Septembre Ardent : promesse de la grâce

Septembre Ardent. Un quatuor qui propose un objet sonore éponyme inédit dans le paysage musical. Nosfell et Donia Berriri se sont entourés du violoncelliste Valentin Mussou et du clarinettiste Jean-Brice Godet pour composer cette œuvre d’une immense poésie. Inspirée de la nouvelle de l’américain William Faulkner, la formation signe une œuvre singulière qui se présente comme une fiction puissamment incarnée.

Septembre Ardent a pris soin d’enregistrer son travail. Mais nous ne pouvons que fortement recommander de les découvrir à travers le live. C’est surtout à travers la scène que tout se joue. Mais aussi, c’est le lieu le plus central pour que les émotions vous envahissent, pour peu que la lumière soit tamisée et le cadre propice à la découverte.

C’est la voix de Nosfell qui se pose en langue arabe sur Procession où la clarinette de Jean-Brice Godet l’accompagne d’une boucle infinie. Petit à petit, l’histoire se déroule. Des percussions rythment le morceau tel un cheval qui galope dans le désert.

C’est avec Ici le sable que la poésie envahit progressivement l’espace. Les voix de Nosfell et de Donia Berriri s’entremêlent pour la première fois et nous enveloppent avec leur douceur commune. Comme si ce sable chaud s’élevait délicatement. La clarinette comme un oiseau spectateur au loin qui tourbillonne au-dessus de nos têtes.

Un poème est lu en introduction. Le morceau minimaliste progresse lentement. Un jour sec laisse rapidement place à une course des machines en arrière-plan. S’entame alors comme une transe électronique ponctuée par la fidèle clarinette.     

Le clavier d’ouverture est feutré. Le violoncelle plus onctueux – probablement lié au fait que l’archet soit de sortie -. Incendie éblouit et se fait chaleureuse, gagne en puissance crescendo pour s’achever presque brutalement.    

Des notes de clavier qui sonnent comme de fines gouttes de pluie. Sur Illégale la voix exceptionnelle de Nosfell se transforme, se féminise et nous envoûte. Fermez les yeux, vous imaginerez des tissus, des ombres qui ondulent. En concert, c’est les mimiques du chanteur qui vous interpelleront, une véritable métamorphose.

Sur un fond presque jazzy, Le départ mêle arabe et français. Les voix se croisent. Puis la musique prend un virage inattendu où les bizarreries électroniques côtoient le cuivre pour mieux partir dans une espèce de cacophonie orientale qui invite le free jazz. La conclusion s’appelle Dis-moi, exclusivement en arabe. Les voix seules, nues suffisent à clore l’opus.

Septembre Ardent livre une expérience sonique rare où les instrumentations se mettent au service de voix fabuleuses. Si l’on parle souvent de théâtralité dans les prestations, il est nécessaire de découvrir celle du quatuor pour peu que l’on soit curieux, ouverts à la rêverie. Elle vous fait entrer dans une autre dimension, celle de la promesse d’un moment de grâce suspendu dans l’air qui se mêle à une part de mystère toute entendue.  

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