Le groupe le plus psychédélique et envoutant de ces dernières années revient avec son second album Ice Melt. Crumb conserve la formule de son succès: le timbre toute en douceur un peu creepy de Lila, et une instrumentale hypnotisante qui enveloppe et construit un univers hors espace temps. Inspiré du produit déglaçant que l’on trouve en quincaillerie pour faire fondre la neige, les différents morceaux se liquéfient, se mélangent et s’écoulent le long de cette boucle temporelle. Nous avons pu rencontrer le groupe pour parler couleurs, trophés pourris et nanas flippantes.
LFB: Hello Crumb! Comment allez vous dans cette période bizarre?
Bri: Bien, très bien!
LFB: Vous vous connaissez depuis longtemps, pouvez-vous nous dire comment vous vous êtes rencontrés?
Bri: Nous nous sommes tous rencontrés il y a huit ans, nous avions des groupes différents mais vivions dans le même coin. Un projet a conduit à un autre projet, à un autre projet, à Crumb. Et nous voilà !
LFB: Vous étiez dans l’une des universités les plus prestigieuses des États-Unis. Aviez vous déjà pour but de faire votre carrière dans la musique ou ce fut un jeu de coïncidences?
Lila: Oui, nous nous sommes tous rencontrés à l’école, mais je ne sais pas si c’est la plus prestigieuse (rires). De toute évidence, nous avons étudié des choses différentes que la musique. Cependant, la plupart d’entre nous n’étions déjà plus scolarisés lorsque nous avons créé le groupe. Mais ce n’était absolument pas le plan de vivre de la musique! La plupart d’entre nous ont commencé à travailler dans d’autres secteurs, parfois à mi-temps, tout en faisant de la musique en parallèle. C’était un équilibre.
LFB: Quelle est l’histoire derrière le nom Crumb?
Lila: Jon notre batteur s’est ramené un jour avec l’idée. Il aimait juste le son du mot. Mais aucun lien avec la signification. C’était juste court. (rire)
LFB: Quels artistes sont importants pour vous et votre musique?
Bri: Beaucoup! C’est très difficile parce que nous sommes des gens très différents et c’est venu lentement, avec le temps. Nous avons partagé beaucoup de choses, et c’était toujours en mouvement et en évolution. C’est vraiment difficile de nommer deux ou trois artistes!
Lila: J’ai l’impression que nous sommes tous très inspirés par des choses non musicales aussi. Tous les arts, des lieux, des trucs. Je ne désignerai pas nécessairement un seul artiste. Mais je pense que beaucoup d’artistes auxquels les gens nous comparent sont très pertinents! Ca a du sens. Comme Broadcast! Mais nous écoutons des types de musique tellement différents. Notre batteur Jon écoute énormément de métal par exemple !
LFB: Votre musique est souvent décrite aussi psychédélique que la drogue, et votre univers visuel telle que la vidéo Locket l’aide beaucoup. Aimez-vous visualiser votre public consommer des drogues avec votre musique?
Lila: (rires)
Bri: C’est vrai que les gens confondent un peu les deux par moment. La musique psychédélique est une sorte d’altération de l’esprit, et c’est quelque chose que nous aimons insuffler à nos compositions! D’où vient le son, où il va, créer un monde tout autour de lui… Les gens rentrent dans ce monde, et peut-être que cela semble désorientant… Et quand les gens consomment de la drogue, ils vivent une expérience similaire. Je ne dis pas aux gens quoi faire ou non concernant ce type de consommation, mais je pense que c’est pour cela que les gens commencent à nous comparer aux drogues (rires). Mais ça n’a jamais été le but.
LFB: Disons qu’il y a une vision différente du temps et de l’espace dans votre musique.
Bri: Oui, je pense que c’est plus correct que les drogues psychédéliques!
Lila: Les vidéos aussi, c’est vrai qu’il y a beaucoup de choses surréalistes dessus…
LFB: Oh oui, il y a tellement de théories à leur sujet! Après le jaune vif sur la couverture de Jinx, le noir profond de Ice Melt. Les couleurs sont importantes pour vous, alors que représente cette transition?
Lila: Oh, c’est une bonne question… Les pochettes des albums précédents ont tous été des couleurs vives et fortes qui s’expriment d’une certaine manière dans la musique. Nous voulions le rendre plus stable, inviter notre public à l’examiner en profondeur. Le noir correspond bien à cet aspect de l’album. Plus discret, c’est ce qu’il fallait pour cet album.
Bri: J’ai l’impression que pour cet l’album, c’est comme entrer dans une pièce très animée, mais avec les lumières éteintes. Vous êtes curieux de savoir ce qu’il y a à l’intérieur. La pochette d’un album, vous devez l’ouvrir pour découvrir ce qu’il y a à l’intérieur, et pour la musique, c’est un peu la même chose.
Lila: Cela me fait penser que la musique est très colorée et que nous avons pris en photo couleur la pochette de l’album à l’origine. Un tas de couleurs différentes ! Mais nous avons décidé de le rendre monochrome. C’est intéressant de voir à quel point nous avons transformé ce point. Nous avons annulé les couleurs.
LFB: Trophy est une chanson importante sur la quête infernale pour la gloire. Est-ce relatif à votre expérience de la célébrité?
Lila: C’est une façon de le penser! Je pense que le clip vidéo renforce cette idée. A l’origine, quand j’ai écrit les paroles, je pensais plus à la fin du monde… Une personne, seule, dans le noir… Mais j’aime cette idée de trophée.
LFB: Quel genre de trophée aimeriez-vous avoir décerné?
Lila: (rires) C’est vraiment marrant, il y a une salle des trophées chez moi. Et pendant la pandémie, pour nos anniversaires et tout, nous avons fait des trophées les uns pour les autres. Des choses débiles! Mon colocataire a un truc de bodybuilder, je ne me souviens même plus pourquoi, un truc stupide. (rires).
Bri: J’ai toujours le trophée du clip, il contient mes bananes. C’est un bon contenant, bon pour tout! (rires)
LFB: Votre musique est si élégante et douce, mais on voit une pointe de violence émerger sur cet album. Comment expliquez-vous ce contraste?
Bri: Je pense que nous essayons de capturer plus d’émotions. J’imagine cet album comme un tour de montagnes russes. Tunnel est très bruyante, sans doute la plus de cet album. Mais il y a tout un entre deux. C’est une façon de raconter cette histoire.
LFB: Mais qui est cette fille terrifiante à la fin de BNR?
Lila: (rires) Son nom est Jenly, elle était censée être comme un doppelganger. Nous l’avons trouvée, puis elle a fait ce visage super effrayant. Elle a tué le jeu (rires)
LFB: Vous êtes très indépendant, auto produisant Jinx et Ice Melt sur votre label, et aussi très DIY pour vos vidéoclips. Dans quelle mesure est-il important pour vous de rester indépendant?
Bri: Ouais, c’est très important depuis le début. Nous avons beaucoup appris sur l’aspect artistique, mais aussi comment en faire un projet durable pour nous. Nous avons construit notre équipe au fil des albums, et avons eu une idée de plus en plus précise de ce à quoi nous voulons que ça ressemble et comment le sortir. Il est intéressant de contrôler ces parties. J’espère que ce sera de plus en plus facile pour de plus en plus d’artistes de le faire. L’industrie de la musique évolue.
LFB: Pensez-vous que l’avenir de l’industrie musicale converge vers plus d’indépendance des artistes?
Lila: Je l’espère! Cela fait définitivement partie de notre travail. Surtout pour cet album, je pense vraiment que nous avions le contrôle sur tous les différents aspects. Sans la précipitation.
LFB: Comment vivez-vous pour être loin de la scène et des concerts pendant plus d’un an?
Lila: Ça fait bien plus longtemps qu’une année!
Bri: Dix-sept ou dix-huit mois! Honnêtement, j’ai des flashbacks de tournées de la même manière que j’ai des flashbacks de mes rêves. Quand nous referons des concerts ensemble, on va halluciner. Et probablement tout le monde. C’est si étrange…
LFB: Quel est votre rêve pour le futur?
Lila: Un monde non pandémique (rires). J’espère juste qu’après tout cela nous serons soulagés, dans un monde libéré, amusant, différent et meilleur.
LFB: Avez-vous des artistes à nous conseiller?
Lila: Tous les artistes sur Citrus city records. C’est le label d’un ami, très doué pour trouver des artistes underground et les enregistrer!
LFB: Merci beaucoup Crumb! Vous êtes les meilleurs.
English Version:
LFB: Hi Crumb ! How are you in this weird times?
Bri: Alright, well !
LFB: You know each other’s since a long time, could you please tell us how you meet all?
Bri: We all met eight years ago, we had different groups but lived around the same place. One project led to another project to another project to Crumb. Here we are !
LFB: You were in one of the most prestigious university of the US. Were you dedicated to make your career in music or it was a set of coincidences?
Lila: Yes, we all met in school, but I don’t know if the most prestigious (laugh). Clearly we studied different things than music. But actually, most of us were already out of school when we started the group. But it was absolutely not the plan to live from the music ! Most of us started working in other jobs, sometimes half-time, and doing music on the side. It was a balance.
LFB: What is the story behind the name Crumb?
Lila: I think Jon the drummer came up with it. He just liked the sound of the word. But it’s not connecting of the meaning of the world. It’s just short. (laugh)
LFB: Which artists are important for you and your music?
Bri: A lot ! It’s very hard because we are different people and it came slowly with the time. We shared a lot of stuff, and it was always shifting and changing, it’s really hard to name two or three artists !
Lila: I feel like that we are all very inspired by non-musical things also, all the arts, places, stuff. I won’t necessarily point only one artist. But I think that a lot of artists that people compared to us are very relevant ! It makes sense. Like Broadcaster ! But we listen so different type of music. Our drummer Jon listen so much metal !
LFB: Your music is often described as psychedelic as drugs, and your visual universe as Locket video helps it a lot. Do you like to visualize your public consuming drugs with your music?
Lila: (laugh)
Bri: What people are confused about is that psychedelic music is kind of mind-altering, and it’s something that we like to mess around in our music ! Where the sound is coming from, where it’s going, creating an all-world around it… People are coming into that world and maybe it feels flipped upside down or disorienting. And when people are doing drugs they have a similar experience. I am not telling people what to do with this kind of experiences but I think that’s why people are starting to compare us to drugs (laugh). But it was never the point.
LFB: There is like a different vision of time and space in your music.
Bri: Yes, I think this is more correct than psychedelic drugs !
Lila: The videos also, it’s true that there is a lot of surrealist things on it…
LFB: Oh yes, there is so many theories ! After the bright yellow on the cover of Jinx, the deep black of Ice Melt. Colors are important for you, so what this transition represents?
Lila: Oh it’s a good question… Previous album arts have all been bright and loud colors which speaks in the music in some way. We wanted to make it more settled, you have to look into it deeply. Black speaks to that aspect of this album. More subdued, it’s the right thing for this album.
Bri: I feel like the album is like walking into a very vibrant room but with the lights off. You are curious what’s inside. A cover album, you need to open it, and for the music it’s kind of the same.
Lila: That makes me feel that the music feels very colorful and we actually shoot the album cover originally in color, and had a bunch of different colors on it. But we decided to make it monochrome. We cancelled the colors.
LFB: Trophy is an important song about the infernal quest to glory. Is it relative to your experience of celebrity?
Lila: That’s one way to think it ! I think the music video increase this idea. Originally, when I wrote the lyrics, I was more thinking about the end of the world… One person, alone… But I like this idea of a trophy.
LFB: What kind of trophy you would love to have awarded?
Lila: (laughs) It’s actually funny, there is a trophy room in my house, and during the pandemic, for our birthdays and stuff, we made trophies for each other’s. Random stuff! My roommate got a bodybuilder thing, I don’t even remember why, a crazy thing. (laughs).
Bri: I still have the trophy from the music video, and it holds my bananas. It’s a nice cup, good for everything ! (laughs)
LFB: Your music is so elegant and smooth, but we see a point of violence emerging on this album. How do you explain this contrast?
Bri: I think we try to capture more emotions. I picture this album like a roller coaster ride. Tunnel is like very loud, the biggest part of this album. But there is everything in between. A way of storytelling it.
LFB: Who the fuck is the creepy girl at the end of BNR?
Lila: (laughs) Her name is Jenly, she was meant to be like a doppelganger. We found her, and made like a very creepy face. She killed it (laughs)
LFB: You are very independent, self-releasing Jinx and Ice Melt on your label, and also very DIY for your music videos. How much is it important for you to remain independent?
Bri: Yeah, it’s very important since the beginning. We learned a lot about the artistic side of it, but also how to make it a sustainable project for us. We built our team along the albums, and had a more and more specific idea of how it sounds like and how to release it. It’s interesting to control these parts. I hope it will easier and easier for more and more artists to do it. The music industry is changing.
LFB: Do you think that the future of the music industry is that artists will be more and more independents?
Lila: I hope so ! It’s definitely a part of our work. Especially for this album, I really think that we had control over all the different aspects. Without a rush.
LFB: How do you live to be far from the scene and the concerts during more than a year?
Lila: It’s been even longer !
Bri: Seventeen or eighteen months ! Honestly, I have flashback of tours like I have flashbacks of dreams that I had. When we will go back together, it will blow our minds. And probably everyone. So weird…
LFB: What is your dream for the future?
Lila: A non-pandemic world (laughs). I just hope that after all of that we will be relieved, in a liberated, fun, different, better world.
LFB: Do you have any artist to advise us?
Lila: All the artists on Citrus city records. It’s our friend label, very good at curating underground artists and put them on tapes !
LFB: Thank you so much Crumb ! You are the best.