Les clips de la semaine #207 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 207ème sélection.

Ian Caulfield – Sous le soleil

Ian Caulfield a crié Banzaï cette semaine ! Le rémois a dévoilé son nouvel EP vendredi. Sept morceaux qui laissent encore plus exploser sa sensibilité, sa tendresse et cette envie de trouver sa place dans un monde qu’on ne comprend pas toujours mais qu’on cherche à partager avec ceux qui sont comme nous.

Musicalement, le garçon continue d’évoluer, notamment en laissant une place beaucoup plus importante à la batterie, ce qui est le cas dans Sous le soleil. Un morceau faussement désespéré mais surtout rempli d’espoir. Car si rien n’est nouveau sous le soleil, le musicien cherche encore et toujours à raviver l’étincelle, à faire briller ce qui l’entoure et qui le touche, tout en cherchant un échappatoire à une réalité qui ne convient pas à tout le monde.

Pour accompagner le titre, le Peter Pan de la pop prend des airs de Forrest Gump pendant 3 minutes 26. En effet, c’est dans une longue marche qu’on embarque avec Ian, fuyant la ville pour aller découvrir des lieux, des décors dans une solitude qui ressource pour retrouver une certaine vitalité et une facette du bonheur face à la mer.

Le clip vit à travers un ciel gris tout du long; Si vous cherchez le soleil, il est dans la musique de Ian Caulfield.

Pour le reste, on se donne rendez vous en avril à La Boule Noire pour faire la fête avec Ian.

Brutalismus 3000 – Europaträume

Duo aussi mystique qu’entrainant, Brutalismus 3000 vient d’achever de faire trembler l’Europe suite à une tournée qui aura eu son succès. Mais avec eux, la fête n’est jamais vraiment finie et se poursuit avec le clip d’Europaträume réalisé par Mau Morgó.

Un son brut qui hypnotise autant qu’il réveille de par ses kicks frénétiques et cette voix brumeuse qu’est celle de Victoria Vassiliki Daldas. Des effets qui se retrouvent mis en image dans ce nouveau visuel où des gens semblant épuisés tentent tant bien que mal de combattre la routine quotidienne. Les corps ballants font lutte avec la frénésie du morceau offrant un contraste assez déroutant.

Soudain, le morceau s’emballe et avec lui, les yeux se rouvrent et les corps s’agitent au son des basses, la frénésie remplace l’épuisement et une sorte de folie contagieuse s’empare des âmes. Cette dernière ne cesse de gagner en ampleur, offrant le total lâcher prise que la musique du duo veut provoquer. 

Thomas de Pourquery – The Rhythm Changed

… Et le rythme changea. Après la superbe et énergique Rise Again, Thomas de Pourquery met le frein sur le tempo mais pas sur les émotions avec The Rythm Changed, nouveau single de son Let The Monster Fall attendu pour le mois de mars.

Ce qui tombe dans ce nouveau single, c’est l’amure, le soleil qui laisse place à la nuit et ses ambiances à la fois inquiétante et mélancolique. Le saxophone est remplacé par des sonorités plus ténébreuses, un chaos ordonné, laissant ressortir la fragilité de la voix de Thomas de Pourquery, se mouvant ici dans un enchevêtrement de sensations qui nous bousculent et nous happent.

Ce qui marque aussi, c’est la volonté de ne jamais laissé exploser la tension. S’amusant avec elle, Thomas de Pourquery la tend pour ensuite mieux la cajoler, pour la dompter et la faire sienne.

Ludovic Gontrand trans forme ce morceau en une ode visuelle aux différents échos de nos personnalités. Dans des lieux brumeux, qui rappellent à ceux qui les connaissent le nord de la France et les Flandres, des âmes égarées se retrouvent dans un café.

On les pense au départ différentes, avant de réaliser qu’elles font parties d’un tout, des éléments éparses qui représentent dans la vidéos des bouts de pensées, des bribes de sentiments qui se bousculent souvent dans les esprits solitaires.

De part sa cinématographie prononcée, son art de ralentir le temps et, là aussi, de faire changer le rythme, le clip sublime un morceau qui n’en demandait pas temps.

La suite, c’est en mars qu’elle arrivera avec, en ligne de mire, un passage à la cigale le 25 avril prochain.

Jolagreen23 – Aimbot (2021Version)

Après une année 2023 bien chargée (2 EP’s, une mixtape et plusieurs singles) qui l’aura placé comme un espoir du rap francophone, Jolagreen23 a commencé 2024 en douceur. Après avoir livré un morceau pour les 11 rappeurs à suivre du média Booska-P, il a, cette semaine, livré le clip d’Aimbot (2021Version), un morceau présent sur Recherche & Destruction, son dernier projet en date. 

Dans un vert de circonstances, Alan Benoit qui réalise le clip laisse le rappeur faire ce qu’il fait le mieux : cracher le feu. Littéralement accompagné d’un lance-flamme, il métaphorise ici ses flows tout terrain. En effet, s’il a déjà pu se montrer à l’aise sur de la trap, de la glow ou même des instrumentales plus expérimentales, il s’amuse ici sur des ambiances plus dansantes qui lui vont tout aussi bien.

Si son année 2024 ressemble à celle qu’il vient de passer, il vaudrait mieux courir s’acheter des protections ignifuges. 

Paledusk – PALEHELL

Juste avant d’embarquer dans sa tournée européenne en compagnie de Polaris, Paledusk a décidé de sortir un nouvel EP rassemblant ses derniers singles et un inédit : Palehell.

Comme d’habitude, les japonais ne sont jamais là où on les attend et nous proposent un titre moins barré qu’à l’habitude. Une espèce de petit bonbon sucré comme ils savent parfois le faire (on pense à Lights) avec des chœurs, un refrain imparable, un solo de guitare et même une explosion.

Tout cela n’empêche pas la dose de folie habituelle de Paledusk de se manifester, ici dans sa facette la plus présentable. Un break, un cri ou un glitch nous rappellent ici où là que le groupe est l’un des plus créatifs et excitants du moment niveau composition.

Malo – Pas de semblant

Fin février, le temps commence vaguement à se réchauffer mais on peut compter sur Malo pour refroidir l’ambiance. Celui qui se fait également appeler froidcommedehors, livre avec Pas de semblant, un morceau d’une froideur toujours aussi glaciale qui prend vie dans un bleu tout aussi froid sous la caméra de Léo Joubert.

Sous un coup de trompette, Malo fait son entrée dans un bar à l’ambiance mystique. Dans l’obscurité, les gens sont avachis, les regards perdus et les membres tremblants, seul le rappeur déambule au milieu avec l’attitude qui lui est propre. 

Sous les basses de la production de Vanta et le flow acéré de Malo, les verres se brisent et le gèle s’empare de la pièce, congelant les corps et les âmes. Froidcommedehors à encore frappé et il ne lui aura fallu qu’1’35 pour qu’il fasse effet.  

Crossfaith – Zero

Très productif depuis ses débuts, Crossfaith a eu pour la première fois besoin d’une pause l’année dernière, se séparant au passage de son bassiste historique Hiro. Voilà l’amorce d’un retour en grâce avec Zero, nouveau morceau fidèle au cocktail détonnant metalcore/techno qui fait la marque de fabrique des japonais depuis 15 ans.

Avec le recrutement de Daiki, ancien guitariste chez Her Name In Blood, les riffs sont encore plus inspirés que d’habitude, illustrés par un clip épileptique à souhait.

Le groove de la batterie et les nappes techno du DJ Teru font le reste. Un morceau qu’on voit déjà bien s’intégrer dans la setlist des festivals en attendant la suite qui devrait arriver très vite, sachant que le dernier vrai album Ex Machina date de 2018.

Bobbie – Last ride 

Avec Last ride, l’artiste folk parisienne à la voix de miel Bobbie nous propose une ballade nostalgique, sous la forme d’un appel passionné destiné à l’être perdu, une ode à des retrouvailles tant espérées.

Le clip, réalisé avec sa complice Faustine Croquison dans les environs de Fontainebleau, nous plonge dans un road-movie des années 60, dans lequel Bobbie explore la réalité complexe de la synchronicité dans les relations, soulignant que parfois, il faut des années pour que les étoiles s’alignent et que le moment soit enfin propice.

Et si le premier amour pouvait être finalement le dernier?

Ce single offre un avant-goût des couleurs du prochain album de BobbieThe Sacred in the Ordinary prévu pour le 29 mars.

Chromeo – Lost And Found

La semaine dernière, Chromeo a dévoilé Adult Contemporary, leur 20ème album en, déjà, 20 ans de carrière.

Et il faut dire que le poids des années ne semble pas avoir d’influence sur la vitalité et le talent de nos Funklordz. En effet, ces nouveaux titres nous entraine une nouvelle fois dans ce qui fait le sel de la musique du duo : l’amour, l’humour et le groove.

Exemple parfait, ce Lost And Found qui se voit accompagner d’un clip cette semaine, titre punchy au rythme effréné et qui nous entraine dans le genre de romance qui bouleverse une vie mais qui, avec la vie d’adultes, doit faire avec le passé et les évènements de l’existence déjà passée.

Et puisqu’on parle de romance, pourquoi ne pas parler de bromance ? Car là aussi c’est une part importante de Chromeo, comme nous l’avait confié Dave 1 lors de notre rencontre, et ce qu’a décidé de mettre en scène Spencer Ford avec cette vidéo.

On suit donc P-Thugg et Dave 1 qui se perdent, se cherchent, le tout pour mieux se retrouver. Dans des décors californiens qui leur vont bien, ils jouent avec humour sur l’histoire d’amour la plus importante de leur vie : celle de deux potes qui vivent ensemble une histoire qui n’est pas prêt de s’interrompre.

Quelques petits clins d’oeil à Michael Jackson par-ci, des grosses bagnoles qui sont en réalité des rollers par là, Chromeo nous divertit et nous fait bouger notre popotin et ça sera une nouvelle fois le cas le 7 juin prochain au Trianon

USA Nails – The Sun in the Sands

Ne vous fiez pas au nom de ce groupe, ils sont britanniques et ne se liment pas les ongles. Le quartet anglais, originaire du sud de Londres, est même du genre à se torturer le bout de ses doigts en jouant férocement avec leurs instruments. Les riffs de guitares saturent à une vitesse supersonique tandis que les coups du batteur peuvent faire trembler tout un immeuble parisien.

Avec The Sun in the Sands, le nouvel extrait de leur prochain album Feel Worse qui sortira sur One Little Independent Records, la bande ne déroge pas à son style brutasse et assuré dont l’énergie nous rappelle nos amis de PURRS.

Même le clip nous rappelle un peu celui de SEROTONIN : tourmenté et lessivé. Tout explose aussi bien mentalement que dans les vibrations pour obtenir une surdose de punch bien joussif. Un groupe à suivre.

Erick the Architect – 2-3 Zone

Après plusieurs mois d’attente et des extraits faisant petite à petit monter nos attentes (avec notamment un feat. Channel Tres ou encore Joey Bada$$), le premier album solo d’Erick the Architect est sorti. I’ve Never Been Here Before montre que la moitié de l’iconique duo New Yorkays Flatbush Zombies a également de l’avenir en solo, le plaçant en avant-gardiste d’un rap alternatif. 

« Me and James like the Wonder Twins« 

Après Parkour, premier extrait de l’album, Erick refait appel sur 2-3 Zone à son collaborateur de longue date James Blake pour apporter une énergie quasi-hypnotique aux productions. Erick y évoque les grands accomplissements de sa vie, et toute la bonne volonté dont il a pu faire preuve pour en arriver. Si ce constat semble souvent individualiste, le titre du morceau fait écho à cette stratégie de défense utilisée au basket permettant à une équipe de monopoliser tout le terrain et ainsi remporter la victoire. Un succès qu’Erick the Architect n’a donc jamais savouré tout seul !

The Reds, Pinks & Purples – Learning to Love a Band

The Reds, Pinks and Purples ont un son unique et intemporel qui rappelle les images de groupes vintage aux couleurs délavées collectionnées par Sam Knee (aka Scene  inBetween). Le groupe de Glenn Donaldson, figure underground de San Francisco, sort cette semaine Learning to Love a Band, un morceau aux lignes de guitares délicates et aux paroles décrivant la relation intime que l’on développe avec la musique, en apprenant à aimer un groupe : “Gonna find yourself alone / When the class left / in your home / And then it hits you / you’re learning to love a band”. Il s’agit du second single de Unwishing Well, le nouvel album du groupe, qui “explore l’espoir et de l’abandon sans borne de l’intimité et les dualités de l’idolâtrie”. On adore déjà. 

L’opus sortira le 12 avril sur Tough Love Records.

Pour (re)découvrir leur pop diy en live il faudra traverser la Manche. Les deux dates londoniennes sont complètes mais il reste encore des places à Brighton (15/06), Bristol (21/06) et Leeds (20/06).