Breizh détient Championne

Quand on parle de la nouvelle scène bretonne on pense bien souvent – et à juste titre – à notre duo bien aimé Gwendoline. Le hasard géographique fait qu’ils se sont partagés le même photographe : Aloïs Lecerf et un membre – Micka – le temps de l’aventure Cavale Blanche. Cessons de tourner autour du pot, aujourd’hui, on prend la plume pour vous parler de Championne et de son EP éponyme sorti sur le label rennais Parapente en début d’année.

Quand on l’a vue la première fois à Paris, c’était au Point Ephémère, elle ouvrait avec talent pour Bleu Reine. Elle portait un tee shirt Nirvana, une jupe d’écolière. Sa frange brune était bien droite plaquée, la queue de cheval haute et ondulée à la sortie. Derrière ce sobriquet sportif se cache à peine la rennaise Mathilde Lejas. Repérée dans d’autres projets tels qu’Hanry ou comme cité plus haut Cavale Blanche, elle fait enfin ses premiers pas en solo avec un projet aux sonorités cold comme on les aime pour dévoiler un EP aux 3 titres prometteurs.

Bilboquet ouvre le bal. Et dès les premières secondes on frémit à la question « Qu’est-ce que j’fous là ? A faire un bilboquet avec toi ». L’ambiance glaciale est posée, les mots se foutent dans la bouche sans mal et on se surprend à chanter avec elle instantanément. Une basse puissante et une rythmique entraînante suffisent à nous embarquer dans son univers de poupée détraquée à la voix songeuse. Bilboquet questionne le désir en le posant comme un jeu à deux où l’un (ou l’une) domine forcément l’autre. On pense aux textes d’une certaine Jennifer Ayache qui se seraient parés de l’encre plus trouble de la coldwave.

La noirceur on la retrouve dès la phrase qui lance Fête, le deuxième titre « Je veux m’euthanasier la tête ». Fête n’a rien de positivement festif, le morceau navigue dans un voyage au sein des sonorités très rock, la guitare y est à nouveau très froide et les basses bien lourdes. Et comme chez Pierre Soulages, des nuances de noir se déploient tout au long de la piste. 

Vous seriez presque tentés de chantonner du Joe Dassin mais arrêtez vous là, ça vaut mieux pour vous. Championne entonne Petite mort. On s’en remet au désir, celui qui fait toujours tout dégénérer. Sensualité au rendez-vous. Les sonorités sont plus lumineuses. Les synthés plus aériens y sont probablement pour quelque chose. Et on ne les boudera pas, c’est réussi.

On aura qu’un mot pour Championne : fonce ! On ne cache pas notre hâte de découvrir ce qu’elle est capable de composer. Visionnages hautement recommandés de son passage aux dernières Trans Musicales. Quelques vidéos ici et là vous laisseront apercevoir un autre morceau intitulé Rien tout aussi savoureux. Gageons que Championne s’entoure des meilleurs coachs pour être propulsée, elle a les compétences. Comme dirait l’autre, « la Bretagne ça vous gagne ». 

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