La première fois que vous l’avez entendu, c’est sur Europe 2 La Face B. Louis-Victor, chanteur des Hauts de France, nous avait fait confiance dès ses premiers singles. On a suivi le début de son aventure, ses premiers clips, son premier EP et désormais : son premier album. Petite Finale, c’est son nom, nous relate les questionnements du passage à l’âge adulte, les choix, les joies, les déceptions. On l’accueille comme le reste : avec beaucoup de bienveillance et d’intérêt, sans savoir où son chemin va nous emmener.

Selon Wikipédia, la petite finale, encore appelée finale des perdants, finale de consolation, finale pour la troisième place ou finale pour la médaille de bronze, est une rencontre sportive opposant les perdants des demi-finales de certains tournois à élimination directe, afin de déterminer qui occupera la troisième place.
En extrapolant, on peut imaginer que la petite finale, dans la vie, ça représente tous ces moments où l’on fait à face à des défis qui ne changeront pas le sens de rotation de la terre mais qui ont du sens pour nous. Ne pas bafouiller en se présentant au début d’un date, brancher la prise USB du bon côté du premier coup (maudit soit l’inventeur de l’USB-C qui nous retire peu à peu cette satisfaction), réussir à négocier une augmentation de salaire, bref vous voyez l’idée. C’est sans doute aussi, quand on grandit, la prise de conscience qui arrive peu à peu, et qui nous dit que potentiellement, on ne changera pas le monde à nous tout seul, on ne deviendra pas champion(ne) du monde de Formule 1, Président(e), et au final c’est peut-être mieux comme ça.
Ces sujets, ils sont abordés par Louis-Victor dans son premier album, pêle-mêle entre relations amoureuses, introspection et quête de soi, mais aussi la vie professionnelle.
10, c’est le nombre de titres présents dans Petite Finale. C’est aussi le numéro de maillot du double Z qui a conduit la France à l’éternité. Coïncidence rigolote, mais qui n’en est peut-être pas une ? On laissera à l’artiste le soin de confirmer ou non. Pour y revenir, les dix titres s’enchaînent avec une facilité déconcertante malgré des ambiances très différentes, entre dance, balade et pop nihiliste.
Nos coups de coeur, ce sont Dolce Vita, Herr Vé mais surtout 30 ans.
Dolce Vita parce qu’il est un beau message : tant qu’on est ensemble, qu’on soit à Rome, Marseille ou au fin fond des Ardennes, on a le principal. Et puis c’est à jamais le premier titre présenté par le chanteur du Nord.
Herr Vé parce qu’il reste en tête toute la journée et se rappelle à nous sans qu’on lui ait rien demandé (un peu comme ton chef relou qui dit demande toutes les cinq minutes où en est ton dossier). Et puis, sous couvert de taquiner nos managers toxiques préféré(e)s, il les prend également en compassion, reflets qu’ils sont d’un système voué à appliquer une violence descendante de la hiérarchie vers les salarié(e)s et assimilé(e)s. Bref, une dimension politique et une parti pris qu’on n’imaginait pas vraiment à l’heure d’explorer l’univers Pop de Louis-Victor.
Et puis 30 ans, parce que quand on fait partie de la génération du début des années 90, on ne peut qu’être sensible à son message. Sentiment de déclassement et de retard par rapport à nos parents qui avaient déjà un ou deux enfants à nos âges, impression de ne pas avancer aussi vite que les entourages dont la réussite sentimentale et/ou professionnelle ne nous semble pas aussi évidente. Forcément, la pression sociale et les perspectives d’avenir ne laissent pas beaucoup de place au rêve et à la confiance en l’avenir, d’où un refrain volontairement cynique, « autant crever », qui laisse peu à peu la place à une autre prise de position d’amour, de fête et de joie.
Bref, si toi aussi tu as vécu une crise de la trentaine, ou que tu as envie de savoir à quoi ça ressemble, Petite Finale de Louis-Victor est sans doute le meilleur endroit où commencer.