Ben PLG : Quand la réalité devient musique, la création fait des miracles

Ben PLG frappe fort avec un nouveau projet, Paraît que les miracles n’existent pas. L’écriture gagne en précision, les prods étonnent — dans le bon sens du terme — et les clips signés Bien Vu production claquent comme du ciné. À 33 ans, le rappeur du Nord prouve qu’il cultive encore une certaine idée du rap : noble, exigeant, et ancré.

Faire rimer le réel

À 33 ans, Ben PLG vide ses poches : galères, échecs, spleen en bandoulière. Pas de storytelling maquillé, juste la vie brute. Comme il le dit lui-même : “Elles sont belles vos peintures, mais je préfère raconter les tâches.” Pas d’esthétisation de façade. Ben PLG se livre comme jamais, allant plus loin que sur ses précédents morceaux. Il aborde des sujets intimes : l’absence du père biologique, l’amour sincère pour le père adoptif, et une quête d’indépendance qui traverse tout le projet. Le rappeur pousse la sincérité jusqu’à même inviter sa propre mère sur l’un des morceaux : Le chant des oiseaux — et ça sonne vrai.

Son dernier projet, Paraît que les miracles n’existent pas, respire la nostalgie et l’authenticité. Dès la première écoute, on constate et on apprécie : c’est un album réussi, notamment grâce à la cohérence des morceaux ainsi qu’à l’identité musicale affirmée de l’interprète français. Le refrain du morceau éponyme sample Natural Blues de Moby — un choix qui injecte une charge émotionnelle supplémentaire aux paroles à coeur ouvert de Ben PLG 

Pour ce qui est du casting, on croise donc sa mère (48k d’auditeurs par mois sur Spotify), mais aussi  le rappeur ZKR et le chanteur Zed Yun Pavarotti, pour un projet qui oscille entre confidences intimes et collaborations bien senties (ou presque…). Côté prod’, Lucci’, Murer et Le Caméléon bossent fidèlement dans l’ombre, mais tissent un fil musical hyper chiadé. Quelques sonorités électroniques, inattendues pour du Ben PLG. Et pourtant, ça fonctionne : textes ciselés, prods léchées — de quoi faire carburer l’imaginaire. Résultat ? Deux clips signés Bien Vu Production, ultra soignés, à mi-chemin entre clip et cinéma.

Ben PLG, c’est le gars du Nord – Tourcoing, pour être précis – qui a mis son accent et ses galères sur la table, sans filtre. Du rap à l’ancienne qui s’infiltre dans la nouvelle gen’, boom bap dans l’âme, conscient dans le texte, le tout saupoudré d’un spleen régional bien assumé. L’introspection est réelle, et l’engagement n’est pas juste un mot-clé pour algorithme. De son vrai nom, Thomas Léger, rappe donc les failles, rend hommage aux siens et à toute une mémoire ouvrière du Nord. De l’émotion, oui, mais jamais mièvre. Juste ce qu’il faut pour toucher sans appuyer.

Une politique poétique

Dans un rap game où l’amnésie politique devient presque tendance, Ben PLG, lui, se souvient. Aristote balançait que “l’homme est un animal politique” — Ben PLG, lui, te regarde droit dans les yeux et lâche : “Le rap est une musique politique”.

Pas besoin de lever le poing toutes les deux mesures, il dose juste ce qu’il faut. Un flow hargneux, une voix rauque qui dit des trucs, pas qui sermonne. “J’écoute pas mon président, j’écoute les histoires de la caissière” : tout est dit. L’attention portée aux vies invisibles, aux récits du quotidien, c’est ça, sa manière de politiser.

Un engagement à taille humaine en 11 tracks. Et puis, Ben PLG est réaliste et n’oublie pas d’où il vient : “On est des fils d’ouvriers, on va pas devenir des riches trous du cul”. Son album s’érige telle une fresque sociale où il dépeint ses engagements comme le rejet de l’homophobie, la misogynie ainsi que l’extrême droite (ndlr, petite pensée au morceau Les Tiktok de Bardella – dédié au politicien RN – qui décrit bien l’air du brainrot, ou abrutissement numérique, polit@ique  actuel).

Ce n’est pas juste un discours, c’est une posture : rester fidèle à soi, même si ça fait fuir les streams. Ben PLG ne joue pas au caméléon, il gratte là où ça gratte. Et c’est précisément ce qui rend sa musique à la fois nécessaire… et tellement plus que “juste engagée”. 

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