L’amour est une puissante source d’inspiration. Nombreux sont les artistes qui tentent de retranscrire leurs sentiments à travers leur art, que ce soit pour déclarer leur flamme, ou en guise de thérapie personnelle. La musique de Choir Boy en est un bon exemple. Leur dernier album, Gathering Swans, peut se caractériser comme une ode à l’amour dans laquelle se confrontent excitation et désillusion, mais aussi comme une interrogation existentielle plus large.
Sorti le 29 mai sur Dais Records, ce second album suscite un retour remarqué pour les Américains Choir Boy. En 10 titres, Gathering Swans nous transporte dans une synth pop nostalgique, romancée par la voix d’Adam Klopp – le chanteur du groupe. Ses textes, écrits durant ces deux dernières années, se basent sur ses propres expériences et ses rêveries.
Dès le début de l’album, le registre lyrique saute aux oreilles avec It’s Over, où Adam chante la fin d’une histoire. “C’est fini, laisse la phrase résonner. […] Je devrais te le dire ou tu t’en fiche ? Viens demain, je ne serais pas là”
Sa voix semble déjà lointaine à la prononciation de ces mots. Les paroles résonnent dans notre esprit, implorant les fantômes des relations que l’on a pu vivre dans le passé. Envoûté par les sonorités 80’s, on ressentirait presque une certaine nostalgie de nos amours perdus…
Mais alors que notre esprit se perd dans nos songes, Toxic Eye vient nous prendre par la main. Les premiers mots de ce morceau, Ba da da Ba da da da da (là j’ai pas de traduction pour vous désolée) et l’air joué à la trompette nous redonne tout de suite le sourire. Finalement, en prêtant une oreille un peu plus attentive, on se rend compte qu’insidieusement tout n’est pas rose. “Le rire est rare. Dis moi pourquoi lorsque une punch line atterrit sur mes genoux je préfère pleurer?”
A en croire les paroles, Adam semble révéler une plaie ouverte. Une plaie qui rappelle inextricablement celle représentée sur son visage dans le clip et sur la pochette d’album. Une larme de sang est figée sur son visage pâle, dégoulinant de son œil droit balafré – à la limite du gore.
Dans Complainer, Adam se rend compte que “c’est une blessure qui ne guérira jamais”. Il entonne : “je suis juste un plaignant” tout en portant de lourdes chaînes autour du cou dans le clip. Finalement, le chanteur a l’air de se complaire dans cet état d’esprit : “Mais ce n’est pas si terrible, en fait je n’ai jamais vraiment passé de mauvais moments, c’est juste que j’aime me plaindre ! ».
Puis, bercés par sa voix onirique, Nites Like This nous transporte à nouveau dans un état de romance et de mélancolie. Avant que ne sonne la cloche dans St Angela Merici, comme une douce pause d’1:45 au milieu de l’album.
Un peu plus loin, Happy to be bad vient nous réchauffer le cœur avec ses notes ensoleillées et des paroles qui s’écoutent comme une belle promesse : “Je suis si heureux d’être près de toi”/ “Quand je te regarde dans les yeux, je sais que c’est vrai “. L’espoir renaît alors.
Cet espoir se retrouve dans Gathering Swans, le titre éponyme de l’album. Le désir naissant de constituer d’une famille est même évoqué. Ce dernier morceau fait référence à l’idée de rassembler des cygnes pour créer un nouveau monde lorsque celui-ci tourne mal, à l’image de l’Arche de Noé. C’est une métaphore sur le fait de créer ou de trouver quelque chose de beau après que qu’on se soit senti désillusionné par le monde.
A travers ce dernier titre, on retrouve une certaine cohérence dans l’album. En surmontant le cynisme et le nihilisme de la vie quotidienne, Choir Boy nous élève vers un monde porté par l’espoir dans lequel résonne la voix angélique d’Adam. On en ressort profondément touché.