All is Wind dévoile son premier EP

All is Wind, c’est le duo formé par Léonard Dimanche et Martin Vigne. Les deux musiciens mêlent leurs univers dans un premier EP éponyme, sorti le 5 décembre. Au fil des six morceaux, ils dévoilent une Folk Progressive imagée, exigeante et sensible. Un premier disque introspectif aux textes métaphoriques, qui s’intéresse au temps qui passe et au caractère éphémère des choses.

La rencontre de deux univers

Si All is Wind est la toute première sortie du duo, les deux musiciens n’en sont pas à leur coup d’essai. Martin Vigne est un pianiste et producteur de talent, qui accompagne sur scène et en studio des artistes dont on vous a déjà parlé ici, notamment les rappeurs Lémofil et Clovis. Dans chacun de ses projets, il apporte une richesse d’influences – classique, métal, jazz… – toujours au service de l’émotion. 

Léonard Dimanche dévoile pour la première fois sa voix sur un disque enregistré mais, sur scène, il est la moitié du duo La Burrata, aux côtés de la comédienne Clara Gelot, dont il illustre les histoires en musique.

C’est au hasard de la scène que s’est faite la rencontre entre Martin et Léonard, et dès la première session studio, il est devenu évident qu’une collaboration allait voir le jour. Un an et quelques mois plus tard, sort All is Wind, un premier EP qui assoit l’identité du duo et se nourrit de l’expérience des deux musiciens.

Un amplificateur d’émotions

Pochette du morceau Heartbeat

Depuis le début, le groupe cultive une forme de spontanéité dans la composition. Ils se laissent emporter par un instant, une émotion, et tiennent à retranscrire cet emportement en musique. Sans l’abîmer ou le polir. C’est ce qui donne à leur premier EP cette sonorité organique, vivante et naturellement poignante. Ce mélange d’émotion brute et d’exigence artistique rappellent des groupes comme Portishead ou Radiohead, qui inspirent le duo.

S’il fallait choisir un mot pour qualifier la musique d’All is Wind, c’est “libre”. Forts de leurs influences multiples, ils n’hésitent pas à sortir des sentiers battus pour créer des ambiances puissantes et mouvantes. Plusieurs morceaux de l’EP, à commencer par son Introduction, ne respectent pas la structure classique couplet-refrain. Un titre comme Instruction of use est rigoureusement inclassable, avec son intro Rock, son interlude guitare sèche / saxophone et son final explosif. Il est suivi d’Heartbeat, ballade planante aux chœurs célestes. 

Leur musique est aussi libre d’interprétation. De par ses textes métaphoriques, mais aussi ses nuances. Bien loin du pathos, le duo voit sa musique comme une toile blanche, sur laquelle chacun·e peut déposer ses propres images et émotions. Dès la première écoute, on se laisse porter par ce que la musique suscite, de la même manière que les musiciens se sont laissés portés par le moment. Le groupe souhaite que chaque morceau soit un « amplificateur d’émotions« , quelles qu’elles soient.

Une introspection cryptique

L’Introduction marque le point de départ d’une introspection qui traverse tout l’EP. Il y est question de puiser au plus profond de soi-même pour mieux se comprendre. Cette idée est prolongée dans Instruction of use (littéralement, “mode d’emploi”), où le narrateur accepte de se regarder en face, et d’avancer malgré l’incertitude. 

“I was afraid of what’s hidden
Down in the depth”

(Traduction : “J’avais peur de ce qui se cachait
En bas, dans les profondeurs”)

Après avoir affronté ses tempêtes intérieures, il s’autorise enfin à écouter son cœur dans Heartbeat. Ce qui le fait battre et qu’il a mis de côté trop longtemps. 

Pochette du morceau Rope Theory

Le temps qui passe, au cœur du projet

La deuxième partie du disque est composée de trois réflexions sur la vie, le temps qui passe et les relations. Dans A way out, on s’élève et on observe le monde, léger comme l’air. La production du morceau, plus épurée, laisse toute la place à une mélodie douce-amère, qui joue sur de subtils changements d’harmonies. Rope Theory raconte un lien qui peu à peu se défait, à travers l’image d’un tissu qui se déchire. Là encore, la question du temps est centrale :

“Soon all will hang by a thread
Will time stop then ?”

(Traduction : “Bientôt tout ne tiendra qu’à un fil 
Le temps s’arrêtera-t-il alors ?”)

Comme pour symboliser l’élasticité du temps, qui donne parfois l’impression d’être suspendu ou de passer à toute vitesse, le rythme du morceau accélère sans crier gare, avant de retrouver sa lenteur.

Une version live d’Hollow Vases en piano-voix conclut le disque. Le cœur est représenté par un vase, qui s’emplit et se vide, se brise et se réassemble au gré des rencontres. Recouvertes d’or, ses fêlures se révèlent dans ce qu’elles ont de plus beau. Elles font partie de soi et n’empêchent pas le vase de se remplir à l’arrivée d’un nouvel amour. En d’autres mots, le temps qui passe laisse des marques indélébiles sur notre vie. Mais celles-ci font notre unicité, notre force, et la beauté de l’existence.

Une musique imagée

Bien que venant d’univers musicaux différents, Martin et Léonard partagent un amour pour la musique à l’image. Ce n’est donc pas un hasard si la musique d’All is Wind vous évoque des scènes de cinéma. Ce n’est pas non plus étonnant qu’ils aient poussé loin la réflexion sur les visuels qui accompagnent leurs premier EP.

Léonard Dimanche, qui est graphiste, a réalisé lui-même la pochette. Pour cela, il a réalisé des « portraits réfractifs » du duo. Partant d’une photo, il a déformé leurs visages à l’aide de la réfraction d’une plaque de verre, d’encre et d’un logiciel 3D. L’idée était de représenter visuellement le passage du temps et son effet sur nos vies. 

Ce courant perpétuel a également inspiré les six artistes à qui le groupe a donné carte blanche pour illustrer les titres de l’EP. A sa manière, chacun·e a pu donner libre cours à ses ressentis et interprétations.

All is Wind, premier EP du groupe éponyme, est un disque qui s’apprécie avec les oreilles et les yeux. En fusionnant leurs univers, les deux musiciens ont donné naissance à un projet véritablement original. Accompagnés d’artistes de talent et nourris d’influences hétéroclites, ils mêlent les genres avec brio pour créer un son qui leur ressemble. Ils se laissent guider par les émotions, et celles-ci nous parviennent dès la première écoute, belles et complexes.

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