Contrefaçon et la glorification de la créativité

Après deux EPs sortis au cours des trois dernières années, Contrefaçon revient avec ALMA, album immersif rendant hommage à la créativité musicale.

Contrefaçon

ALMA, Autorité de Législation de la Musique Artificielle. Bienvenue dans un monde où la création musicale est interdite et où seules les oeuvres créées par l’intelligence artificielle peuvent être consommées. 

Avec ce nouveau projet musical riche, Contrefaçon utilise le genre de la musique électronique pour dépeindre les contours d’une société dystopique menaçante. Chaque nouveau morceau est le prolongement du précédent, permettant ainsi à l’auditeur de suivre le récit d’une rébellion justifiée contre un pouvoir autoritaire démesuré.

Après que le premier titre de l’album, Hello, World! nous ait immergés dans cet univers parallèle obscur, Do it right nous prend à contrepied. Avec un rythme assez dynamique et des voix sur-jouant le bonheur, ce second morceau laisse transparaître un certain plaisir de vivre sous une dictature. C’est d’ailleurs ce même optimisme qui règne dans le morceau suivant We Can Work It Out qui nous fait bouger la tête. Avec un chant assez pop et des basses qui nous enrobent, les sonorités sont entraînantes. On sent toutefois sur les dernières nappes électroniques que quelque chose ne tourne pas rond.

Stop AI Music confirme cela en débranchant le son pour changer de registre. À partir de là, l’ambiance évolue radicalement et nous avons l’impression d’avoir basculé du côté de la résistance sur GTFU. Avec une voix révoltante, on ressent une certaine colère mêlée à un sentiment d’urgence. La production électronique en adéquation utilise des sonorités d’acid, combinées à des beats survoltés. Les dernières secondes paraissent irrespirables.

Pour nous laisser respirer, le groupe nous offre ensuite Lost Wave, en featuring avec MALVINA. Dans ce titre, les sonorités sont assez claires, faisant transparaître un sentiment d’espoir, nécessaire à toute rébellion tandis que les BPM élevés rappellent l’urgence de la situation. Le travail de la voix et des textures perturbe, les choses perdent de leur clarté. Ce qui nous amène à nous recentrer sur l’essence même de la musique avec Soma.

Après cela, Fugue 451 vient faire l’apologie de la richesse créative musicale. Les sonorités apparaissent comme un hommage à différents artistes aux genre bien différents, tels que Bach ou encore Justice. Ce mélange nous offre un morceau percutant et doué d’une certaine profondeur, qui nous rappelle les émotions générées par la musique. 

C’est d’ailleurs ce constat qui est représenté dans le titre suivant, Emotions Lost. Une humanité sans émotions perdrait sa raison d’être. Alors que l’ambiance est toujours électrique, nous prenons conscience que cette cause vaut la peine de se battre pour elle.

Malgré cela, le Silence semble gagner. Alors que les sonorités apparaissent contradictoires, mêlant un rythme rapide avec des nappes électroniques et une voix plus calmes, un certain sentiment de résignation apparaît. Quitte à ne plus pouvoir écouter de création musicale humaine, et si la solution n’était finalement pas de ne plus consommer de musique ? C’est sur cette interrogation qu’arrive ALMA, dernier morceau de l’album. Sur celui-ci, le son monte crescendo pour aboutir sur un beat saturé, presque oppressant. L’unité de contrôle ALMA apparaît comme la fin des libertés et de la possibilité pour l’Homme de s’exprimer, en laissant libre cours à ses émotions.

Avec ce nouveau projet, Contrefaçon dresse le tableau d’une société malade, où les enjeux de sécurité prédominent et écrasent toute possibilité pour l’être humain d’exister. Alors que l’intelligence artificielle commence à s’installer dans nos vies, cet album apparaît comme le nécessaire rappel de l’importance de la créativité musicale, et encore plus de la Culture.

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