Deux ans après avoir dévoilé l’excellent Osito, Caballero fait son grand retour en solo avec Dose Héroïque. Ce nouveau projet est une exploration plus profonde de son parcours personnel, une sorte de fenêtre ouverte sur sa vie et ses expériences. Sans abandonner son talent de jongleur de mots et de rimes, Caballero nous offre une œuvre où la nouveauté s’allie parfaitement à ses racines artistiques.
Avec plus de dix ans de carrière, Caba s’impose sans conteste comme une des grandes figures du rap belge. Réputé pour sa technique, ses rimes percutantes et ses ego trips teintés d’humour, le rappeur présente cette fois-ci une nouvelle dimension de son talent avec Dose Héroïque. Physiquement et mentalement transformé, Caballero entre dans une nouvelle phase de sa vie, aussi bien personnelle qu’artistique. Après avoir perdu beaucoup de poids et diminué sa consommation de certaines substances, il laisse transparaître ces changements dans sa musique, dévoilant ainsi une nouvelle facette de son univers. Evoquant une grande quantité de drogue psychédélique, Dose Héroïque suggère également que le Pharaon Blanc est à son apogée artistique, poussant son potentiel mental à l’extrême pour cette nouvelle œuvre.
Le nouveau projet du rappeur belge s’inscrit alors dans ce contexte. Les fondamentaux sont présents : El Polló, Populaire et VG&DV rappellent son talent pour les égo trips bien énervés, Vernissage montre une technique aiguisée, et Plus belle vue illustre un choix des mots soigneux.
La véritable surprise vient avec Pas dit, le cinquième single du projet. Caballero s’aventure sur un terrain moins exploré : ses relations amoureuses. Le rappeur y confie tout ce qu’il aurait voulu dire à une ancienne relation, partageant ses regrets, ses doutes, ses envies et sa jalousie. À la première écoute, le morceau peut surprendre, mais il évolue rapidement pour apporter une nouvelle dimension au personnage de Caballero, le rendant plus sensible et plus humain. La participation aérienne de Benjamin Vndredi et l ‘outro avec une petite reprise de Besame Mucho subliment le morceau, en faisant l’une des pépites de l’album. Il continue d’explorer le sujet des femmes et de ses relations dans Le genre de truc qui reste à Vegas, cette fois avec une approche plus sensuelle et un côté plus dragueur.
Caballero continue de s’ouvrir à son public avec des sujets tout aussi personnels. Il permet d’en savoir plus sur son univers intime, notamment avec Rose Orangé où il dépeint une sorte de colère mélangée à des doutes et des regrets. L’album regorge également de nombreuses références à son enfance, avec une question qui semble le hanter : “Est-ce que le jeune Caba serait fier de l’homme qu’il est devenu aujourd’hui ?”. Cette démarche représente encore une forme d’introspection pour le rappeur, marquant un tournant ou une remise en question de lui-même et de son parcours. Une remise en question qui met également en lumière la maturité développée au cours de ses années d’expérience.
Les prods ne sont pas en reste. Jeanjass, toujours à ses côtés, assure les arrangements, la réalisation et les instrus sur plusieurs tracks. Entouré d’une dream team qu’il connaît par cœur, Caballero délivre des bangers impeccables. On y croise les habitués comme Dee Eye, présent sur plusieurs morceaux, l’incontournable Eskondo sur le feat avec Lesram, et Agusta qui enchaîne les pépites avec les envoutants Pas dit et El Polló. Dose Héroïque dévie du boom bap qui lui est habituellement associé, ce qui peut surprendre à la première écoute. Mais là aussi, il s’agit d’un choix payant. Travailler sur des instrus aériennes et incisives permet à Caba de nourrir ce souffle nouveau qu’il cherche à transmettre à travers ce projet, tout en consolidant la cohérence de tout l’album.
Une équipe talentueuse derrière les platines, mais aussi derrière les micros. Caba s’entoure de quatre feats cohérents pour l’accompagner sur Dose Héroïque. Un Benjamin Vndredi aérien sublime Pas dit avec sa voix envoûtante ; Lesram découpe la prod de Vernissage avec précision ; EDGE apporte une dose de sensualité sur Le genre de truc qui reste à Vegas et Dinos livre un égo trip bien rappé sur 50c. Chaque invité sur ce projet apporte véritablement sa pierre à l’édifice. Chacun excelle dans son propre style, contribuant à faire de Dose Héroïque un album plus que réussi.
Dose Héroïque apparaît comme l’un des projets le plus introspectif de Caballero. C’est une bouffée d’air frais après des projets comme High & Fines Herbes et ZushiBoyz, qui, bien que de qualité, ne laissaient pas beaucoup de place à l’aspect personnel. Plus de 10 ans de carrière, et le plus belge des Espagnols continue de surprendre son public. Cette fois-ci, il le fait à travers des mélodies aériennes et des thématiques bien plus intimes, offrant une nouvelle dimension à son art et prouvant qu’il sait constamment se réinventer. Ajoutez des feats qui frappent fort et des prods ultra percutantes, et vous avez un album qui restera dans vos écouteurs pendant un bon moment ! Caballero n’a plus besoin de faire ses preuves dans le rap francophone. Mais, il tient à montrer que son talent, comme le bon vin, se bonifie avec les années.