À peine quelques mois après son passage au Théâtre Sébastopol, le grand Chilly Gonzales nous faisait à nouveau l’honneur de sa présence dans l’écrin du Casino Barrière de Lille, dans le cadre d’une soirée organisée par l’Aéronef. Une soirée que nous ne pouvions pas décemment manquer.
À peine arrivés, on sent que la soirée va être particulière. Comme en Mai, la queue est longue alors que nous arrivons 45 minutes avant l’heure prévue de début du concert. La salle sera comble pour la venue du Canadien, à nouveau dans sa formule trio (mais nous y reviendrons).
20h13, les lumières s’éteignent, M. Gonzales entre sur scène seul. Une seule petit lumière pour éclairer ses mains et le pianiste nous gratifie d’une introduction en solo comme lui seul sait les faire. Transitions impeccables, touché indécent, la salle est emportée instantanément. Il proposera des morceaux de son premier et de son dernier album avec une grande maîtrise, enchainant Chilly in F Minor et Kopfkino à la volée.
Bien évidemment, un concert du virtuose, c’est aussi un peu une conférence. Lors d’une première interlude, il nous parle des arpèges et de leurs places dans la musique, prenant pour exemple Beethoven réarrangé façon hip-hop (« LVB BITCHES »), Glen Miller, The Eagles ou encore Aerodynamic des Daft Punk.
Après une deuxième partie en solo, c’est l’heure d’entrer en scène pour Stella Le Page. La violoncelliste le rejoint pour un premier morceau, avant que Joe Flory n’entre à son tour pour compléter la formation à la batterie sur la fin d’Advantage Points. Les têtes commencent à être secouées et les mains à taper en rythme. C’est l’heure du rap. Fan invétéré, Chilly Gonzales le maîtrise également à la perfection. Il nous le rappelle systématiquement sur The Grudge, interprétée magistralement et dont l’outro en choeurs a cappella nous fait encore frissonner.
En guise de deuxième interlude, une digression à propos du Jazz en prenant l’exemple de Take Five de Dave Brubeck et sa particularité d’être un morceau à 5 temps. Pour essayer de le raccrocher aux standards actuels, il proposera des versions à 4, puis 3, puis 2 temps pour finalement abandonner. « Au final, le mieux c’est peut-être de s’en tenir au quatre temps habituels ». En Français dans le texte évidemment.
Sur ce, Chilly démarre immédiatement Knight Moves. On a beau avoir entendu ce morceau un nombre incalculable de fois, il fait toujours mouche avec la même force. L’apport du violoncelle est une évidence, et Stella Le Page possède un talent rare avec cet instrument (d’ailleurs on vous reparlera d’elle prochainement). À l’issue de ce morceau les musiciens s’en vont à notre surprise, mais un coup d’oeil à la montre nous indique qu’une heure et demi sont passées depuis leur entrée. Le temps d’un battement de cil.
A notre grand bonheur, la troupe reviendra une première puis une seconde fois, accoutrés de sombreros (?!) pour finir avec Never Stop. En tout, deux heures de show passées à la vitesse de l’éclair et l’envie de recommencer très vite. L’Aéronef, si tu nous entends…
En bonus, l’album de la soirée par Sylvain Gauvineau