La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Embarquez avec nous pour l’épisode 59.
Klô Pelgag – Mélamine
En juin dernier sortait probablement l’un des albums les plus réussi de l’année : Notre-Dame-Des-Sept-Douleurs. Un album qui rayonne de par sa beauté et sa justesse sans pareil. Cette semaine, Klô Pelgag a d’ailleurs dévoilé le clip de son single Mélamine réalisé par Soleil Denault. Derrière ces visuels, cette esthétique raffinée, c’est le concept de quête identitaire qui est au premier plan. Une quête déstabilisante et angoissante, rattachée à ce besoin permanent d’atteindre une norme quelque peu irrationnelle. C’est l’artiste québécoise qui est projetée au centre de ce clip où on la voit entourée d’idéaux tous plus ou moins identiques, tous plus ou moins satisfaisants. L’envie permanente de toujours vouloir être quelqu’un d’autre s’avère dérangeante tant elle obstrue cette voie vers l’épanouissement total. Ici, Klô Pelgag nous incite ainsi à nous affranchir, à recouvrer cette liberté d’un monde où être soi-même, semble être le plus bel accomplissement qui soit.
AL044 – KAS:ST – VTOPIA
En mémoire du monde que nous avons perdu, ce que nous avions, ce que nous espérons, et ce que nous rêvions. Ainsi commence le clip de VTOPIA, car c’est vrai, c’était quoi notre monde d’avant ? La fête, l’alcool, la drogue lancinante qu’est la débauche, mais surtout la drogue la plus addictive de toutes, celle qui nous tient et ne nous lâche pas, jamais, l’amour. C’est au beau milieu d’une nuit parisienne, bien arrosée que l’on retrouve notre protagoniste, livreur dealer, qui parcourt les rues de la capitale pour servir la jeunesse parisienne. On l’accompagne dans son périple et dans une boîte dans laquelle il est pris à parti et tabassé, pendant que celle qu’il aime est en train de subir les ravages de la drogue, s’en suit une longue cavale sur son scooter, le visage ensanglanté et la peur de perdre ce qu’il a de plus précieux. Un clip enivrant, qui prend aux tripes, au cœur et nous rappelle surtout à quel point KAS:ST sait rythmer nos soirées.
Seven Binks – Code : La B du 7 (Kodes)
Le seven Binks, peut être le vivier de talents le plus prolifique de nos quartiers depuis quelques années déjà. Aujourd’hui c’est Kodes qui nous délivre ses meilleures phases phases toujours bien entouré en lieu et place de la dalle du parc aux lièvres au pied du bâtiment le plus célèbre du rap français, le seul l’unique Bât 7. Dans ce clip on accompagne le rappeur au cœur de sa cité, et à l’arrière d’une voiture, il nous découpe la prod en nous parlant du quotidien sur le terrain et de la présence sans faille de ses collègues au quotidien. En bref, le Seven Binks a encore frappé !
Das Mörtal – It Comes
C’est un réel petit court métrage que nous offre Das Mörtal avec It Comes et son histoire de sorcières car oui c’est bien ça le thème de son nouvel album, Miami Beach Witche. On suit ici une sorcière des temps moderne et l’histoire de sa soeur qui a rencontré un homme malfaisant qui lui a volé son âme. On découvre ainsi la noirceur de l’emprise que peut avoir une personne sur une autre, à l’image par exemple du serpent qui s’enroule et se balade sur le corps fragile de la sœur. C’est cette emprise, ce poison lent qui s’immisce au travers d’une relation et qui vous asservi dont la sœur aînée va libérer sa cadette, en détruisant ce que cet homme est, car oui, on ne touche pas aux sorcières.
C’est un clip magistral aux plans, décors et costumes incroyables, on est pris dans le tourbillon de cette histoire et on se met presque nous aussi à prononcer des incantations pour venir à bout de ce mal.
Georgio – Les anges dans des robes rouges
Il y a peu, Georgio a lancé un live dans lequel il a annoncé revenir avec un nouveau projet bientôt. Peu de temps après, il a sorti le clip de ‘Les anges dans des robes rouges », signant un retour après deux ans sans rien sortir. On y retrouve un Georgio mélodieux, laissant une grande part à la musicalité sur ce titre. Une facette que l’artiste maîtrise aussi bien que le rap plus brut. Dans ce clip, Georgio fait le point sur plusieurs sujets lui tenant à coeur, seul il sera bientôt rejoint par une multitude de personnes au profil différent. une divergence de profils telles que celles que l’on peut croiser dans la rue, à travers ce visuel il montre que chaque vie vaut la peine d’être vécue à 100%. A sa manière et avec une grande poésie, Georgio livre un titre plein d’espoir.
The Antlers – It Is What It Is
S’il y a bien une chose que les membres du groupe The Antlers savent faire, hormis créer des titres envoûtants tels que Kettering, c’est entretenir le suspens. Ils ont récemment sorti un nouveau single sans crier gare après de longues années d’absence, tout en laissant de côté l’annonce d’un quelconque nouvel album. Cette semaine, ils réitèrent l’expérience avec It Is What It Is, sorte de rétrospective sur ce qu’une vie aurait pu être si des choix différents avaient été faits. It Is What It Is est l’acceptation que l’on ne peut revenir en arrière sur ces choix, que ce qui paraissait être une mauvaise décision dans un premier temps finit en fait par être ce qui nous a renforcé et fait grandir. Dans ce tout nouveau clip, on retrouve les mêmes protagonistes et danseurs que dans Wheels Roll Home, dévoilé il y a quelques jours auparavant et également réalisé par Derrick Belcham et Emily Terndrup. On espère que cette continuité sera l’occasion d’annoncer un nouveau chapitre et donc nouvel album à l’histoire The Antlers.
Baby Queen – Online Dating
Draguer et trouver une relation éphémère ou non devient de plus en plus compliqué et cela est dû à la crise sanitaire réduisant les contacts sociaux. Heureusement pour Baby Queen, les applications permettent le Online Dating, ce qui l’a inspiré dans son dernier clip reprenant les codes des applications de rencontres. Elle y incorpore, une petite dose d’ironie comme elle aime le faire, mais aussi son univers de petite fille rebelle qui lui va si bien. En se jouant avec humour et autodérision des codes des sites de rencontres, Baby Queen affirme son identité. Au lieu de se vendre comme le feraient la plupart des gens sur ces sites, elle va plutôt souligner des caractéristiques à connotation négative. Et pourtant, on est quand même vite séduit par ce personnage se jouant des clichés avec une maturité déconcertante.
WAX TAILOR – Misery (ft. Rosemary Standley)
La bonne surprise de la semaine ! Que pouvait-on rêver de mieux qu’un nouveau clip du commandant normand du trip-hop ? Pour cette vidéo, Wax Tailor est peu optimiste. Nous sommes embarqués dans un monde grisâtre, vide de sens, où chacun semble perdu. Le peuple est muni d’un masque, second visage qu’il porte chaque jour, pour cacher son spleen du quotidien aux autres, ou à soi-même. La foule est constamment surveillée par une troupe de caméras, une horde de drones. Big brother règne en maître sur cette terre. La voix de la chanteuse Rosemary Standley vient appuyer avec force cette détresse dont souffre ce monde. La misère est acceptée, elle est même devenue une amie. Un univers quelque peu sombre vous en conviendrez pour un dimanche. Si l’artiste paraît un poil inquiet face à notre société, se rapprochant pas à pas du régime totalitaire; on peut néanmoins sentir une once d’espoir. Le final nous montre une révolte où les masques tombent, s’envolent, percutent les drones. Un nouveau monde libre auquel aspire Wax Tailor. Un premier titre profond, avec un groove toujours aussi envoûtant; on a hâte de découvrir le reste de l’album The Shadow Of Their Suns, prévu pour début janvier 2021.
Yan Wagner – Fais comme si
Yan Wagner et le français : acte I. Le franco-américain qui nous a l’habitude de nous faire danser que ce soit sous son nom propre ou avec The Populists annonce un nouvel album, Couleur chaos, qu’il introduit donc avec un premier titre : Fais comme si. Wagner continue a développer un style musical à l’efficacité totale et au groove toujours aussi imparable qu’il nimbe d’une bonne dose de poésie et de mystère avec ce premier texte français donc, qui joue sur le malentendu et la sonorité des mots, laissant l’interprétation comme une grande page blanche pour l’auditeur.
Marco Dos Santos a décidé de baser son clip sur une ligne du texte de Wagner : « la vérité réside dans la boisson ». Il place ainsi le musicien dans un univers délirant, sorte de documentaire déglingué des années 80 ou il le transforme en mannequin prometteur amateur du Blue-Steel cher à Derek Zoolander. On le suit dans cette carrière superficielle et sans intérêt ou la boisson prend de plus en plus d’importance à mesure que sa carrière prend de l’ampleur alors que celle-ci devrait se cracher … Le chaos est bien présent, l’humour aussi, pour nous c’est un grand oui.
Oneohtrix Point Never – Lost But Never Alone
Pour la vidéo de Lost But Never Alone, Oneohtrix Point Never aka Daniel Lapotin s’est ré-associé avec les frères Safdie pour lesquels il a réalisé les B.O. des films Good Time (2017) et Uncunt Gems (2019). Leur collaboration à la fois dérangeante et fascinante se poursuit donc avec cette vidéo composée d’étranges séquences de TV aux vibes 80’s créées pour l’occasion, superposées à une sitcom old school mettant en scène un jeune punk se faisant confisquer son téléphone par ses parents qui détruisent celui-ci. Ce dernier se réfugie dans sa chambre et entame un solo de guitare électrique enflammé. Entre malaise, angoisse et solitude, le morceau comme la vidéo joue sur la nostalgie du passé. Josh Safdie écrit : « La nostalgie est à la fois chaleureuse et profondément déprimante. C’est une relation d’amour/haine. Les émotions elles-mêmes sont obsédantes. LBNA est un morceau de surfing hanté – une capture d’écran de notre désir de tirer un sens du passé à tout moment et le triomphe d’en ressortir avec quelque chose d’autre ». Lost But Never Alone est à la fois froid, sombre et captivant… Le titre figure sur Magic Oneohtrix Point Never, le dernier album du musicien basé à Brooklyn.
Edge Ft Esso Luxueux – Kylie Jenner
Être le petit protégé de Jazzy Bazz et s’offrir un morceau avec le discret mais non moins talentueux Esso Luxueux prouve bien que Edge en a dans le ventre. Avec Kylie Jenner, on plonge dans une session studio au sein de laquelle la voix ténébreuse des artistes se couplent à merveille avec l’ambiance sombre régnant dans le studio. Ici, pas de grandes équipes qui retournent le studio à force de s’ambiancer mais juste un ingé son et Egde. Cela pour attirer l’attention uniquement sur la plume du rappeur. Après ce passage par le studio, il se retrouve dans une chambre avec une femme qui semble vouloir attirer son attention, là où lui semble plus concentrer par le texte qu’il vient de lacher en cabine. Quand Esso arrive sur le morceau, il dégage le même sentiment. L’alchimie est là, que demander de plus ?
Alabaster DePlume – Turpentine
Alabaster DePlume offre une vidéo à Turpentine, l’un des titres figurant sur son album To Cy & Lee : Instrumental vol. 1 sorti plus tôt cette année. Wikipédia décrit la « turpentine » soit « térébenthine » comme étant « un fluide obtenu par distillation de la résine récoltée sur des arbres vivants, principalement les pins. (…)» Et ces mots expriment bien le naturel et le viscéral de ce morceau instrumental nostalgique et intemporel. Le saxophoniste originaire de Manchester qui travailla un temps pour une organisation caritative, a dédié son album à Cy et à Lee, deux personnes aux difficultés d’apprentissage avec lesquelles il a travaillé, essayant de les faire communiquer par la musique. Il écrit : « Ce sont des choses que l’on ne peut pas mettre en mots, qui peuvent être exprimées avec du son et de la musique. Ces gars ont moins de mots que nous, certains d’entre eux n’en ont pas. Lorsque nous mettons des émotions dans une expression de musique – c’est la libération. » De leurs sessions comme point de départ sont nés des morceaux poétiques, épurés et magiques dont on vous conseille l’écoute…
Leone – Minuit
Extrait du projet Vibes qui est sorti il y a peu, Minuit s’inscrit dans l’atmosphère nocturne de ce projet de quatre titres. Il n’est donc pas étonnant de voir un clip aux couleurs sombres appuyées par des néons, rappelant le côté festif qui peut être lié à la nuit. Et c’est de cette aspect de la vie nocturne qu’il est question dans ce visuel. Leone participe à une soirée à laquelle sont invitées quelques personnes. Parmi celles-ci, une femme attirera son attention. Même s’il se la joue discret et ne va pas vers elle, les gros plans sur les deux protagonistes permettent d’installer une tension entre eux. Mais pourtant, cela n’ira pas plus loin car aucun d’eux ne se décidera à faire le premier pas vers l’autre.
Catastrophe – Gromit
Ils l’ont fait ! Ils ont sorti le clip du son qui parlerait le plus aux gens de 2020 ! Ça n’a pas manqué de marquer les esprits de chaque génération.
Toujours dans un délire Catastrophiste, l’instru est aussi dreamy que leurs costumes flashy est immaculés.
On reconnait le collectif Catastrophe si bien et si peu à la fois. Nous nous retrouvons comblés de surprise, perdus dans un flow, dans un égo-trip collectif. C’est un clip frais, coordonné dans la fraîcheur de l’instru, dans la danse minimaliste et pourtant si expressive. Gromit, c’est la recette du bonheur dans le cynisme de 2020, c’est l’amertume au quotidien qui servira désormais d’inspiration pour les plus jeunes, c’est tout ça qui fait parler ce morceau à tout le monde. C’est ce en quoi, Gromit est un morceau brillant, le clip semble minimal mais cache au fond de lui une sensibilité grandiose, un travail de synchronisation de gens vivant dans la même réalité. Ce clip, on le savoure avec le son qui va avec, un vrai régal musical sensible et qui laissera l’auditeur en apesanteur.
Ucyll & Ryo – Ce soir
A des années lumières de la masse, Ucyll & Ryo ont l’envie de pousser au maximum leur musique nourries de plusieurs inspirations. La nuit en fait partie et cela parce que c’est un moment propice à la réflexion mais aussi car cela permet d’être plus seul et libre qu’en pleine journée. Il est 21h21 quand le duo s’éclipse dehors pour une virée nocturne seuls avec comme compagnie leurs songes qu’ils calcinent en même temps que leurs joints. L’ambiance devient vite un petit peu psychédélique via un jeu de caméra et de lumières. Après avoir rencontré des femmes, il est temps de poursuivre la nuit dans un appartement enfumé. Il doit être pas loin de 4h et l’ambiance s’assombrit, tout comme l’état des jeunes artistes. La nuit aura été agitée pour eux qui ont navigué à la fois dans leur ville mais aussi à travers leurs questionnements. Un morceau et un visuel qui préface l’univers d’un futur projet qui devrait arriver avant la fin de l’année.
Vendou – Nectar
On peut faire du rap et être fan de Francis Cabrel, Vendou en est la preuve vivante. Le Québecois est de retour avec Nectar, nouvel extrait de son premier album prévu pour 2021. Si le morceau s’offre donc ce clin d’œil dans le couplet chanté et atmosphérique, le garçon maitrise quand même l’art du kickage avec un flow à tout épreuve qui s’exprime sur une production bien plus brut et dur. Le garçon sous ses métaphore nous parle du besoin de rester vrai, de garder une direction malgré le succès, les tentations ou l’ambition qui peut pervertir.
Visuellement Jérémy Gagnon & Samuel Gagnon-Pitre nous offre un clip à l’image du titre, mettant en scène Vendou en superstar complètement éloigné du réel et de la vérité, qui malgré la réussite et le besoin de mettre en place une image de « win » et de victoire, on le retrouve dans l’intimité face à sa solitude et en conflit entre l’image qu’il donne et ce qu’il est réellement.
On attend désormais la suite avec impatience et un premier album prévu au printemps.
Les Filles et Christopher – San Francisco
On part à nouveau dans une destination idyllique avec le trio qui cette fois nous emmène à San Francisco, oublier nos soucis de confiné.es, oublier le gris parisien, oublier l’amertume du quotidien.
Décor technicolor, lunettes de soleil, le chant bercé d’euphorie et de sourires. Le groupe teinte ce clip de sa signature vintage et indie.
C’est psychédélique, les paroles sont sucrées et les voix sont suaves, le fond vert se mue en un univers unique et profond, l’imagination ne peut que voyager lorsque le corps ne le peut. Un trip à la Niagara, comme d’habitude. On en ressort pas déçu mais plus indie que jamais. Une pépite pendant le confinement, un son savoureux aux couleurs de l’été dans notre automne rude et teinté d’isolement.
Le trio, à chaque single, nous emmène ailleurs, provoque la dopamine en nous avec des sonorités empreintées d’une nostalgie d’une époque que tout le monde n’a pas eu la chance de connaître. Encore une prouesse ! Encore un single qui accentue l’univers polaroïd des 3 talentueux artistes !
Sous le fond vert se cache un monde, celui des Filles et Christopher, sous les rêveries dans les paroles se cachent un hymne à la liberté d’imaginer, de faire voyager notre ego, de suspendre notre monde trop rationnel pour accéder à celui du trio en or.
Sous la lumière des stroboscopes, on dansera sur le rythme lascif de cette nouvelle perle toute fraîche de jeunesse !
Anatole et Lou-Adriane Cassidy – Mais ce soir
Lou-Adriane Cassidy et Anatole nous offrent cette semaine un beau bijou qui porte le nom de Mais ce soir,. On a d’ailleurs failli vous le présenter accompagné d’un•e autre interprète car, à l’origine, les deux québécois avaient écrit ce morceau pour un•e autre artiste. Cependant, la personne en question n’en saura rien puisqu’ils se sont vite ravisés et ont décidé de finalement garder cette petite chose précieuse pour eux (et pour nous par la suite). C’est presque tant-mieux, car ce duo nous semble comme une évidence: créé de toute pièce par les deux complices (des paroles à la réalisation), le titre a parfaitement capturé leur essence. C’est donc avec beaucoup de difficulté que nous imaginons une personne tierce s’approprier leurs doux mots sublimés par ces quelques arrangements minimalistes. Leurs jolies voix s’enlacent et se mélangent avec beaucoup de fluidité, venant trouver nos oreilles avec délicatesse. Pour couronner le tout, le morceau est illustré par Gabriel Lapointe et Mathieu Huard dans un clip à son image, qui retrace avec beaucoup de douceur des tranches de vie amoureuse sincères sur fond de couleurs chaleureuses.
Loyle Carner – Yesterday
Après avoir commencé le teasing de ce nouveau titre sur les réseaux, il y a une semaine, Loyle Carner nous dévoile son nouveau clip : Yesterday.
Le rappeur britannique s’est associé avec Madlib pour produire ce titre. Cette collaboration résulte en un mélange presque relaxant de la reconnaissable prod de Madlib, et du flow inimitable de Loyle Carner.
Loyle Carner a choisi, avec Yesterday, de mettre les mots sur son enfance, son adolescence, de sa transition entre un jeune garçon et un homme. Yesterday, c’est aussi les questionnements sur les discriminations sociales et raciales, qui ont fait partie de la vie du rappeur. Il a d’ailleurs déclaré « C’est réellement à propos de ce que représente le fait d’être noir et blanc, dans un monde où tu as plutôt intérêt d’être l’un, ou l’autre. »
Le clip, quant à lui, correspond parfaitement au texte. On y voit Loyle Carner, à chaque étape de sa vie : de nourrisson dans les bras de son père, à père, prenant à bras son nouveau né.
Un titre émouvant, qui sonne comme un rappel du passé de ce monde, et un encouragement « à avancer vers une nouvelle ère de respect et d’acceptation », d’après le rappeur.
Diamond Deuklo – Dalton Dallas
Diamond Deuklo est un véritable O.M.N.I : Objet Musical Non Identifié. Mélange d’écriture automatique, de non sens, de poésie absurde et de véritable mélancolique, il se créé un univers étrange mais pourtant si familier qui trouve toute sa beauté dans son association sonore avec Toxic Avenger. Après avoir dévoilé un premier album Clyde uniquement en physique, Deuklo est de avec Dalton Dallas, un titre qui annonce un EP du même nom pour le 27 novembre.
On retrouve donc cet univers, flirtant toujours avec une fascination étrange pour les états unis. Ici il nous raconte l’histoire, le mythe d’un personnage portant le nom de Dalton Dallas. L’écriture, contrairement à ses précédents titres dévoilé, est plus claire et raconte une histoire, avec un véritable story-telling et une progression.
Visuellement, l’importance placée dans le clip est toujours aussi importante, avec une véritable mise en scène, un vrai sens du cadre, des couleurs et de la mise en scène. Bref, on est toujours aussi fan de ce garçon et, spoiler, on vous prépare des petites surprises à venir bientôt.
Django Django – Glowing in the Dark
Rien de mieux que sortir le titre éponyme de leur prochain album qui sortira le 12 février 2021. L’ambiance y sera certainement retranscrite sur l’ensemble des pistes : une boucle de batterie et des synthés moog. Et bonne nouvelle, le groupe londonien réussit une nouvelle fois à se réinventer en offrant un titre dynamique qui nous donne la pêche et juste l’envie de danser. C’est-à-dire notre besoin primaire pour la fin de la pandémie. Il suffira d’une écoute pour que la répétition hypnotique de « dark » dans le refrain reste graver dans la mémoire. En plus de cela, le clip vidéo est plus que stylé. A l’image du titre, le réalisateur Braulio Amado a réussi à créer une vidéo à distance rendant le clip coloré et vibrant, mais aussi très street-art. La boule de disco peut être rangée dans la cave, la vidéo suffira a illuminé le dancefloor. Après l’écoute de Glowing in the Dark, on a juste envie d’être déjà ce fameux 12 février 2021.
Fleet Foxes – Sunblind
Magnifique. Décidément, ça pourrait devenir lassant de répéter sans cesse la même chose à leur sujet mais le plaisir prend le pas à chaque fois. Le folk gracieux de Fleet Foxes nous émerveille avec le clip de Sunblind, titre figurant dans le dernier excellent album Shore. Considéré comme « la pièce maitresse de l’album » par Robin Pecknold, chanteur et guitariste du groupe, la piste est une perle d’élégance douce et entrainante. La vidéo couvre deux ans de sessions d’enregistrement de Shore dans différents lieux à travers la planète, notamment à Paris aux Studios Saint-Germain que l’on peut découvrir dans le clip, et qui marque aussi la relation cruciale entre le chanteur et leur productrice Beatriz Artola dans la réalisation du disque. On appréciera également ces séquences fixes qui mettent en valeur la grandeur de la nature, signe de l’immortalité et d’hommage aux être chers de Robin. Tout comme Fleet Foxes.
Billie Eilish – Therefore I Am
Jeune et rebelle. Billie Eilish nous nargue dans son dernier clip en dansant dans tous les recoins d’un centre commercial vide situé à Glendale en Californie pendant la pandémie. On la suit en train de se goinfrer de malbouffe comme une enfant gâtée avant que la sécurité des lieux s’en aperçoivent. Gros clin d’œil promotionnel, la vidéo a été réalisée à l’aide d’un Iphone qui danse et capte parfaitement les mouvements de l’artiste. Apple est ravi. Au-delà du marketing, la jeune star de la cité des Anges est en pleine forme. Therefore I Am est dans la même veine des précédents morceaux : une trap-pop aguichante et entrainante et aux paroles sarcastiques. Sans vulgarité, Billie Eilish sait se démarquer avec brio dans l’industrie musicale.
Pom Poko – Like a Lady
Les Norvégiens de Pom Poko annoncent leur deuxième album avec un single complètement décalé. Une chanteuse et trois musiciens composent ce groupe punk dansant aux sonorités parfois rose bonbon, dont la quintessence pourrait être résumée en ce nouveau titre Like a Lady. Pour l’occasion, les attributs sexuels et les stéréotypes de genre sont totalement renversés: des femmes qui jouent des hommes qui se griment en femmes, des hommes qui s’habillent de tenues féminines mais c’est leur chanteuse qui hausse le plus la voix, bref tout est délicieusement embrouillé afin de mettre à mal les stéréotypes.
Après une intro façon «cercle littéraire gentleman only» où l’on se congratule et on s’arrose de whisky, la soirée dérape lorsque l’un des protagonistes revient grimé en demoiselle grotesque. Poitrine démesurée en ballons gonflables, tentatives de séductions misérables, sexualisation malaisante, tout cela dans une ambiance viriliste et sous les rires de bonhommes. Changement d’atmosphère alors que tous se prêtent au jeu du travestissement. Leurs fantasmes les plus inavouables sont alors exprimés et tous se replongent dans des rêves de petites filles. Danseuse étoile, amie des fleurs, avoir un poney, ces activités qui leur ont sans doute été interdites à cause de stéréotypes de genre mais les font fantasmer encore à l’âge adulte. Leur virilité toxique n’est donc que le résultat d’une conformation à ce qu’on attendait d’eux, et d’une frustration de n’avoir pu s’épanouir à leur manière.
La dimension d’hymne féministe est indéniable, avec l’approche cette fois ci de la « libération masculine ». En effet si les femmes sont libres des conventions, les hommes le seront tout autant et en profiteront grandement.
C’est avec des tonalités de rock américain des années 2000 que Pom Poko combat la virilité toxique. Une voix qui sait se faire aussi douce que revendicatrice, accompagnée d’une instrumentale dansante et puissante. Comme quoi, défendre ses droits peut être plutôt marrant
Niki Demiller – L’Asphalte
Une immersion au cœur des bouillonnantes années 80, voilà ce à quoi nous fait penser le nouveau clip de Niki Demiller.
L’asphalte est un titre qui parle du train-train quotidien, thème abordé par l’artiste, témoin de l’écroulement du secteur tertiaire.
Niki Demiller met des mots sur son expérience aussi bien dans L’Asphalte, que dans des podcasts : Itinéraire pour Courbevoie.
Cependant, c’est bien dans ce nouveau titre que l’on retrouve une authenticité déconcertante dans la rythmique, si caractéristique de l’artiste.
Un bon vieux rock, une pointe de vocoder pour un rendu rétro, comme on l’aime. Niki Demiller se sent « comme un diable dans sa boîte » et met cela en musique, sur ce nouveau titre.