La douce folie de Chester Remington est de retour avec Almost Dead, un premier album aux couleurs vives et authentiques. La santé mentale, la vie et ses tracas : derrière une apparente légèreté musicale, les artistes s’emparent de nos peurs pour leur offrir une seconde peau : joyeuse et épanouie.
Crédit : Anthonin Ternant
A la tête du groupe, Odilon Horman. Grand homme au crâne rasé et au sourire communicatif, expert en onomatopées et certifié professionnel en cri de mouette. Sur scène, vêtu de son traditionnel ciré jaune, il sautille, sourit, et regarde ses musiciens. Avec nous, en interview, il se met à nu et se confie : les deux premiers EP’S et puis cet album, qui n’existait pas encore.
Car depuis 2019, il n’a pas chômé. Un premier EP totalement autoproduit et nommé ironiquement Nobody Cares About My 4 Tracks Record en 2020 puis DOLDRUMS en 2022 via le Cèpe Records. Aujourd’hui, Chester Remington rejoint les labels À Tant Rêver du Roi (Pau) & Howlin Banana (Paris).
Almost Dead dépeint en neuf titres l’univers fantasque et exubérant de Chester Remington. Oscillant entre les années 60 et 90, sans jamais choisir, Odilon construit des histoires universelles. Entre The Lemon Twigs et Nirvana, ce premier album lorgne autant sur le psyché que sur le garage et le grunge.
Dès l’ouverture avec Love, on retrouve cette ambiance propre au quintet : les chœurs portés par Renaud le claviériste, quelques riffs aux allures de surf garage et des mots répétés en boucle : It doesn’t make sens / I tear it from the inside. C’est l’amour à l’état brut.
Shake It, morceau déjà clippé, confirme quant à lui le talent du groupe à créer des tubes déjantés. En effet, Odilon s’emballe avec des « lalalaala » cartoonesques et des sonorités semblant venues tout droit des fonds marins. Des petites bulles de vie, un air à fredonner ensemble et une direction inattendue, quand tout avait l’air si bien balisé.
Puis, Black Hole Fireworks, qui apparaît comme le titre de la transition, vers un monde plus sombre et introspectif. Entre des « shalalalala » définitivement addictifs, un clavier aux airs de tuba et une voix échappée d’un dessin animé des années 90.
Avec Chemicals, Life Is Weird et Almost Dead, Chester Remington poursuit sa mue. Les années 60 en filigrane, les onomatopées, et le clavier. Life Is Weird qui se déconstruit sous nos yeux, grâce à des bourrasques de noise. Puis Call 911 que nous avons déjà entendu en live. Les sirènes qui résonnent, les nerfs qui craquent, et l’urgence de jouer. Mais c’est déjà la fin : Almost Dead et les mots qui s’égrènent. Ceux des autres titres, mis bout à bout ici, comme des perles qu’on enfile sur un collier d’enfant. Entre surf garage et post-punk, avec la patte Chester Remington en plus : Almost Dead signe ici une fin d’album explosive. Riffs obsédants, seconde partie riche et exaltée pour conclure sur une boucle dronesque bien dark.
Avec ce premier album, Chester Remington explore les sentiments sans se départir de sa fougue et de son exubérance. Des sonorités agitées et colorées, de la joie et aussi un peu de peine : Almost Dead est un concentré d’émotions qui cohabitent parfaitement au sein de nos pensées.