Courtney Barnett, En Toute Décontraction

Ce mercredi 9 novembre, il fallait être au Trianon. Courtney Barnett délivrait une prestation magistrale, à la hauteur de son talent. Tout ça dans une décontraction et une facilité..? déconcertante.

A 20h pile, voilà Hachiku qui vient fouler les planches du Trianon, accompagnée d’une guitariste, d’une bassiste et d’un batteur. De son vrai nom Anika Ostendorf, l’artiste se chargeait tour à tour d’une guitare ou d’un synthé en plus du chant. Le plan est fixé. Un album (I’ll Probably be Asleep / Marathon Records, 2020) en poche, quelques EP et singles, et surtout, des tournées en première partie de Courtney Barnett donc, The Breeders, Snail Maill ou encore Aldous Harding. Bref, Hachiku commence doucement à avoir pignon sur rue. Il faut le dire, sa dream pop indée, un poil acide, créée dans sa chambre, est vraiment plaisante à écouter.

Pourtant, malgré l’expérience qu’elle a pu accumuler au fur et à mesure de ses tournées et dates, on la sent, comme ses musicien.nes, emprunté.es, intimidé.es. Il faut dire que dès leur premier morceau, le Trianon s’est massivement rempli pour prêter une oreille attentive au groupe. Que la pression aie joué ou non, la performance reste un peu en dedans. Le concert n’est pas raté, loin de là, mais on peine à retrouver les jeux de textures, les différents synthés, les harmonies, bref les sonorités qui nous ont accroché.es l’oreille sur l’album de l’artiste. A voir dans un contexte plus intimiste, pour peut-être appréhender un peu mieux l’univers de l’artiste.

A l’inverse de sa première partie, Courtney Barnett s’emploie à être la plus décontractée possible. Là où des artistes de sa trempe, carrure ou prestance s’adjugerait cinq ou six musiciens pour l’accompagner, le Trianon ne verra qu’un bassiste et un batteur l’entourer. Elle se chargera bien sûr de la guitare (jouée exclusivement aux doigts, excusez du peu) et du chant. Ce simple trio basse/guitare/batterie laisse de prime abord perplexe. En effet, quand on écoute la -large- discographie de l’artiste, on pourrait aisément penser que le sous-effectif va dégrader la qualité du concert du soir.

Car, on a ici, sous nos oreilles, des disques qui valent le détour. Cinq albums studio au compteur, dont un en duo avec Kurt Vile (Lotta Sea Lice / Marathon Artist, 2017), il y a de quoi faire. Du Double EP : A Sea of Split Peas (Marathon Artist, 2013), album de balades, aux virages plus rock Sometimes I Just Sit and Think, and Sometimes I Just Sit (Marathon Artist, 2015) et SURTOUT l’impressionnant Tell Me How You Really Feel (Marathon Artist, 2018), difficile de ne pas trouver son bonheur. Son dernier opus, Things Take Time, Take Time (Marathon Artist, 2021) la voit revenir à ses origines, et ce qui fait son unicité : ses talents de compteuse. Parfois plus que des chansons, ses histoires mises en musique nous prennent et nous font voyager comme de petites fenêtres dans la vie de l’artiste. Un vrai régal de poésie simple, brute, mais redoutable d’efficacité.

Et pourtant, on n’aurait pas pu espérer mieux que ce trio-là. Les chansons s’enchaînent à vitesse grand V, pas le temps d’entendre résonner l’accord final dans les travées de la salle que le batteur imprime le tempo de la suivante de ses baguettes. De ce rythme effréné, qui n’a d’ailleurs pas l’air de fatiguer nos muscien.nes outre mesure, on ressent une urgence d’en faire un maximum. De parcourir de fond en comble le répertoire de Courtney Barnett. Construit en crescendo, ce set démarre sur des balades, dont le magique Avant-Gardner, pour finir sur des sons plus rock de ses premiers opus. Pedestrian At Best nous laissera d’ailleurs un souvenir mémorable. Quelques Thank You par-ci par-là, Depreston dédiée aux rares personnes originaires de Melbourne présentes dans la salle, mais hormis cela, que de la musique. Bref, une heure et demi de concert magistral, sans une seule seconde de perdue. Et ça n’est pas pour nous déplaire.

L’encore prendra forme après la traditionnelle acclamation du public. Un dernier au revoir sur Before You Gotta Go, et doucement le Trianon se vide, pour retrouver la fraîcheur d’un mercredi soir de novembre. Dans les têtes résonnent encore les paroles entonnées, il y a peu, par la salle « Before you Gotta Go go go / I wanted you to know know know / You’re always on my mind / You’re always on my mind« . Comme un symbole, une fin magistrale à une soirée mémorable, un concert inoubliable.

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Les photos ont été réalisées par Céline Non