Cracker Island, quand Gorillaz se met aux couleurs des années 80

Depuis 2001, un groupe défraie la chronique de l’autre côté de la Manche. Cela fait plus de vingt ans que Gorillaz impose son style et ses idées, devenant progressivement une formation culte. Que ce soit musicalement ou de par son identité sonore, le collectif est unique. C’est en ce début d’année que ce dernier effectue son grand retour avec leur huitième album studio : Cracker Island.

La grande force de 2D et de ses comparses est d’avoir toujours su se positionner dans l’ère de son temps. Le quatuor anglais parvient à capter le son de son époque, pour se l’approprier et le faire muter, avec la manière qu’on lui connaît. Comme chacun de leurs albums, les quatre musiciens nous transportent dans une période précise. C’est alors sans trop de surprise que le groupe s’est cette fois-ci dirigé vers les années 80s. Cette démarche est par ailleurs épaulée par des artistes comme Thundercat, Stevie Nicks, Adeleye Omotayo, Tame Impala, Bootie Brown, Beck ou encore Bad Bunny

Avec ce beau casting, Gorillaz embarque dans la DeLorean remontant le temps de quatre décennies. Ce voyage est surplombé par Silverlake, en Californie, lieu ou le groupe virtuel s’est relocalisé. On sent l’influence de la côte Ouest des États-Unis dans les textures sonores pour lesquelles les anglais optent. On se retrouve avec une musique lumineuse, dégageant une certaine chaleur tant par la production, les arrangements et la production. On ressent particulièrement cette sensation sur des pistes comme Silent Running, The Tired Influencer ou encore Tormenta.

Pour rester sur les différents acteurs du casting cinq étoiles de Cracker Island, on sent une incorporation mature et sereine de ces derniers. Leur présence ne donne pas une impression d’entente forcée et se marie correctement à l’univers aussi reconnaissable qu’atypique de Gorillaz. D’autant plus que ces mêmes invités proviennent de cultures et perspectives différentes, ce qui rajoute encore une source de replay value à l’album. 

Cette identité solaire et chaude se voit renforcée par la présence de certains invités. La meilleure illustration demeure dans la collaboration avec Bad Bunny. Véritable roi de l’été dernier, ce dernier vient incorporer une touche latine forcément inhérente à la culture de la localisation narrative de l’album.

Ce flux est très bien géré et est gratifié d’un rythme maîtrisé d’une main de maître. Les chapitres plus dansants et dynamiques sont contrebalancés avec des morceaux plus doux et lents. Cette alternance de d’allure permet de conférer un caractère très vivant au disque.

Ce caractère très chaud, presque estival, contraste avec la date choisie pour rendre l’album public. Usuellement, on aurait plus imaginé une sortie calée vers l’été. Nul doute que ces nouveaux morceaux figureront tout de même dans les playlists berçant nos mois de milieu d’année. Mais on peut évidemment poser une certaine interrogation sur ce choix à la nature surprenante. 

En outre, avec Cracker Island, Gorillaz signe un retour tout en lumière et en maîtrise. Une véritable sérénité se dégage de l’album dont la durée ne se fait pas ressentir tant il est bien rythmé. La formation britannique avec ce huitième disque prouve une nouvelle fois sa face de caméléon, capable de s’adapter en fonction de son temps. C’est une nouvelle preuve de force de la part du quatuor anglais qui offre dix titres d’une grande qualité et d’une fraîcheur incontestable. 

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