Cigarettes After Sex : X’s , un troisième opus toujours aussi planant

Après un 1er album éponyme en 2017 suivi de « Cry » en 2019, les Texans de Cigarettes After Sex reviennent avec X’s pour notre plus grand plaisir. Emmené par Greg Gonzalez, le groupe de dream pop n’en finit pas d’explorer les méandres de l’amour et nous offre un troisième album vaporeux, intime, toujours aussi planant.

Dès la première écoute, X’s nous embarque dans l’univers si particulier de Cigarettes After Sex. La recette qui a fait le succès du groupe continue d’opérer. On y retrouve leurs fondamentaux : l’amour – absolu, intime – la voix androgyne reconnaissable entre mille de Greg Gonzalez qui sert des textes introspectifs à la fois sans détour et énigmatiques, teintés de passion, de désir, de mélancolie, de souffrance aussi. La guitare électrique, omniprésente, vient colorer et envelopper l’album avec délicatesse. La batterie, la basse et l’ajout d’un clavier épuré structurent subtilement les dix morceaux qui composent l’album, extrêmement homogène. On en redemande.

Ecouter X’s, c’est comme s’installer au coin du feu par une longue soirée d’hiver en sirotant une infusion au miel et à la cannelle, feuilleter les pages jaunies d’un vieil album photo, profiter d’un coucher de soleil sur une plage abandonnée. On ressent une douceur familière, réconfortante, un sentiment de bien-être qui nous envahit, jusqu’à l’abandon au plaisir de l’instant présent.

En deux petites lettres, la polysémie du titre nous met d’emblée sur la voie de ce troisième opus. Fidèle à ses sujets de prédilection, le groupe aborde les thèmes de l’amour charnel, du désir, des relations passées. En l’occurrence, l’album retrace des moments, heureux et malheureux, d’une relation de Greg Gonzalez longue de quatre ans. Spoiler : les histoires d’amour finissent mal…

Gonzalez dissèque les nuances des sentiments amoureux

L’album débute par le morceau X’s, dans lequel il évoque une relation sensuelle insatiable, empreinte de tendresse, de sincérité, d’insouciance et d’abandon. Et puis vient le tendre Tejano blue, l’un des trois singles de cet opus. Le titre et le rythme légèrement plus enlevé se réfèrent aux racines texanes de Gonzalez. Les paroles évoquent la passion incandescente. Ensuite, dans Silver sable, le tempo redescend et on plonge dans la nostalgie d’une époque plus insouciante, puis dans le désir de l’instant présent. Hideaway, probablement le morceau le plus langoureux et réconfortant de l’album, nous transporte dans l’ambiance feutrée d’un petit paradis, d’un refuge où deux amoureux se retrouvent dans un moment suspendu, promesse d’éternité. Dans Holding you, holding me, l’amour est toujours au centre, la dépendance à l’autre et une certaine forme de vulnérabilité nous touchent en plein cœur.

Dark vacay, le 2e single, tranche par sa noirceur. On ressent le danger d’une relation destructrice, fracassée par la drogue et l’alcool. Juste après, Baby Blue Movie, 3e single légèrement plus up tempo, fait référence à la sexualité avec des textes énigmatiques qui laissent place au fantasme. Dans la même veine, Hot est une ode au désir. Dreams From Bunker Hill évoque la nostalgie des jours heureux et la dégradation d’une relation, au bord de la rupture. Enfin, Ambien Slide conclut l’album sur une note extrêmement mélancolique. Le titre fait référence à un médicament utilisé contre l’insomnie. Le morceau raconte la douleur de la rupture qu’aucun autre partenaire ne peut apaiser.

La boucle est bouclée. Un album réussi, cohérent, qui séduira, à n’en pas douter, les fans du groupe.

Influences du groupe : de nouvelles références

Au gré des 38 minutes et 16 secondes de l’album, Greg Gonzalez nous livre d’autres indices sur ses influences, glissés ça et là. On le savait déjà fan de Françoise Hardy – une admiration réciproque d’ailleurs. On connaissait aussi son goût pour Miles Davis, Mazzy Star ou encore Cocteau Twins. Les pièces du puzzle continuent de s’assembler grâce à X’s, inspiré notamment par le travail photographique de Bert Stern. En l’occurrence, Gonzalez se réfère à la célèbre série dédiée à Marilyn Monroe, prise seulement six semaines avant le décès de l’icône. 2 500 clichés d’elle nue, vulnérable, dont certains refusés par l’artiste furent barrés d’un grand X. Plus loin dans l’album, on capte d’autres références à l’univers du chanteur. Parmi elles, l’un des morceaux les plus connus de la chanteuse de Tejano Selena Quintanilla, Como la flor, musique qui a bercé son enfance à El Paso ; Billie Holliday ou encore The number of the beast, 3e album culte d’Iron Maiden sorti en 1982.

Des références très différentes du style des Cigarettes After Sex. A voir si elles influeront – ou pas – sur la musique du groupe, que les esprits chafouins pourraient qualifier d’un brin répétitive…

Cigarettes After Sex a entamé une tournée mondiale qui passera par la France en novembre, à guichets fermés. Les chanceux pourront vibrer au son éthéré de Greg Gonzalez et sa bande à l’Accor Arena de Paris le 16 novembre 2024 et à La Halle Tony Garnier de Lyon le 17 novembre 2024.

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