Après une longue pause de deux ans, Doxx est de retour avec deux singles annonçant la sortie de son futur album. On a eu l’occasion de discuter de son évolution, son rapport à la scène et de ses inspirations.
La Face B : Salut Doxx, pourrais-tu te présenter pour les personnes qui ne te connaissent pas encore ?
Doxx : Salut ! Je m’appelle Doxx et je fais du son depuis que j’ai 13 ans. J’ai fait beaucoup de lo-fi à une époque et c’est comme ça que la plupart de mes sons ont marché. Je suis quelqu’un qui parle en général d’amour sous toutes ses formes, que ce soit la colère, la tristesse ou la joie !
LFB : Être artiste, c’est un peu un rêve de gosse ou pas du tout ?
Doxx : Pas trop, au début je faisais vraiment ça pour le kiff, pour me sentir un peu spécial, j’étais le « petit mec qui fait du rap », et puis au fur et à mesure, ça s’est transformé en ambition, de vouloir devenir une « star ».
LFB : Tu as sorti déjà deux singles, « ST5 » et « Une chose à te dire » pour préparer la sortie de ton futur album, comment est-ce que tu te sens à l’approche de cette sortie d’album ?
Doxx : Je me sens pressé, stressé aussi mais c’est du bon stress. J’ai pas sorti de son pendant à peu près 2 ans, notamment afin de pouvoir me professionnaliser, toutes ces choses dont on ne parle pas vraiment quand on est artiste, et bien sûr le temps de trouver ma propre identité et ne pas rester dans la même énergie artistique.
LFB : Donc tu as plus hâte de le sortir que peur des potentiels retours, tu es assez serein ?
Doxx : Je suis assez serein dans le sens où quand tu sors pas de son pendant deux ans, forcément tu vois un peu les gens venir, partir, et c’est aussi une bonne chose parce qu’en fait tu te concentres sur ta musique. Je me suis dit que je voulais revenir à ce délire de faire un truc qui me plaît et pas juste penser aux stats et aux vues, donc ça se transforme vraiment en bon stress.
LFB : Puisque tu n’as pas sorti de son pendant 2 ans, tu disais que tu avais eu le temps d’essayer de te créer une identité, tu vois vraiment une évolution entre ce que tu as fait jusqu’à présent et ce qui va sortir ?
Doxx : Ouais, il y a une évolution je pense déjà artistique, en terme de processus d’écriture et même de création. Pour la première fois j’ai travaillé avec des réalisateurs musicaux qui t’aident dans la création d’un morceau. Moi avant je prenais un son, j’écoutais la prod, j’écrivais dessus, je posais, j’enregistrais et le son sortait. Maintenant on prend le temps de se poser des questions, s’il n’y a pas d’autres choses à aller chercher dans la prod, dans la voix…
LFB : Tu dirais que tu es plus entouré qu’avant dans la création de tes sons ?
Doxx : Je pourrais dire ça, après l’entourage de mon expérience c’est un truc qui change énormément en fonction de ce que je veux. Il y a des gens qui sont plus forts pour composer et réaliser des sons qui sont très rares; et d’autres, puisque j’aime beaucoup faire un mélange de pop et de rap, qui sont plus expérimentés dans ce domaine là. Mais oui ça permet de faire beaucoup de connaissances et de pouvoir travailler vraiment chaque processus en fonction des sons spéciaux qui sont voulus, mais au final oui je suis forcément plus accompagné.
LFB : Qu’est-ce qui t’a donné envie de te professionnaliser, d’avoir plus des gens derrière toi pour t’aider à créer ?
Doxx : En fait à un moment tu te rends compte qu’en travaillant seul ou avec une équipe très restreinte tu es assez limité dans ce que tu peux faire. Sachant que je pense que comme tout artiste il y a toujours cette envie de se dépasser, il y a un moment où tu te dis que t’es bloqué, que telle chose tu ne sais pas la faire, la personne avec qui tu travailles ce n’est pas son domaine, ce n’est pas son point fort et donc tu te dis qu’il faudrait peut-être s’ouvrir.
LFB : Pour parler un peu des deux singles qui sont sortis, les deux parlent d’amour, et tu l’as dit aussi que c’était un peu ton thème principal, est-ce que ce sera la thématique de l’album ou est ce qu’il y aura d’autres choses qui vont ressortir, d’autres thèmes ?
Doxx : Non pas spécialement, au lieu de spécialement parler de ça à chaque son j’ai décidé d’en faire des sons plus focalisés dessus. Et à côté il y a des sons qui parlent de ma vie personnelle, de mon enfance, il y a des sons qui parlent de certains de mes mal-êtres, et bien sûr il y en a qui parlent d’amour mais non il n’y a pas que de ça.
LFB : Donc tu as fait plus de morceaux qu’avant, tu as fait une sélection pour l’album ?
Doxx : Ouais bien sûr il y a une vraie sélection qui a été faite, forcément en 2 ans. Je suis quelqu’un qui écrit beaucoup de base, mais vu que j’écris souvent sur un sujet assez précis, même si il y a plein de déclinaisons, il y a forcement des sons qui se ressemblent, après ça ne veut pas dire qu’ils ne sortiront jamais, c’est juste pas pour cet album là. En tout cas j’ai fait ma petite sélection.
LFB : D’ailleurs tu en as sorti quelques uns déjà sur Instagram.
Doxx : Ouais exactement j’en ai sorti sur Instagram. Ce sont des sons que j’ai pas retenus et comme je l’ai dit sur Instagram aussi, peut être qu’ils sortiront un jour. Ça m’arrive souvent vu que j’écris beaucoup, j’ai tellement de maquettes qu’il y a des fois où je retombe dessus un an après et je me dis que tel ou tel son était lourd. Et même pour l’album c’est ce qu’il s’est passé, il y a un son que j’avais écrit il y a super longtemps, je l’ai réécouté et je me suis dit qu’il avait totalement sa place dans l’album si on le travaillait bien, si je le réécrivais un petit peu.
LFB : Tu dis que tu parles de ton enfance, de ta vie perso dans ton album, tu dirais que tu t’es plus confié sur cet album que sur les projets précédents ?
Doxx : Je dirais forcément oui, mais peut être qu’on aura moins cette impression dans le sens où on a déjà l’impression que je me confie énormément vu que je parle de sentiment et d’amour. Je pense que c’est ce qui a fait que ça a marché, que ça a touché énormément de gens, c’est qu’on a l’impression que je me suis énormément livré. Là je me livre sur d’autres sons, sur des instrus qui sont pas non plus forcément tristes, donc je pourrais comprendre qu’on ait l’impression peut être que je me livre un peu moins.
LFB : Est-ce que tu as des influences, des gens auxquels tu te réfères en terme de musique ?
Doxx : Avant beaucoup, dans cette période de 2017-2018 où ça a beaucoup marché pour moi et où je faisais beaucoup de lo-fi, j’avais énormément d’inspirations. Bien sûr j’avais XXXtentacion, Lil Peep, j’ai adoré $uicideboy$, Nekfeu, toute cette sphère, mais au final maintenant je me rends compte que je m’inspire énormément de tout. J’ai toujours écouté beaucoup de rap notamment du rap vraiment de « rue », du style de Koba laD ou Niska, et au final je me rends compte que je puise un peu dans tout.
LFB : Et tu peux puiser de l’inspiration même chez des gens qui n’ont rien à voir avec toi ?
Doxx : Ouais de ouf, je sais même pas comment décrire ce style mais j’adore les sons de « Rex Orange County » par exemple, c’est grave ma came. Ça m’inspire énormément. J’adore le piano donc forcément « Rex Orange County » ça me parle de ouf, après j’écoute beaucoup de house. J’ai pas (encore) de son house parce que je suis très pointilleux là-dessus, je veux pas sortir un son house qui va faire très mainstream, je veux respecter le genre, mais au final c’est aussi des choses qui m’inspirent au niveau des mélo.
LFB : Tu dis que tu adores le piano, c’est juste un instrument que tu aimes ou tu en as déjà fait, ou d’un instrument en général ?
Doxx : Non c’est juste un instrument que j’aime beaucoup, j’essaye d’apprendre à en faire mais c’est compliqué. J’essaye aussi d’apprendre la guitare, parce que j’aime beaucoup cet instrument mais je me rends compte que c’est pas facile et qu’il faut un certain degré de patience. Je comprends pourquoi les parents mettent les jeunes à la guitare ou aux instruments très tôt, parce que là je me rends compte que je vais avoir 26 ans et j’ai vraiment pas la patience de me poser pendant 2h et essayer, de ne pas y arriver.
LFB : Comment décrirais-tu ton univers aujourd’hui ?
Doxx : C’est une bonne question… En vrai j’ai clairement pas de réponse dans le sens où je fais vraiment ce que j’aime donc c’est compliqué de mettre un mot ou une catégorie dessus. Dans l’album j’ai des sons rap et des sons pop, j’ai des sons qui touchent un peu plus variété. En vrai je pourrais te dire que c’est éclectique tu vois. J’essaye juste de me faire plaisir et de ne pas m’enfermer dans un style.
LFB : Sinon j’ai remarqué que tu ne faisais pas trop de feats, que ce soit sur tes projets ou ailleurs, est ce que c’est un choix ou c’est juste tu n’as pas encore rencontré les bonnes personnes ?
Doxx : C’est un mélange des deux dans le sens où c’est un choix parce qu’on m’a proposé des feats mais il y en a beaucoup qui sont très similaires à ce que je faisais avant, on me veut dans ce style que j’avais avant alors que justement j’essaye d’en sortir tout simplement parce que ça ne me plait plus. Il y a aussi le fait que j’habite en province, je viens de Metz et c’est compliqué de faire des rencontres. J’ai fait des soirées à Paris et là je me rends compte à quel point ça va vite : je parle avec une personne, on s’entend bien et ça pourrait feater direct. Mais c’est pas quelque chose qui m’énerve parce que je me dis chaque chose en son temps, au final ma musique, mon style actuel finira bien par plaire et même si ça ne plait pas tant pis.
LFB : Donc sur l’album qui va arriver, il n’y aura pas trop de changements de ce côté là, il n’y aura pas de feats ?
Doxx : Non pas sur l’album. J’aimerais beaucoup en faire si un jour je sors une ré-édition de cet album. Je pense même personnellement que c’est le meilleur choix dans le sens où je peux présenter mon « nouvel » univers. Parce que forcément quand je veux faire un feat et que le gars va écouter mes sons dans mes top streams qui datent d’il y a 5ans où j’ai enregistré dans un placard, chez moi, dans ma chambre, je comprends que ça donne pas non plus envie, ça a fait son temps, et du coup je suis pressé de voir à ce niveau là les retours.
LFB : Est-ce que tu as des personnes avec qui tu rêves de faire un feat ?
Doxx : Ouais, il y en a. En Français c’est très mainstream parce qu’au final c’est les sons qui me parlent le plus, je pense essentiellement à des Nekfeu, Laylow, j’aime beaucoup Georgio aussi. Après en Américains il y en a vraiment beaucoup, ils sont morts mais je pense à des Juice World, des XXXtentacion. Après je suis prêt à m’ouvrir à tout, j’écoutais pendant un moment du rap japonais et je trouvais ça trop lourd, j’aimerais beaucoup faire une collaboration internationale.
LFB : Pour l’instant ta grosse date à Paris est à la Maroquinerie, est ce que tu as d’autres objectifs pour ta carrière ?
Doxx : Ouais, en vrai en terme de salle, c’est pas si impressionnant que ça, mais depuis que j’ai commencé à prendre ça sérieusement je me suis toujours dit que le jour où je ferais une Cigale je me sentirais bien. C’est pas un truc de ouf, c’est pas un Olympia ou un Zénith mais juste pour moi, une Cigale ouais j’en rêve.
LFB : Quelle est la chanson préférée que tu aies faite jusqu’à présent et pourquoi ?
Doxx : En travaillant sur mes concerts, sur mes setlists, je me suis rendu compte qu’il y a plusieurs sons que j’ai fait que j’avais carrément oublié que je trouve géniaux. Mais en ce moment j’ai un petit coup de coeur sur un son qui est déjà sorti et qui s’appelle « Étoile », je saurais même pas dire pourquoi c’est vraiment l’ambiance du son. Je suis très pressé de la chanter en concert.
LFB : On en parlait au début, la tournée commence bientôt, quel est ton rapport à la scène ?
Doxx : J’adore la scène, pouvoir parler, échanger avec les gens qui viennent me voir, et encore plus parce que ce ne sont que des gens qui viennent me voir après deux ans sans avoir rien sorti. C’est mon vrai soutien, mon vrai public, et ça me fait vraiment plaisir de pouvoir échanger avec ces gens et les voir en concert, les voir chanter… Je vais tout faire pour qu’ils passent un bon moment.
LFB : Tu préfères le studio ou la scène ?
Doxx : Je préfère la scène en vrai, le studio c’est bien, mais il y a beaucoup de fois où tu te retrouves au studio en mode taff, donc c’est pas la même énergie. Alors que quand je suis en tournée, je me souviens pas d’une fois où je suis allé à un concert en me disant que j’avais la flemme.
LFB : Tu me disais déjà un peu ce que t’écoutais plus tôt, quels sont tes coups de coeurs musicaux récents ?
Doxx : Alors en terme de rap je pense à Luther et Rounhaa, j’adore ça me parle de ouf. Et hors rap c’est Fred Again, tout ce qui est house, électro, j’écoute ça vraiment constamment.
LFB : Rounhaa et Luther c’est des artistes avec lesquels tu te verrais collaborer ?
Doxx : Je me verrais bien collaborer avec oui, après je pense qu’il y a un espèce de fossé qui s’est créé entre les générations. J’ai l’impression qu’ils sont très dans leur univers, je pense qu’ils ne collaborent pas avec « n’importe qui », et du coup je pense pas que ça puisse se faire mais on sait jamais ! Mais c’est pas quelque chose que je prend de manière aigrie, je comprends totalement le processus, je peux même mieux comprendre que n’importe qui.
LFB : À part une bonne tournée et un bon album, qu’est ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
Doxx : En vrai du bonheur et de la santé, je pense que c’est le plus important pour n’importe qui, quand on a la santé on a tout !