Notre première rencontre avec Charly Marty remonte au 8 avril 2022. C’était à la Boule Noire à l’occasion des 5 ans de la société de management La Percée. Le garçon ouvrait la soirée, s’en étaient suivis les shows de Lisa Portelli et de Martin Luminet. Les présents se souviendront qu’il a débarqué sur scène vêtu d’un drôle de costume boule en plumes qu’il a retiré au profit d’un costume de dandy. Le moustachu plonge dans le grand bain avec son premier EP intitulé Pensées-Piscines. Six morceaux qui révèlent toute la délicatesse d’un personnage clownesque malgré lui. Un EP consolateur de nos petits tracas qui peuvent finalement faire rire aux éclats.
Tout commence avec T-Shirt Nirvana, une première ballade sur fond de rencontre sentimentale à l’adolescence. On imagine aisément la boom en appartement où le garçon déambule en toute discrétion, trop timide pour se montrer avenant. Charly Marty porte un regard attendrissant sur le souvenir et ce qu’il en reste : lui. Alors que la guitare s’anime en solitaire, le morceau se termine avec un chœur et une orchestration totale et même des applaudissements ! T-Shirt Nirvana est la meilleure porte d’entrée à l’univers de Charly Marty, une chanson douce-amère, qu’on pense naturellement autobiographique – quand on voit la dégaine du garçon, la part de mensonge est vite élucidée -, un brin fantasque.
Ondulation R’N’B avec Jennifer, sa love affair de collège. Premier single issu de l’EP, Jennifer est un duo avec sa fidèle amie Léopoldine H.H. C’est avec elle d’ailleurs qu’est né un clip en full plan séquence sur une route de campagne. « Jennifer wana wana wana oui » ; un refrain comme complétement parodique qui joue sur les mots et les sons. Le désinvolte raconte son flirt avec une chute impeccable. Le sourire en coin d’une histoire qui avait tout pour plaire.
Il y a quelques semaines – c’était même carrément l’année dernière -, on en parlait dans notre sélection de clips : Pensées-piscines. Il donne son nom à l’EP. Des pensées qui flottent dans l’eau verdâtre. Là aussi une chouette définition de l’univers de Charly Marty : des pensées qui flottent. Sans queue ni tête s’enchaînent des phrases absurdes. L’appel à sa petite maman, comme un Allô maman bobo revisité par un jeune adulte en gueule de bois en quête de lui-même.
Dans Pour Toujours – dont on parlait aussi dans une autre sélection de clips – l’ivresse heureuse est au rendez-vous. Un morceau qui rappelle la légèreté d’un certain Philippe Katerine. Une orchestration presque digne d’une chanson enfantine. Notre dandy reprend des timbres de chanteurs d’antan tout en portant toujours plus de décalage, toute une signature.
On pourrait croire que Charly Marty entretient un curieux rapport avec les vêtements. Et c’est bien vrai. Avec le vinyle de l’EP, un livret intitulé « Pull over ». Dans cet objet littéraire à mi-chemin entre l’album et le roman-photo, le chanteur revient en images et en textes courts sur des pulls qui ont marqué son dressing et par extension sa vie. Certes l’objet pull over n’est qu’un nom mais on pense à « Game over ». Chaque pull devait disparaître de la garde-robe de quelqu’un a priori. Chacun a sa propre histoire, touchante. La chanson Tee shirt c’est une chanson autour d’une énième rupture. Une chanson lente, délicate et super méga kitsch. On adore ce côté faussement ridicule complètement assumé sur lequel on pourrait imaginer une fin de soirée enivré (évidemment ?).
En guise de conclusion, Charly Marty planque un dernier morceau : Poème Poubelle. Un drôle d’objet sonore à mi-chemin entre le sketch et la chanson d’une durée de 8 minutes. Bribes de chansons et récits, messages vocaux tournés en boucle mis bout à bout sans sens. Une histoire de passerelle. Dans la plus grande des simplicités, Charly nous promène et on se laisse porter.
Pensées-Piscines est un premier EP qui prend le contre-pied de la chanson qui intellectualiserait l’amour ou l’existence. Vous l’aurez peut-être compris, c’est un véritable OPMNI – Objet Poétique Musical Non Identifié -. Charly Marty promène ses auditeurs dans ses souvenirs, ses fantaisies, son spleen doux. Et c’est sa poésie qui fait tout. Son charme c’est ça : la non gravité de ses textes pour mieux digérer l’amertume du quotidien. Des chansons collages sans jamais virer dans le coloriage. Naïf mais pas débile. Délicat comme un enfant qui se surprend à tenir debout. En bon homme de théâtre, il arrive à avoir une prestance sur scène absolument déconcertante et rien que pour ça, on vous le recommande. Si vous ne souriez pas une seule fois, je ne vous comprends pas.
Oh et léger attardement sur l’objet vinyle en lui-même. Parce qu’attendez, on est sur un concept complètement DIY. Face A / Face B c’est presque dépassé chez Charly Marty. Les deux faces sont bien là ne vous en faites pas, à vous de faire la tracklist grâce à une planche d’autocollants que vous fournit l’ami Marty. On n’est pas à l’abri de faire une setlist sur mesure lors de ses concerts. L’artiste participatif c’est Charly Marty.