SONS : les Sweet Boys qui en ont ras-le-bol

Depuis toujours un genre rempli de revendications, le Rock et ses dérivés sont depuis quelques années des genres emplis d’introspection. Écrit en plein confinement, Sweet Boy, le deuxième album de SONS, est nourri des questions brûlantes qui ont germées dans les esprits des quatre membres pendant cette période trouble et inédite. Déflagration Post-Punk d’un groupe si jeune et déjà si prometteur, Sweet Boy marque également un gain de maturité musicale éclatant.

Pochette de Sweet Boy par SONS

Groupe belge formé en 2018, SONS s’est très vite imposé sur une scène musicale dense. Leur musique incandescente leur a permis d’embraser chaque scène dont ils ont foulé les planches. Quoi de mieux pour se lancer en bonne et due forme que de remporter De Nieuwe Lichting, le fameux concours jeunes talent du Studio Brussels ? Très vite, ils sortent leur premier disque, Family Dinner, survolté, taillé pour la scène. SONS va d’ailleurs écumer les scènes aux quatre coins de l’Europe pour faire bouger les têtes et danser les âmes sur sa musique frénétique. Jusqu’à ce qu’ils soient forcés de faire une pause. Celle-ci s’est montrée propice à l’écriture d’un nouveau disque. Plus sombre, plus complexe, mais toujours aussi caustique.

Il faut d’abord dire qu’avec Sweet Boy, SONS est infailliblement venu se nicher dans un Post-Punk tumultueux. Toujours accrocs aux rythmes effrénés, comme nous le prouve I Don’t Want To et sa verve Garage-Punk. Ces derniers sont devenus plus lourds, souvent massifs. L’exemple le plus significatif serait certainement Hot Friday et son mur de son tout droit sorti des nineties. Shadow Self est certainement l’une des plus belles pièces de ce disque. Post-Punk enragé, couvert de guitares tantôt grinçantes, tantôt déchaînées qui viennent porter un chant viscéral. Les refrains sont sauvages, de vraies explosions d’énergie entrecoupées de couplets assurés et vindicatifs. Au même titre d’ailleurs que L.O.V.E, furieuse, débridée et emprunte de colère, celle provoquée par l’assassinat d’un jeune homme par un groupe d’homophobes dans l’un des lieux que le groupe côtoyait. Cet hommage vibrant teinté d’incompréhension en est encore plus percutant : « love is nothing but love ».

SONS a néanmoins réussi à garder la nonchalance de leur premier opus. Nothing est un hymne ultra-efficace dont on retrouve quelques effluves du son de Family Dinner. Invitation à foutre le bordel et envoyer valser les conventions que la société ne cesse de nous balancer à la gueule. Ce morceau réclame le live, qui s’inviterait presque chez nous, comme l’illustre l’excellent clip qui l’accompagne. La pression sociale et le décalage ressenti par celleux qui ne veulent pas se plier à des normes rigides ou archaïques est d’ailleurs l’un des thèmes majeurs de l’album. Le titre éponyme, accompagné d’un clip épileptique, nous prouve encore une fois de plus l’incroyable ardeur, époustouflante, dans laquelle SONS est capable de se plonger. Une section rythmique ultra-carrée et des riffs explosifs qui ont fait la notoriété de leur premier disque.

On retrouve également sur Sweet Boy certains élans Punk plus légers, sur la forme du moins. Notamment Bike, Road-Punk qui nous souffle des envies d’évasions. Se tirer comme le protagoniste du morceau qui cherche à partir, partir loin pour tout recommencer.

Il faut dire aussi que le groupe a pu laisser infuser leurs multiples influences, qui se révèlent être variées. Globalement très cohérent, malgré la richesse des inspirations qui émanent du disque. Et c’est là que se précise l’idée de maturité musicale. De Succeed, premier morceau de l’album avec ses guitares lancinantes et son groove entraînant à Pixelated Air qui clôt ce dernier en démarrant comme la fin d’un concert de Nirvana, avant qu’un rock presque Stoner teinté de psychédélisme ne viennent s’étaler à la manière de Black Rebel Motorcycle Club sur 4 minutes d’un trip psychotique ébouriffant, SONS nous aura prouvé sur Momentary Bliss qu’il est pleinement en mesure de venir déposer un sentiment de mélancolie minutieux et sincère. On y trouvera aussi Another Round et sa verve Pixies, sur laquelle les guitares se confrontent en paysages sonores complexes pour mieux se rassembler en une déferlante d’énergie.

Pour conclure, on peut dire que SONS s’est magnifiquement bien installé dans le paysage Post-Punk de notre époque. Tout en réussissant à garder leur identité propre comme un précieux trésor (et il le faut !). Disque exaltant à l’efficacité hors-norme, Sweet Boy n’est jamais lassant. Les membres du groupe ne laissent pas de répit à l’auditeur qui se retrouve très vite emporté par l’énergie folle de cet album, ses mélodies béton et sa fougue sans faille. SONS ne lâchent rien, propose un album dense, tranchant, pleinement ancré dans son temps. Empruntant avec raison à plusieurs styles, entre héritage honoré et modernité pleinement maîtrisée. Leur musique ne fait pas que s’écouter, elle se vit, tout comme leurs textes, percutants et sincères.

C’est bon de savoir que dans un genre qui semble arriver à saturation d’artistes qui s’en réclament, ceux-ci en ont toute la légitimité tant ils arrivent, chacun, à apporter leur touche. SONS aussi ont apporté une pierre à ce qui est en train de devenir l’un des plus beaux et des plus grands lieux de la musique contemporaine.

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