Château forte : « On a vraiment envie d’explorer avec ou sans contraintes. »

Entre quelques dates cet été et la sortie de leur EP éponyme, on a bâti des idéaux avec Château forte. Discussion toute en contraste autour de leur processus créatif et de leurs influences, leurs inspirations.

château forte

La Face B : Ce n’est pas votre première interview avec La Face B, donc le webzine vous connaît un peu, mais revoir les bases ne fait jamais trop de mal. Est-ce que vous pouvez vous présenter ?

Clément : On s’appelle Château forte, donc c’est Lola-Ly et moi-même, Clément. Nous nous sommes rencontrés il y a quatre, cinq ans – quelque chose comme ça – sur la base d’un projet musical avec d’autres gens. C’est à ce moment-là, on a finalement décidé de faire de la musique en duo.

Pour nous définir, il y a un journaliste qui avait écrit qu’on a « un style singulier qui fonctionne ». Ça nous correspond bien puisque nous n’avons pas forcément envie de définir notre style. On a vraiment envie d’explorer avec ou sans contraintes.

LFB : Percevez-vous votre travail musical plutôt comme une sorte de jeu d’exploration ?

Lola-Ly : Oui, oui. En tout cas c’est ce qui m’intéresse dans la musique. L’idée est de lier des endroits rassurants – qu’on connaît – avec des endroits où on n’a pas trop l’habitude d’aller. Pour essayer de voir les textures, les sensations. C’est autant une exploration vers un ailleurs qu’une exploration en profondeur.

LFB : Cette idée d’exploration, de voyage me fait penser à votre histoire. Il me semble que vous vous êtes rencontrées lorsque Lola-Ly était monitrice de voile.

Lola-Ly : Oui, c’était sur le lac Léman.

LFB : Il y a quelque chose d’un peu fluide aussi dans votre musique, mais en même temps, il y a beaucoup de contradictions entre tristesse et espoir. Quand vous travaillez vos textes, est-ce que vous faites attention à prendre en compte les émotions que vous transmettez ?

Lola-Ly : La traduction d’émotions est présente dans la création, de manière générale. L’émotion a une place primordiale.Enfin, j’ai l’impression que tout provient d’abord des émotions. Et puis d’essayer de trouver des traductions avec des mots, des bruits ou des sons pour pouvoir la retrouver, la retranscrire.

Le fait d’être deux, il y a aussi des endroits où nos retranscriptions se croisent. On se comprend ou pas…Puis, les gens vont l’entendre encore d’une manière différente.

Clément : L’émotion est centrale quand tu fais de la musique de toute façon. Je crois que c’est quasiment tout le travail de recherche : trouver la bonne émotion, le début d’étincelle pour en tirer le fil et en faire quelque chose de consistant.

LFB : A l’écoute de votre premier EP, les thèmes sont assez durs : on parle de d’aveu non amoureux – si on peut dire ça comme ça – de mélancolie, d’insomnie, mais en même temps y a quelque chose d’assez lumineux. Selon vous vous, le musicien travaille-t-il à sublimer des choses un peu compliquées ?

Lola-Ly : Je n’utiliserai pas trop le mot « sublimer » car je ne sais pas si c’est très utile d’essayer de rendre tout beau. Il y a des choses très moches qui sont bien comme ça. Je dirais plutôt « essayer de trouver des choses intéressantes ».

LFB : C’est peut-être l’authenticité qui vous tient à cœur.

Lola-Ly : (sourire) Ouais.

LFB : Et en parlant de de jolies choses ou de choses qui vous plaisent, est-ce qu’il y a des musiques qui ont pu être inspiratrices pour ce premier EP ?

Clément : J’ai beaucoup écouté l’EP de Connan Mockasin, qui s’appelle Jassbusters. C’est quasiment un mini album de cinq longues chansons. Quand on veut produire un vinyle ou un CD, on nous dit que c’était trop long pour que ça soit un EP. Il ne se prend pas trop la tête sur les durées des morceaux et surtout il a un son très organique. Tout est enregistré avec les mêmes instrument tout du long. Lola-Ly aime beaucoup Conan, Mocassin au.

Lola-Ly : Aussi La Preyra, c’est trop beau ! Un duo qui joue des chansons traditionnelles du Berry ou des Hautes-Alpes au violoncelle, au banjo ou à la cornemuse. Ils ont enregistré quelque chose de très organique, naturel. Ça fait une couleur à la musique.

Clément : Ça me fait rebondir sur le fait qu’on a aussi écouté de la musique qui est faite comme ça :  de manière très simple. On s’était aussi fixer de faire cela. Sur cet EP, on a vraiment décidé d’enregistrer juste avec les instruments qu’on utilise dans live. Il y a une boîte à rythme, trois synthés et parfois on a fait appel à un batteur.

On retrouve ce minimalisme dans la musique électro. Enfin, en tout cas dans la techno des années 1980-1990 qui était faite avec très peu d’instruments, juste quelques machines. Aussi, j’écoutais beaucoup Sunshower de Cologne Summer, c’est un morceau d’acide.

Je pense que dans ces références musicales, il y a vraiment cette idée de de spontanéité qui se traduit dans l’EP qui est comme une photographie. On a fait très peu de prise et tout enregistré en live.

LFB : Pour revenir à l’EP, il s’agit du premier objet que vous sortez, qui ne soit pas un single, donc qu’est-ce que ça a pu représenter pour vous cette sortie ?

Lola-Ly : C’est un EP qui est un objet concret. Enfin, on a fait des vinyles, là on fait faire des CD. Cet EP nous a permis de prendre du recul, de pouvoir le regarder et de pouvoir continuer à avancer en le mettant derrière nous

LFB : Cet EP est aussi arrivé à un moment assez particulier puisque vous veniez de finir le chantier des Francofolies. Et qu’est-ce que cette expérience a pu vous apporter, notamment sur l’aspect scénique ?

Lola-Ly : Ça nous a beaucoup apporté sur l’aspect scénique. En fait, on a fait deux ans d’affilée et quand on a arrivé là-bas, on avait fait très peu de concerts, voire un seul concert. Je crois donc c’était vraiment un moment de résidence, on avait la salle du chantier des Franco pour tester des trucs, avoir des gens qui nous faisaient des retours. C’était trop bien.

Par la suite, on a trouvé d’autres temps de résidence. Puis, je pense que maintenant qu’on est plus habitué avec les instruments, les machines qu’on a sur scène, ça va plus vite.

LFB : En parlant de la scène : quels sont vos prochains concerts ?

Château Forte : Alors, on a le prochain, le 7 juillet, au festival de Serverette. Un qui festival organisé par des amis en Lozère, très sympa. Ensuite, une petite tournée en Corse. On fait huit dates quasiment dans toute la Corse pendant dix jours, entre le 13 et le 21 juillet. Voilà et après on reprendra en septembre tranquillement.


Pour écouter l’EP éponyme de Château forte :