En Belgique, l’été ne se compte pas en degrés, mais en festivals. Dans la sainte trinité des festivals wallons, Dour est peut-être le plus indiscipliné, mais le plus attachant. Possédant une identité forte, sans compromis, il a également une communauté fidèle, ayant vu son équipe grimper les échelons jusqu’à concurrencer les mastodontes du pays. C’est ça, Dour. Une idée belge de la fête : libre, et surtout diablement vivante.
Du monde et du bon
À Dour, même les éoliennes ont l’air de danser. Sept scènes, 230 artistes, une plaine transfigurée du 16 au 20 juillet. Et au milieu, une vie collective qui s’invente sous toile, sous son, sous ciel étoilé. Les six campings sont autant de microcosmes où l’on échange des chargeurs comme des confidences, où on se fond dans la masse des meutes de chaises campings, devenu l’emblème de ces petits mondes à part entière.
16 juillet – La Mano 1.9
Chaque année, Dour mise sur les sons qui émergent ou explosent. En 2025, impossible de passer à côté de la nouvelle vague drill et trap venue tout droit du 19ᵉ arrondissement de Paris. Dans cette scène bouillante, La Mano 1.9 s’impose comme l’un des visages les plus percutants du moment. Voix rauque, prods sombres, énergie brute : il incarne une hoodtrap nerveuse et sans compromis, entre refrains entraînants et punchlines percutantes. il marque une saison 2025 déjà explosive pour lui avec la sortie de R.A.T son tout premier album.
De plus en plus présent sur toutes les scènes francophones, il a déjà montré son talent pour la scène en enflammant l’Accor Arena aux côtés de Gazo et enchaîne les millions de streams. Le voir dès le premier jour, ce n’est pas un échauffement : c’est un gros match, un corps-à-corps qui promet des prolongations brûlantes, où peronne ne veut entendre le coup de sifflet final.
16 juillet – ECHT !
ECHT!, c’est ce genre de groupe qui fait tout à l’envers, et c’est pour ça qu’on les adore. Plutôt que de s’appuyer sur des ordis, ces Bruxellois ont préféré sortir les claviers, les batteries et la basse pour produire un son électro 100 % live et instrumental. Tout est fait maison, tout est joué ensemble, et surtout, tout est pensé pour le live. Leur dernier album Boilerism, sorti sur le label Sdban Ultra, est une tuerie hybride : entre broken beat, footwork et jazz mutant.
À Dour, les gars ne viennent pas faire de la figuration. Ils viennent jouer « presque à domicile », défendre une vision artisanale et radicalement fraîche de la musique électronique. il faut se préparer à danser sans comprendre exactement sur quoi, et c’est ça aussi qui est bon.
17 juillet – Brutalismus 3000
Tout commence comme une love typique : en 2018, Victoria Vassiliki Daldas et Théo Zeitner se croisent sur Tinder à Berlin. Mais leur match ne se limite pas à un date romantique. Très vite, c’est sur le terrain musical que l’alchimie s’impose. Ensemble, ils forment Brutalismus 3000, un duo électro radical qui va transformer leur idylle berlinoise en conquête de l’Europe.
Impossible à ranger dans une case, Brutalismus 3000 dynamite les étiquettes. Leur style est une fusion entre gabber, techno industrielle et punk électronique, sur fond de BPM élevés et de distorsions nerveuses. La voix de Victoria tranche comme un manifeste. Elle chante, scande et crie en allemand, anglais ou slovaque, dans un flow mi-militant, mi-animal, toujours habité. À la frontière du club et de la manif, leur son évoque autant les raves des années 90 que les slogans de révolte. Brutalismus 3000 n’adoucit rien : ils tapent fort, droit dans le cœur et les tripes, et vont se faire un plaisir de tout casser lors de leur passage à Dour.
17 juillet – Mairo
Depuis quelques années, la Suisse impose ses couleurs sur la carte du rap francophone, et Mairo en est un digne ambassadeur. Avec LA FIEV, son premier album long format depuis deux ans, l’artiste offre un projet dense et maîtrisé, entièrement produit par son frère jumeau Hopital. Un retour très attendu, qui pourrait sans aucun doute s’inscrire parmi les meilleures sorties de l’année.
Inspiré par les beats bruts de la East Coast et les flows tranchants de Détroit et Jersey, Mairo manie la rime comme un chirurgien sous adrénaline. Il revendique un style “dégueu-conscient” : sale, technique, réfléchi, le tout avec un sens du texte affûté comme une lame. Studio ou scène, même combat : Mairo régale. Et vu sa dernière archi blindée, il ne fait plus aucun doute qu’il maîtrise les deux. Il débarque ce 17 juillet en Belgique pour défendre sa dernière pépite, prêt à tout retourner.



18 juillet – Odymel
Mairo représente la Suisse côté rap, mais il n’est pas le seul à faire rayonner son pays. Dans un autre registre, Odymel trace sa route sur la scène électro. Même drapeau, et surtout même talent. Installé à Bruxelles depuis un moment, il a su conquérir le cœur du public noir-jaune-rouge. Il s’est rapidement imposé sur les différentes scènes de la capitale belge, enchaînant les prestations remarquées, à l’image de sa date à l’Ancienne Belgique en décembre, déjà complète.
Odymel, c’est le funambule des platines qui jongle entre house, techno, trance et eurodance comme personne. Sa musique se résumerait en un savoureux mélange rétro-nostalgique d’hard techno qui te balance une bonne dose d’émotions tout en te collant une irrésistible envie de danser jusqu’au petit matin. Avec des morceaux comme Gucci ou son remix survitaminé de My Favourite Game des Cardigans, il prend les classiques et leur injecte une énergie folle, moderne et inédite.
Avec son énergie communicative et ses sets aussi imprévisibles qu’efficaces, Odymel continue sa percée fulgurante sur la scène électro belge. Après avoir enflammé les scènes de Pukkelpop, Paradise City ou encore Tomorrowland, il revient à Dour sur la Balzaal, cette fois en haut de l’affiche.
18 juillet – Enchantée Julia
Pas besoin d’en faire trop pour captiver : Enchantée Julia en est la preuve vivante. Avec ONZE, elle signe un album délicat à la croisée du R&B, de la néo‑soul et d’une forme de pop introspective, où la finesse des arrangements épouse des textes sensibles et profonds.
La production, épurée, crée une atmosphère feutrée propice à l’écoute attentive. Mais c’est surtout sa voix, douce, posée et subtilement affirmée, qui fait toute la différence : elle s’impose sans jamais hausser le ton, capturant l’auditeur par la seule force de son grain chaleureux et sincère. Et cet été, cette alchimie se posera sur scène à Dour, où Enchantée Julia viendra offrir ce souffle délicat au cœur de l’effervescence festivalier, offrant une parenthèse feutrée et sensible dans la programmation du festival belge .
19 juillet – Do or Die
Mais attention, les fans de rock ne sont pas non plus en reste : le metalcore belge sera lui aussi dignement représenté cette année à Dour. Et pas par n’importe qui. Do or Die, groupe originaire de Mons, soit à une vingtaine de minutes seulement du festival, viendra jouer à domicile devant un public conquis d’avance. Une présence qui fait sens tant le groupe est ancré dans la scène alternative belge depuis ses débuts à la fin des années 90.
Formé en 1999, Do or Die est une véritable légende du hardcore-metal européen, connu pour ses riffs lourds, ses breakdowns efficaces et surtout pour la voix abrasive et viscérale de Chris Michez, frontman charismatique à l’énergie brute. Avec ses cris puissants et sa présence scénique féroce, il incarne à lui seul l’esprit rageur et sans compromis du groupe.
Leur venue à Dour 2025 promet un moment intense, entre fidélité locale et explosion sonore, pour tous les amateurs de pogo et de gros son. Un concert à ne pas manquer, surtout quand les pépites jouent à la maison.

19 juillet – Cash Cobain
On parle beaucoup de rap français, mais les organisateurs semblaient également vouloir un bon représentant de rap US. Cash Cobain, la nouvelle figure montante du Bronx, débarquera à Dour Festival le 19 juillet 2025, pour un set redoutablement attendu dans les rangs hip-hop. Originaire du South Bronx, ce jeune prodige (né en 1998) mixe avec brio trap, hip-hop et drill, tout en insufflant une vibe plus légère.
Son premier album, Play Cash Cobain, sorti en août 2024, a été salué par la critique et a atteint le Billboard 200, confirmant la percée de cet artiste emblématique du label Giant Music . Sa capacité à allier beatmaking fouillé, flow nonchalant et refrains accrocheurs lui permet de redéfinir les codes de la drill new-yorkaise, en y ajoutant un grain sensuel et groove assumé.
Sur scène à Dour, préparez-vous à une performance intense et éclectique : un cocktail de drill éthérée, de trap magnétique et de tubes fédérateurs, porté par une attitude chill mais percutante. Cash Cobain, c’est la promesse d’un moment fort, au croisement du show énervé et du mood planant.
20 juillet – Glints
Glints est un artiste belge dont le parcours atypique fait de lui l’une des figures les plus originales et audacieuses du rap contemporain. Formé dans le milieu classique, avec une expérience significative au sein du chœur d’enfants de l’Opéra Ballet Vlaanderen, Jan Maarschalk Lemmens ne se contente pas de recycler ses influences : il les fusionne pour créer un style hybride unique. Son premier album, Choirboy, a été salué par la critique pour sa capacité à marier la grandeur chorale avec la brutalité du hip-hop, offrant une nouvelle voix dans un paysage souvent trop formaté.
Dernièrement, il a formé avec son meilleur pote Faisal le groupe Glintsal en sortant leur premier projet collaboratif Glintsal Vol.1. ce projet confirme un virage audacieux, avec des titres puissants et atmosphériques qui redéfinissent leur vision du rap et de la musique. Ce n’est pas qu’un style, mais une aventure artistique audacieuse, portée par la collaboration et l’expérimentation, qui place Glints au cœur de la scène alternative.
Pour les festivaliers en quête de découvertes audacieuses, ce concert sera une occasion unique de plonger dans l’univers hybride et captivant d’un artiste qui continue de redéfinir les contours de la musique belge.
20 juillet – Charlotte de Witte
Charlotte de Witte s’est rapidement imposée comme une figure incontournable de la scène techno mondiale. Depuis ses débuts en 2010 sous le pseudonyme de Raving George, elle a construit un univers sonore unique, caractérisé par une techno minimaliste, sombre et percutante. Son style, alliant basses profondes, synthés acides et une énergie brute, captive et hypnotise les foules à chaque performance, loin des tendances commerciales, pour offrir une expérience immersive et authentique.
Au fil des années, Charlotte de Witte a conquis les plus grandes scènes internationales, se hissant parmi les 20 meilleurs DJs du monde selon le DJ Mag Top 100. Sa discographie, riche en EPs marquants comme Apollo ou Sanctum, ainsi que ses collaborations, notamment avec Amelie Lens sur l’EP One Mind, illustrent sa capacité à fusionner différents styles tout en restant fidèle à son identité sonore puissante et hypnotique.
Cette année, elle sera l’une des têtes d’affiche du Dour Festival, où elle clôturera le dernier jour de l’événement. Fidèle à son style, Charlotte de Witte promet un set énergique et immersif, capable de tenir en haleine les festivaliers et de finir en beauté cette édition.