fait j’ai bien failli y passer une nuit à l’arrière du vieux bus de tournée de Willie Nelson, le Red Headed Stranger, du nom de l’album qu’il a enregistré en 1975. Cet album est considéré comme le premier album-concept populaire de la musique country, il a vraiment marqué le genre. Je l’ai découvert quand je travaillais pour des agriculteurs dans les montagnes en Californie du Nord. J’avais l’habitude de faire beaucoup de travaux agricoles saisonniers quand je voyageais entre New York, la Californie, le Colorado, le Texas, etc. Je l’ai beaucoup écouté en boucle avant d’arriver à reconstituer l’histoire qu’il racontait. C’était donc une combinaison de mon affinité avec James Hand, de l’idée du Red Headed Stranger, des thèmes de l’amour et de la vengeance, de Bob Dylan et John Wesley Hardin… tout cela s’est imbriqué en un seul ensemble. C’est ce que j’aime dans la musique folk, tu as ces thèmes très anciens dans la narration, ces mécanismes qui fonctionnent encore et encore, sans jamais se démoder. J’ai essayé d’intégrer tout ça dans l’idée de cet homme qui, dans sa rage, tire sur son amante, essaie de tuer la nouvelle, s’échappe et finit par se noyer en se laissant emporter par la rivière. Je me contente de raconter des histoires populaires simples et de les aborder d’un point de vue personnel. Je me dis parfois que j’ai été créé avec un cœur imparfait, conçu pour cesser de fonctionner, et que j’ai eu une seconde chance parce que je me suis entièrement consacré à cette musique; pour le meilleur ou pour le pire, c’est ce que j’étais destiné à faire. Ça m’a aidé à écrire d’un point de vue plus profond qu’avant de subir cette opération.

La Face B : Oui, je comprends que le fait de voir la vie différemment après cette expérience a eu un impact sur ton écriture.

Charley Crockett : Tu sais, personne n’en sort vivant, chaque année les saisons raccourcissent pour moi. C’est pour ça que les fleurs sont tellement plus jolies chaque année, parce qu’on se rend compte que c’est éphémère, et moi j’essaie de raconter la meilleure histoire possible. Pour l’instant, je m’en sors bien, mais je ne sais pas combien de temps les gens seront intéressés par ce que je fais, alors je le fais tant que je peux.

La Face B : En parlant de fleurs, j’ai vu que tu partages beaucoup de photos de fleurs et de nature sur ton compte Instagram. Quel est ton rapport à la nature ? Est-ce que ça t’aide à rester sain d’esprit et à garder les pieds sur terre, face au tourbillon de l’industrie musicale ?

Charley Crockett : Quand j’étais plus jeune, les circonstances de ma vie m’ont amené à me produire en public dans la rue, car aussi improbable que cela puisse paraître aux gens, aussi risqué que cela puisse paraître de faire ses valises, de quitter la ville et de tenter sa chance sur les routes d’Amérique, c’était la meilleure option pour moi, elle me semblait bien meilleure que les emmerdes dans lesquelles je me trouvais. Tu sais, j’ai vécu dans les rues à Paris pendant un an !

La Face B : Ah vraiment !

Charley Crockett : Oui, c’est une longue histoire. Mais ce que j’ai découvert en jouant dehors, quand je travaillais dans l’Amérique rurale ou en me cassant les dents à Montmartre ou dans le métro à Paris, c’est que lorsque tu t’endors sur un banc public ou sous une cage d’escalier dans une ville, que tu as froid et faim la nuit, le soleil se lève quand même le matin. J’ai compris que je pouvais arriver à vivre de ma musique en échange de pourboires. En fait, je gagnais beaucoup plus à Paris qu’à New York. J’ai donc trouvé beaucoup de force en étant capable de vivre à l’extérieur et de subvenir à mes besoins comme ça, ce qui m’a vraiment éloigné du piège qui m’était tendu de par mon milieu culturel et économique aux États-Unis. Tu sais, dans ce monde, soit tu te fais toi-même, soit quelqu’un d’autre va te faire. Ce que j’aime vraiment dans les montagnes – et j’essaie de passer du temps dans ces endroits quand je suis sur les routes – c’est que quand on arrive dans les hautes montagnes, très haut, aux États-Unis en particulier, elles sont comme des îles dans le ciel, dans des endroits désolés où c’est l’altitude qui permet à des écosystèmes fragiles d’exister, à la fois pour les animaux et pour les plantes. Et ça demande de l’effort, il faut marcher cinq heures dans une montagne pour voir un type de fleur ou un animal que l’on ne pourrait voir nulle part ailleurs. C’est l’un des trucs les plus gratifiants que j’ai trouvés dans ma vie, en dehors de la musique, de l’art et de la poésie. Pour moi, c’est l’un des grands cadeaux de la vie.

La Face B : Je suis d’accord, j’adore ça aussi.

Charley Crockett : C’est génial.

La Face B : Avant de conclure, je voulais te parler du concert que tu as joué en novembre dernier à l’auditorium Ryman de Nashville, et dont tu es sur le point de sortir un enregistrement live. Pourquoi avoir choisi ce concert en particulier pour en faire un album ? Pourquoi cette soirée était-elle spéciale pour toi ?

Charley Crockett : J’ai toujours eu une relation conflictuelle avec Nashville. C’est peut-être le berceau de la musique country, mais quand on traverse cette Red River, ça ne veut pas dire grand-chose pour un Texan. C’est Waylon Jenning qui a dit ça (rires). Mais le seul endroit où j’ai toujours voulu jouer dans cette ville, et je pensais que je ne le ferais peut-être jamais, c’est le Ryman. A une époque j’avais l’habitude de traîner dans la ruelle derrière le Ryman, juste à côté de Broadway et des honky-tonks. J’avais trouvé très difficile de gagner de l’argent dans les rues de Nashville. C’est une ville dingue. Pour être honnête, j’avais peur du Ryman et j’étais surpris de le remplir un lundi soir. En fait, c’est mon manager qui a eu l’idée d’enregistrer et de filmer le show. Au départ, PBS devait le filmer, mais ils n’avaient pas le budget nécessaire. J’ai eu du mal à lâcher l’affaire, alors je l’ai financé moi-même, et comme on l’a filmé, on l’a finalement sorti sous la forme d’un album live. En tant que Texan, j’aurais probablement sorti un album live enregistré au Texas plutôt qu’à Nashville, mais ce soir-la au Ryman il y avait des fantômes sur cette scène, c’est certain. C’est difficile à expliquer, Nashville est bien plus grande qu’elle ne l’a jamais été à l’époque de son âge d’or. Aussi difficile que soit ma relation avec cette ville, c’était comme si les gens qui sont venus me voir ce soir-là partageaient le même sentiment sur la ville. Ça m’a surpris. J’ai hâte de sortir cet album, je suis fier de la façon dont il sonne. Personne ne m’a jamais vraiment entendu sur un album en live, et les gens ont tendance à dire que je suis un artiste de scène, donc j’espère qu’ils l’apprécieront.

La Face B : J’ai hâte d’écouter ça, et aussi de te voir en concert à Paris le 11 septembre !

Charley Crockett : Moi aussi, c’est le show que j’attends avec le plus d’impatience !

La Face B : C’est vrai ?

Charley Crockett : Oui carrément, je pourrais sauter beaucoup d’autres villes.

La Face B : Merci beaucoup Charley, c’était un plaisir de discuter avec toi.

Charley Crockett : Tout le plaisir est pour moi. Avec grand plaisir !

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ORIGINAL ENGLISH VERSION

La Face B: Along your musical journey, you’ve learned a lot of American folk songs, from different genres and times. You’ve made a few albums covering some of them. How did this nurturing of American folk songs influenced you as a songwriter ? 

Charley Crockett: Well, I’ve learned how to play music in public you know, on street corners and by travelling. I lived an itinerant life and I learned folk songs that I could understand. I’m not a technically trained musician or anything, maybe not the fastest learner. Other young artists were playing folk songs on street corners, I picked up the ones that I could remember. There is this song I learned a long time ago in New Orleans, called Sitting on top of the world, it’s an early folk song by a group called the Mississippi Sheikhs, recorded by everybody else as well, like Bob Dylan. It goes back to the 19th century. It popped into my head the other night, before getting ready to leave town after a late show. Out of nowhere, the lyrics just came back to my head, and that’s always how I’ve learned music. What I like about folk music is it’s a peoples music that tells our story, it’s an oral collective history; so much of it was never even written down, so it has to do with what people can recall by memory. That’s how I approach music, I’ve never really been good at writing songs down. It seems simple but it can also be deceptive, because it can say everything and nothing at once. 

La Face B: I heard you talking about yourself as being in-between white and black, in-between countryside cowboys and urban people, and also in-between musical genres with your music spanning across blues, country, folk… Can you tell me a bit more about that feeling, and how it fits into what you do? Do you see this as an asset?

Charley Crockett: You know in Austin, where I’m based, they put me on a local newspaper cover a few years ago, and the guy who wrote about me called me a stylistic chameleon. I had never heard the term before, and I had a hard time with it initially, because in anything – art, culture, race, identity – people try to look for simple ways to categorize. There’s a negative aspect of that, but also it is kind of human’s nature, to categorize to understand. So I’m becoming more and more comfortable with being misunderstood. If my goal was to get everyone to understand me, I think I would end up disappointed a lot (laugh). When it comes to racial things, I’m responding to the way a broader and broader audience is perceiving me, which has always been a kind of mixed bag, how they look at me physically and then artistically with all of the styles. There is a lot of pressure to identify with something specific in a group, and then when you don’t identify with something clearly it’s easy to feel outcast. I felt a good deal of that. I’ve always benefited from my whiteness but have also always been associated with some percentage of people as being mixed race, and I think a lot of it has to do with how I look but also how I sound. I learned to play around all kinds of people, from hip hop to the folk music we’re talking about, largely performed in public by people of color. When I was on the street I performed mostly with African Americans street performers. So I’ve always felt that ambiguity, but I have been a little surprised that within certain aspects of the Americana scene, how much that identity seems to matter to people that are looking at you, it continues to surprise me.

La Face B: Yeah, people love to put other people in boxes.

Charley Crockett: Yeah, it can be frustrating but it’s also very natural for people to try to simplify you. 

La Face B: Your last album The Man from Waco and 10 for Slim in 2021, are both tributes to the Texan musician James ‘Slim’ Hand, who you hold in high esteem. What impact did he have on you, as a person and as an artist?

Charley Crockett: Growing up in the States, you always sheer about the musicians from the earlier generations. They would be seeing someone like an Elvis Presley or Chuck Berry as a kid, and having that experience would set them on their path, to want to be a performer or whatever. In our generation that was a lot different. By the time I started coming up in music in the 90s, we didn’t have money. I almost never went to a concert; maybe a couple in my life, like a mainstream act somebody I knew’s parents would have gotten them tickets. And I dont even remember who they were so it didn’t have a big effect on me, like people would talk about seeing somebody like Jimmy Hendrix. Long story short, that happened for me with James Hand, kind of by accident. Before going on the circuit, back in Texas, we used to play in a neighborhood in Dallas called Deep Ellum, an infamous black district where the black and white and jewish, all these worlds converged. There was that club we used to go to, and there were all these guys’ posters on the wall. One of them was James Hand, and underneath his name it said “the real deal – Willie Nelson”. I was really enamored by this image. Years would go by before I walked into a bar in Austin that full of cowboy hats, there was somebody on stage I couldn’t see. As he was going from song to song I thought « holly shit, this cowboy is amazing, who is this guy?! » And after about half an hour I realized it was James Hand, who I had never seen before. He was mesmerizing, I had never seen such a performer on a stage within any kind of root music that wasn’t on the street. He hit me at a time where I was getting more and more into playing in bars and with bands, and people were starting to call me country. I hadn’t given a lot of thought about what kind of music I was playing, and James presented a kind of country music that I could be proud to identify with. Following him around really set me on my path. I had promised him I would record his songs and we would tour together. He passed away at the beginning of the Covid pandemic, suddenly. That affected me and that’s why I quickly recorded 10 for Slim, which progressed into this idea of nicknaming him The Man from Waco. He isn’t the first guy to be called that though, there is also another Texan man, Billy Joe Shaver, who had already gone by that nickname.

La Face B: I didn’t know him and I actually discovered him thanks to you, he really is special. 

Charley Crockett: I’m glad you did. He’s a wonderful man.

La Face B: In The Man from Waco you explore ideas of ‘physical and spiritual death’. What were your feelings behind that, what messages were you trying to get across in that album? 

Charley Crockett: When I was 33 I had to go through open heart surgery for genetic issues. I was unaware I was dying, and I got lucky. I actually almost died one night in the back of Willie Nelson’s old tour bus called the Red Headed Stranger, after a record he made back in 1975. That’s a landmark work, considered the first broad appeal concept album in country music. It really broke through in the country world. I learned about that record working for farmers in the mountains in Northern California. I used to do a lot of farm works seasonally when I was travelling back and forth between New York, California, Colorado, Texas etc. It took me a long time, listening to it over and over, before I could put together the story he was telling. So it was a combination of my affinity for James Hand, the Red Headed Stranger idea, with a love and revenge theme, with Bob Dylan, John Wesley Hardin…, all flowing together, taking them all in one piece. That’s what I like about folk music, you have these very old themes in storytelling, these mechanisms that work over and over again, never getting old. I was trying to put all of that into this concept of this man who in his rage shoots his lover, try to kill the new lover and escapes, and eventually drowns himself and lets the river take him. Just me telling simple folk stories, and approaching it from a personal place. I sometimes think I was created with a flawed heart, designed to stop working, and by luck I was given a second chance because I devoted myself fully to this music, for better or worse that’s what I was meant to do. It has helped me to write from a deeper place that before having heart surgery. 

La Face B: Right, I understand seeing life differently after this experience impacted your songwriting.

Charley Crockett: Well you know, nobody gets out alive, every year the seasons get shorter for me. Because of that the flowers that bloom are so much prettier every year, because you realize it’s fleeting, and I’m trying to tell the best story I can. Right now am doing ok, but I don’t know how long people will be interested in what I do, so I do it while I can.

La Face B: Talking about flowers, I saw you share a lot of pictures of flowers and nature on your Instagram account. What’s your relationship with nature? Does it help you to stay sane and grounded when you’re taken in the whirlwind of the music industry ?

Charley Crockett: When I was younger, circumstances in my life led me to a place where I backed in to being a performer in public, because unlikely as it seems to people looking at me from outside, risky as it is to pack your grip and walk out of town and just take your chances on the highways of America, it was the best option for me, it seemed a lot better than the trouble I was in. You know I lived in Paris in the streets for about a year!

La Face B: Ah really!

Charley Crockett: Yeah, it’s a long story how I got there. But what I discovered playing outside on street corners while working in rural America or working my teeth playing in Montmartre or in the subway in Paris, was that when you go to sleep on a park bench or underneath a stairwell in a city, cold and hungry at night, the sun still comes up in the morning. That was a great realization in my life, I understood I could live and rely on performing in exchange for tips. I was actually earning much more like that in Paris than in New York. So I found a lot of strength and power being able to live outside and feed myself that way, that really got me away from the trap set for me given my cultural and economic background in America. You know in this world you either make yourself or someone else is going to make you. And so what I really love about being in the mountains – and I try to dedicate myself to spend time in those places when am on and off the road – is when you get into the high mountains, way up there, in the US especially they’re like sky islands, in very desolate places where its the altitude that allows these fragile ecosystems to exist, both the animals and the plant lives there. And it takes work, you need to walk five hours up a mountain to see a type of flower and a breed of animal that you otherwise couldn’t see anywhere else. That’s one of the most rewarding thing I have found in my life, besides making music and experiencing art and poetry. That’s one of the great gifts of life to me. 

La Face B: I agree, I love that too. 

Charley Crockett: It’s amazing. 

La Face B: Before we wrap up, I wanted to ask you about the concert you did last November at the Ryman auditorium in Nashville, of which you are about to release a live recording. Why did you pick that particular show to make an album out of it? Why was that night special for you?

Charley Crockett: Well, I’ve always had a contentious relationship with Nashville. It may be the home of country music, but when you cross that red river, it doesn’t mean that much to a Texan. Waylon Jenning said that (laugh). But the one place I ever wanted to play in that town, and thought maybe I never would, was the Ryman. I used to hang out in the alley there, behind it, which is right off Broadway and those honky-tonks. I had found very difficult to make money on the streets in Nashville. It’s a crazy place. To be honest, I was afraid of the Ryman and surprised to sell it out on a Monday night. It was actually my manager’s idea to record and film the show. Initially PBS were supposed to film it, but they didn’t have the budget. I had a hard time to let go, so I funded it myself, and because we filmed it, it ended up turning into something we put out as a live album.  As a Texan I would have probably put out a live album recorded in Texas, over Nashville. But because we filmed it, and there were some ghosts taking over on that stage for sure. It’s hard to explain it, Nashville is much bigger than it ever was back in its golden age. As difficult as my relationship is with that town, it’s as if the people who came to see me that night shared the same contentious feeling with the town. I was surprised by that. I’m excited to put the record out, I am proud of how it sounds. Noone has ever really heard me on an album live, and people tend to say I’m a live act, so I hope they will enjoy it.

La Face B: I’m looking forward to it, and also to see you live in Paris on September 11th. 

Charley Crockett: That’s the show I’m most excited about! 

La Face B: Really?

Charley Crockett: Yes, no doubt, I’d skip a lot of other towns. 

La Face B: Well thanks a lot Charley, it was great talking to you.

Charley Crockett: The pleasure is all mine. Avec grand plaisir!