Hoorsees est de retour avec son deuxième album. Enregistré il y a deux ans en plein confinement, A Superior Athlete est plus lumineux, plus captivant que leur premier disque. Plus Pop aussi, pour le meilleur, pas pour le pire. Toujours aussi sensible et vibrant, tantôt dansant, mélancolique, solaire ou cynique, c’est parti pour une chouette balade aux côtés d’Hoorsees.
Comme nous le racontaient les membres du groupe lors de notre entrevue à l’occasion de la sortie de leur premier album, iels font une musique pour se retrouver soi-même, pas pour changer le monde. Ceci étant, voilà une chose qui n’a pas changé sur ce deuxième disque. Hoorsees veut faire du Pop-Rock, un terme qui est presque devenu une insulte à l’ère de la musique Indie. Pourtant, force est de constater que cette ligne directrice leur permet de nous offrir une musique plus assurée, avec aussi des choix artistiques plus assumés, à l’instar de la voix d’Alex, que l’on retrouve pure et scintillante lorsqu’elle n’est plus couverte d’effets.
Cette inclinaison Pop se retrouve notamment dans la cascade de mélodies brillantes qui se déversent le long des 10 morceaux de l’album. Il y a en effet des airs imparables : on pense à Jansport et ses jolis refrains gentiment entêtants. On trouve un clin d’œil aux années 60 sous forme de Sha-lah-lah-lah dans A Superior Athlete et TV In The Morning. Il y a également Week-end At Bernie’s et sa fin survoltée, sur laquelle Hoorsees nous offre un hymne tout trouvé à reprendre en chœur à chaque concert.
Cette force mélodique nouvelle est une véritable bonne surprise, car elle confère à l’album un éclat fort appréciable, et dote ses créateurs de brillance et de fraîcheur. Attention toutefois à ne pas s’y méprendre, Pop ne veut pas dire niais. A cet égard, le groupe n’a rien perdu de sa force, et s’est clairement refusé à sacrifier le fond pour la forme.
En effet, derrière l’allure parfois évasive et légère des chansons se cache un véritable recours à la catharsis. Alex nous raconte avec une sincérité touchante toutes ces choses un peu bancales qui viennent déséquilibrer l’existence. Ces introspections douloureuses, comme exprimées dans Cream & Onion, ou ces vacances ratées, teintées d’anhédonie sur I’m Wearing My Raincoat In Summer.
Écrit lors du confinement, le disque est aussi un récit de l’ennui, bordé de questions existentielles et de saynètes fantasmées par l’imaginaire ou inspirées par les longues heures passées à tuer le temps devant un écran de télévision devenu seule compagnie. TV In The Morning, justement, dessine cet aveu tremblant et clôt le disque, offrant une sorte de conclusion logique à tout ce qui aura été exprimé durant ces trente minutes et quelques de récits vibrants.
En dépit de ce léger penchant pour la mélancolie, l’album ne tombe à aucun moment dans le mélodramatique. Au contraire, il garde tout du long une certaine nonchalance, souvent mise en exergue par ses accès Rock empruntés aux années 90 et 2000. L’efficace et rentre-dedans Blue Pants en est le meilleur exemple. Drama Kings se veut également entraînant et dédramatise le ton de l’album avec un léger cynisme.
Le mordant que cela confère au disque permet d’installer une distance entre les textes souvent sombres et la musique de Hoorsees qui tend à s’éclaircir un peu, tout en conservant sa verve originelle. Cette distance est bien entendu aussi entretenue par le choix réitéré de chanter en anglais, autant par pudeur que par goût esthétique. Quelques élans shoegaze se font entendre sur Memory’s Knife et son final en mur de guitares. Cette esthétique est lissée sur l’ensemble du disque.
Au final, c’est un excellent album que nous livre Hoorsees. Avec A Superior Athlete, iels montrent qu’iels osent surprendre, venir chercher là où on ne les attend pas forcément. Sur nous, en tout cas, le pari a fonctionné. De musiques déprimantes aux textes solaires, iels se sont ici amusés à composer des morceaux plus lumineux qui puissent accueillir des textes sombres. On a hâte d’entendre leur prochain renversement, car c’est toujours un plaisir que d’écouter la musique de Hoorsees, que ce soit dans son lit, dans le bus ou en vacances, que celles-ci soient merdiques ou pas.