Dernier morceau avant fermeture #12

Et voilà, nous sommes confinés. On a beau faire nos malins, on flippe un peu malgré tout. Alors pour essayer de désamorcer un peu ce stress, on a décidé de lancer Dernier Morceau Avant Fermeture, la playlist de la fin du monde vue par les artistes qu’on aime. On leur a donc demandé à chacun de choisir une chanson à écouter avant la fin du monde. Aujourd’hui on laisse la parole à nos médias amis avec les derniers morceaux avant fermeture de Tourtoisie, La Grosse Radio, Indiemusic, Punktum et Maze.

Le Choix de Prisci (Tourtoisie) : Arctic Monkeys – No 1 Party Anthem

Après des jours de réflexion, et une revue de ma bibliothèque musicale, je suis finalement revenue à mon choix numéro 1, un classique pas très étonnant No.1 Party Anthem d’Arctic Monkeys
C’est être entièrement dans le pathos, je le confesse. Mais cette chanson a la subtilité, la sensualité, et l’intensité d’un moment en flottement. Il y a tant de mouvements et d’images qui me viennent quand je l’écoute. Ça touche directement au cœur. C’est un morceau qui parle d’attentes et l’effondrement de celles ci à la fin des soirées, et si la vie devait s’arrêter, j’aurais aimé en avoir fait une belle soirée. Qu’on s’en aille tout doucement, enlacés dans une étreinte, dans un slow infini. 
Si ça avait été la chanson de mon enterrement, j’aurais choisi My Way de Nina Simone, à qui je voue une passion, encore plus classique, mais j’espère que cette info ne tombera pas dans les oreilles de sourds (un comble sur La Face B non?)

Le Choix de Yann (La Grosse Radio) : Nick Cave & The Bad Seeds – Death Is Not The End

On retrouve dans cette reprise de Bob Dylan à la fois optimiste et macabre les invités d’autres titres de l’album Murder Ballads : Anita Lane, Kylie Minogue, PJ Harvey et Shane MacGowan (The Pogues). Une belle bande d’écorchés plus la tendre Kylie, avec lesquels j’aimerais boire et danser jusqu’à la mort. Chanter yeux dans les yeux avec PJ, trinquer une dernière fois avec Nick et boum, explosion de la Terre.

Le choix de Fred (Indiemusic) : Zola Blood – Play Out

J’ai longuement hésité entre les titres les plus dansants de Roosevelt (« Yr Love », « Night Moves », « Hold On »…), les breakup songs du duo Honne avec Izzy Bizu ou plus récemment avec Beka que j’ai écouté en boucle sur des trajets quotidiens ou encore le tube Dynasty  des Whomadewho qui peut ferait danser n’importe qui dans la rue sur son groove dingue. J’ai même pensé partir sur des titres bien plus sombres comme « Humiliation » de The National (sur mon album préféré du groupe, Trouble Will Find Me) ou « Digging Shelters » de Neil Hastead que je trouve admirablement sincères et poignants. Mais à bien y réfléchir, autant retenir ici un titre à la croisée de tout ça : Play Out de Zola Blood, formidable groupe londonien qui commence enfin à percer. Ils ont sorti un premier album magistral en 2017, Infinite Games en 2017, à la croisée de l’ambient, de l’electronica et de la pop électronique, avec une vraie dimension live en plus (et que j’espère un jour découvrir ainsi).
Sur ce premier disque, il y a ce titre que j’ai écouté au réveil tous les matins pendant de longs mois, autant dire que ça a été un vrai crash test. La voix de Matt West est renversante, l’atmosphère, je la trouve enivrante, à la fois dansante et contemplative, et puis ces paroles sont d’un romantisme sans égal. « And your love, your pieces / I wanna get to know you / And I realize in the cold light on the day time / That I’m going under ».

Le Choix de Caroline (Maze) : Choker – Frame

J’ai choisi le morceau Frame de Choker. Sans doute parce qu’il m’évoque un été que je n’en finis plus d’attendre, de par ses couleurs, sa véhémence, sa lenteur presque poétique. Elle m’évoque mes dernières sorties au cinéma, parce qu’elle figure sur la bande originale de Queen & Slim, que j’ai vu en février dernier. Elle m’évoque à la fois des airs de fin du monde, et une course éperdue vers une vie fantasmée. Un effet que l’on ressent particulièrement lors de la transition qui intervient suite à la première minute ; puis une guitare feutrée, développée discrètement sous la voix transie de Choker.

Le choix de Juliette et Raphaël (Punktum) : DeLaurentis – A Big Part of a Big Sun

Juliette : J’ai rarement écouté un morceau d’une telle puissance. Le mélange atypique et harmonieux que crée DeLaurentis vous décime d’une traite et vous injecte une dose d’aspiration incroyable. Le meilleur morceau pour signifier une dernière fois notre petite existence et s’envoler vers un soleil brûlant.

Raphaël : DeLaurentis interprète ce titre avec Mathilde Vrech, la rencontre des deux donne une impulsion magnifique et la rencontre des deux performances est idéale. Elles s’écoutent et se répondent, on sent une réelle complémentarité entre les atmosphères électroniques cristallines de Cécile et les arrangements de Mathilde, l’une sublimant les caresses mélodiques de l’autre.

La playlist sur spotify :

https://open.spotify.com/playlist/4s9a4v1IqzRd0WDvtIWpgS?si=7t6OUk0QTy2MsF-tHRbNew