Collapsed in Sunbeams : Le Premier album solaire d’Arlo Parks

La musique d’Arlo Parks est à la fois envoutante et réconfortante, ses morceaux neo soul au accents trip hop sont intimes et sincères et nous touchent droit au cœur. La jeune musicienne et poète qui site Allen Ginsberg, King Krule, Portishead ou encore Radiohead comme inspirations, a sorti il y a peu son très anticipé premier album Collapsed In Sunbeams, un opus rêveur à la bienveillance solaire.

Si elle est sous le feu des projecteurs de la presse musicale internationale et de fans toujours plus nombreux, la jeune musicienne reste posée et multiplie les projets : des performances live, des collaborations (elle a notamment repris Fake Plastic Trees de Radiohead avec Phoebe Bridgers et accompagné Glass Animal sur un de leurs morceaux), elle a sa propre émission Tonight With Arlo Parks sur Amazon Prime et a aussi joué dans l’un des sept courts métrages Gucci, tournés à Rome devant la caméra de Gus Van Sant. Tout cela lorsqu’elle n’est pas en train de composer ou d’écrire de la poésie. La musicienne de 20 ans est super active et son énergie créative douce et réfléchie nous inspire.

Sa capacité à rester concentrée sur le moment présent et ne pas de laisser emballer par le tourbillon d’attention dont elle fait l’objet en ce moment, vient sans doute du fait que la jeune musicienne était une élève solitaire studieuse en grandissant et passait de longues heures à la bibliothèque de son école à lire et à écrire, apprenant à se connaître et à formuler ce qu’elle ressentait de manière claire et précise. Elle a aussi développé une capacité d’écoute (chose plutôt rare pour une millennial à l’heure où le digital et les réseaux sociaux prévalent sur les rapports humains) et ces traits marquants sont palpables dans ses chansons personnelles, légères et graves à la fois.

L’album s’ouvre sur Collapsed In Sunbeams, un poème en apesanteur qui donne le nom à l’album et le ton de celui ; sur des arpèges de guitare éthérés les mots sont parlés : “Stretched out open to beauty however brief or violent / I see myself ablazed with joy, sleepy eyed” (« Ouverte à la beauté, aussi brève ou violente / Je me vois enflammée de joie, les yeux fatigués » et expriment des sentiments forts propres à l’adolescence. Et son côté protecteur et attentif que l’on retrouve tout au long de l’album est aussi présent dans le morceau : « You shouldn’t be afraid to cry in front of me in moments » (« Tu ne devrais pas avoir peur de pleurer devant moi par moments »). Arlo Parks établie une intimité sincère chaleureuse et réconfortante que l’on retrouve tout au long de l’opus.

Les chansons de Collapsed in Sunbeams sont selon les mots de la musicienne « une série de vignettes et de portraits intimes autour de mon adolescence et des personnes qui l’ont façonnée. Il est enraciné dans la narration et la nostalgie – je veux qu’il se sente à la fois universel et hyper-spécifique. » Et sous les mélodies lo-fi apaisantes, Arlo Parks parle de maux intimes qu’elle transcende en énergie positive et poétique.

Hurt parle de « Charlie » et de la douleur qu’il ressent. Et ce qui aurait pu être une chanson sombre et mélancolique est en fait lumineuse et tournée vers l’avant avec ce refrain aux ondes positives : “I know you can’t let go / of anything at the moment / Just know it won’t hurt so / Won’t hurt so much forever” (« Je sais que tu ne peux pas lâcher / quoi que ce soit pour le moment / Juste sache que cela ne fera pas aussi mal / Cela ne fera pas aussi mal pour toujours ») où elle nous convainc que les maux, mêmes les plus douloureux sont passagers.

Sur les beats légers de Green Eyes, morceau inspiré de musiques dreamy tels Air ou encore Beach House, la musicienne remémore les mots homophobes adressés à une de ses ex-petites amies et porte un regard bienveillant et emphatique à son encontre : “Remember when they caught us makin’ out after school / Your dad said he’d felt like he lost you / So I know why we lasted two months / Could not hold my hand in public / Felt their eyes judgin’ our love and beggin’ for blood / I could never blame you darlin’” (“Tu te souviens quand ils nous ont surprises nous embrassant après l’école / Ton père a dit qu’il avait senti qu’il t’avait perdue / Donc je sais pourquoi on a duré que 2 mois / Tu ne pouvais pas me tenir la main en public / Tu ressentais leurs yeux jugeant notre amour et implorant le sang / Je ne pourrai jamais t’en vouloir chérie »). Les maux sont lourds et les mots sont simples et sonnent justes et soignent en douceur.

Avec son clavier aérien, ses riffs de guitare psychédéliques et sa batterie jazzy, Hope nous parle de Millie et de ses relations difficiles avec les autres, avec aussi un refrain apaisant : “You’re not alone as you think you are / We all have scars, I know it’s hard” (« Tu n’es pas aussi seul.e que tu le crois / On a tous des blessures, je sais que c’est dur »). Et Caroline est une chanson à la fois éthérée et déchirante et raconte la dispute d’un couple d’inconnus aperçu dans un bus londonien et prend une valeur universelle et intime. Les mots sans issus du refrains : « Caroline, I swear to god I tried / I swear to god I tried » (« Caroline, Je te jure que j’ai essayé,  Je te jure que j’ai essayé ») marquent la façon dont même les choses profondes et sincères peuvent se dissoudre en un souffle…

Nous pourrions continuer ainsi à vous parler de ces portraits où la lumière l’emporte sur la tristesse, de Eugene, qui parle de tomber amoureuse d’une personne hétéro ou de For Violet qui explore la désapprobation parentale ou mentionner des subtilités qu’on adore, comme les noms des choses et personnes qu’elle aime et qu’elle site par moments, comme Robert Smith sur Black Dog, Sylvia Plath ou encore Twin Peaks sur Hurt… Mais on vous laisse le plaisir de les découvrir…

Collapsed In Sunbeams transforme les maux en poésie rêveuse et solaire aux messages réconfortants, et nous hypnotise de ses mélodies qui nous bercent et nous transportent dans un monde plus doux.
L’album est sorti sur Transgressive Records et on vous en conseille chaudement l’écoute !

Découvrir Collapsed in Sunbeams :