ADN #861 : Côme Ranjard

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Petit Intraterrestre de la pop française, Côme Ranjard passe sur La Face B pour nous raconter ses influences.

portrait Côme Ranjard
crédit : Nicolas-Despis

Haruomi Hosono – Hurricane Dorothy 

Hurricane Dorothy est le pic time de mon album préféré de tous les temps. Malgré des centaines d’écoutes, l’album Tropical Dandy reste un mystère pour moi, le mystère du son, des arrangements, des mélodies. Comment tout cela s’imbrique ensemble avec tant d’harmonie, d’émotion et de coolitude ? Mystère. Tout ce qu’on sait c’est que l’album est sortie en 1975, qu’il fait partie d’une série d’albums nommés « tropicaux » (tous fantastiques) et que le héros Hosono était évidemment entouré de musiciens aussi brillants les uns que les autres (chacun avec des carrières solos à digger) lors de cet enregistrement. C’est comme un rêve et ça s’écoute en boucle. Si vous ne connaissez pas déjà, je suis content et ému pour vous !

Alain Bashung – Chaque Nuit Bébé

Ce 5eme album studio de Bashung n’est certainement pas mon préféré, mais il contient ce morceau clé à mes yeux : Chaque Nuit Bébé. 

On y retrouve l’épuration de ses albums plus tardifs, ainsi que cette manière de chanter qui lui est si propre. Ce texte, écrit avec Pascal Jacquemin, est l’un des plus beaux textes que je connaisse sur la rupture amoureuse et la dure période qui se traverse après l’amour. Du moins c’est comme ça que je la comprends mais on est jamais trop sûrs avec Bashung. C’est ce genre de morceau qui m’a donné le goût des boîtes à rythme mêlées aux gros accords de synthé sur lesquels la voix se pose. J’adore. « Fiancée, Poisson d’avril,  Moi bissextile, S’voir tout donner, Baisers soldés, Rien qu’des amis, Passé, futur imparfait. » magnifique, non ?

Shintaro Sakamoto – Birth Of The Super Cult

Birth Of The Super Cult (et cet album dans son ensemble) est une leçon de créativité et d’ingéniosité musicale. Il fait partie de ces artistes qui me donnent envie d’épurer tout en allant constamment chercher un peu plus loin. Shintaro Sakamoto est un étrange génie, hyper inspirant. Cette chanson est désarmante de justesse et d’une certaine forme de grâce. C’est aussi lui qui m’a donné envie de délaisser le slide de guitare pour me mettre enfin au lapsteel, instrument hawaïen qui se joue à plat sur les genoux et qui ne cesse de m’ouvrir de nouvelles portes. Shintaro a lui-même défini sa musique de Post-Apocalyptique, je crois que je vois ce qu’il veut dire; en tout cas c’est crépusculaire et magnifique. 

Acetone – Return From The Ice

Il faut que je sois honnête avec moi-même, je n’écoute pas vraiment de rock. Le seul rock que j’aime vraiment au fond de mes tripes, c’est le rock tout doux. Acetone me donne pile ce que je n’aurais pas osé demander à la musique, et c’est le plus beau des cadeaux. On pourrait se dire qu’il y a des milliers de groupes américains qui font du rock comme ça, mais je n’en connais aucun qui tienne sur un fil aussi subtil qu’Acetone. Il y a une symbiose entre Richie Lee (basse/chant) et Mark Lightcap (guitare/chant) qui dépasse encore mon entendement et qui me fait pleurer à tous les coups. J’ai choisi ce morceau qui est dans une belle compile de Light In The Attic (elle donne un accès facile à leur musique), mais tous leurs albums valent le détour et en plus ils viennent tous de débarquer sur les plateformes. 

Caetano Veloso – Qualquer Coisa

Pour boucler la boucle, un album de 1975 comme Tropical Dandy d’Hosono. Cette même année, au Brésil, Caetano Veloso a pondu cet énorme chef-d’œuvre. Lui aussi joue avec les mots et les sonorités, avec un débit et un phrasé tellement créatif et inspirant pour l’écriture en français et la chanson en général. La découverte de Caetano Veloso a été vraiment marquante pour moi, notamment ses albums de la fin des années 60 et début des années 70. Quel génie musical, quel sens du rythme et de l’harmonie, pas de doute il fait partie des grands et je me voyais mal ne pas le citer.

J’aurais pu ou dû parler de tant d’autres artistes comme Arthur Russel, Michael Hurley, Water Melon Group (album Cool Music), Connan Mockasin, Mac Demarco, Tex Crick, Pierre Vassiliu, Louis Chedid, Pierre Barouh, Jimmy Giuffre, Chet Baker, John Carroll Kirby, Georges Brassens, Happy End, Karen Dalton, Arthur Lyman, Martin Denny, Charles Mingus, Kurt Vile, Daniel Johnston, Neil Young, Devendra Banhart, Yuma Abe, Andy Shauf, Nick Drake, Nujabes, Domenique Dumont, Os Mutantes, The Sweet Enoughs ou Jonathan Richman mais je triche déjà en citant leurs noms !

Découvrir Côme Ranjard:

Retrouvez Côme Ranjard sur Facebook et Instagram