Dear Deer, le track by track de Collect and Reject

Le 25 mars dernier, les lillois de Dear Deer dévoilaient leur troisième album, Collect And Reject, un album qui combine new wave, disco et ambition dancefloor du plus bel effet. Aujourd’hui, le duo nous confie les secrets derrière ce projet à travers une interview Track by Track.

pochette Dear Deer

Plateforme Dear Deer

La nouveauté de cet album… Des chansons en français !

En effet, à la demande du groupe turc She Past Away, nous ré-interprétons leur morceau Ruh en 2020 en français, ce qui nous pousse à relever le défi pour nos propres compositions.

Une ambiance à la Climax de Gaspard Noé se développe au fil de la chanson aux basses imperturbables qui parviennent du fond d’une cave obscure et enfumée.

Des bruits de portes métalliques qui claquent, et des chaussures qui font mal aux pieds, c’est parti pour danser jusqu’au petit matin.

Love Like Capitalists

Nous sommes clairement entrés dans le club, la musique pulse, la fumée se dissipe à peine, les regards se croisent. Fermement accroché.e à votre gin-tonic, vous tentez de résister mais c’est trop tard, votre bassin commence lentement à bouger.

Inspiré par les beats ultimes et presque indémodables de Giorgio Moroder, Love Like Capitalists se donne comme un manifeste de l’Eurodisco 2022.

Il suffit de redonner un coup de fraîcheur aux boîtes à rythme vintage, de paroles agacées, et d’un chœur aux ondulations soul pour faire naître ce morceau.

Joan

Assez représentatif de l’équilibre de cet album,  Joan est un peu plus narratif que les autres morceaux.

Figure féminine mondialement connue, Joan est un alter ego de Jeanne d’Arc. La chanson raconte d’une manière malicieuse ses péripéties jusqu’à aujourd’hui. Ce morceau chante la vision hallucinée de la jeune guerrière qui se mue en véritable enfer, vision palpitante de tsunamis de lait de brebis et de choc épileptique.

Proche de Let’s Dance de David Bowie, son groove nous invite nous aussi à nous enflammer. On retrouve notre son en y ajoutant une douceur nouvelle et acide, mêlée à un mille-feuille de guitares grinçantes.

Backward Groove

C’est à partir d’une gravure de Hans Baldung qu’est apparue dans un nuage brumeux et odorant cette chanson pleine d’allusions sexuelles. C’est un carnaval diabolique où tout est à l’envers, le séant à la place du visage.

Watch me, I’m a marauder

Cette chanson parle d’une prison pour mineurs. Le déterminisme social semble sceller l’issue du morceau.

Crédit : David Tabary

JJR

Musicalement, JJR est directement inspiré des claviers et arpeggiators de Giorgio Moroder. Il figurait déjà sur le split vinyl avec Embers sorti en 2021, mais ici dans une version un peu différente.

Il y est question du texte de Jean-Jacques Rousseau, Essai sur l’origine des langues (1781).

Deux

Un autre morceau en français. Celui-ci a subi quatre versions différentes avant d’arriver à ce résultat. C’était au départ un rythme bossa nova, qui a fini par muter en quelque chose de vaguement inspiré des Rita Mitsouko. L’envie de mots très courts en français comme des uppercuts a été structurant pour la musique… à moins que ce ne soit l’inverse ?

Anonyme A

Chanson jumelle de Deux, Anonyme A témoigne du même processus d’écriture en français. La recherche de phrases courtes et efficaces, le rythme soutenu, cherchent à tordre la langue française parfois trop poétique dans un moule punchy et punk

Invisible designer

Un des morceaux les plus anciens de l’album. On se rapproche de Wire pour les guitares.

Il y est question de preneurs de décision inatteignables, et de designers malveillants dirigeant la construction de mobiliers cruels.

Il faut toujours faire l’historique avant de croire en la fatalité des situations.

Plaster

Le plâtre de l’inconnue de la scène et son sourire de Joconde sont à l’origine de ce morceau. Pourtant très symboliste, l’imagerie est proche de la médecine légiste.

Love Like Capitalists (club edit)

En pleine construction de l’album et en plein doute, nous sommes retombés sur la version primitive de ce morceau, très minimaliste et très dansante… Il nous a semblé évident qu’il fallait utiliser ce squelette, sans basse ni guitare, pour une version « club » destinée au single et au clip.

Retrouvez les aventures de Dear Deer sur Instagram et Facebook.

Redécouvrir notre interview avec Dear Deer dans le cadre du Not Dead Project