Avec son projet Dressed Like Boys, Jelle Dentruck nous a offert cette année un projet tout à la fois beau, poétique et politique. On a profité de son passage au MaMa Music & Convention pour échanger avec lui autour de ce premier projet éponyme.

La Face B : Bonjour Jelle, comment vas-tu aujourd’hui ?
Dressed Like Boys: Je suis un peu fatigué — je n’ai pas très bien dormi, et nous avons dû nous lever assez tôt pour venir ici. Mais ça va. Depuis que je suis arrivé à Paris, je suis heureux. J’aime Paris !
La Face B : Je me demandais ce que signifiait le nom Dressed Like Boys pour toi. J’ai ma propre interprétation, mais j’aimerais entendre la tienne.
Dressed Like Boys : Le nom vient en fait d’une de mes chansons, Stonewall Riots Forever, qui parle des émeutes de Stonewall. Les paroles sont composées de citations de personnes qui étaient présentes. L’une d’elles disait : “Le week-end, nous allions au Stonewall, et à la fin du week-end, nous bandions notre poitrine et nous nous habillions comme des garçons.” C’est de là que vient le nom. Pour moi, il porte une énergie androgyne que j’aime beaucoup — et je trouve qu’il colle parfaitement à la musique.
La Face B : Pour moi, ce nom évoque une forme de masculinité très éloignée des clichés et de la violence qu’on y associe souvent.
Dressed Like Boys: Loin de la masculinité toxique — exactement.
La Face B : C’est aussi ce qu’on ressent dans ta musique : une façon d’exprimer ta vérité, à la fois sincère, brute et poétique. Était-ce ton intention dès le départ ?
Dressed Like Boys : Merci ! Pas vraiment, non. Je ne me suis pas dit : “Je vais écrire ce genre de disque.” C’est venu naturellement. J’étais dans une période de ma vie où je me posais de grandes questions : Qu’est-ce que je fais ici ? Qui suis-je ? Qui ai-je envie d’être ? En me confrontant à ces questions — et en lisant beaucoup de philosophie — j’ai commencé à écrire. Des histoires très personnelles ont émergé, et petit à petit, elles ont formé un tout. Mais ce n’était pas prémédité, c’est arrivé comme ça.
La Face B : As-tu été surpris par la direction qu’a prise l’album ?
Dressed Like Boys : Oui, surtout par la quantité de thèmes queer qui sont apparus. Je suis ouvertement gay depuis une dizaine d’années, mais ce n’était pas quelque chose qui définissait ma vie. En écrivant cet album, j’ai réalisé qu’il y avait beaucoup d’émotions enfouies qui remontaient à la surface. Ça m’a surpris — et aujourd’hui, j’en suis heureux. Je me suis plongé dans l’histoire queer, j’ai beaucoup lu, et je me suis davantage impliqué dans la communauté en Belgique. J’ai l’impression d’avoir enfin trouvé les miens.
La Face B : L’album ressemble à une exploration de toi-même, profondément ancrée dans la mémoire et les récits personnels. Était-ce effrayant d’écrire des chansons aussi intimes et de les partager ?
Dressed Like Boys : Oh oui, terrifiant. La première fois que j’ai joué ces morceaux sur scène, j’étais extrêmement nerveux — j’ai chanté tout le concert les yeux fermés, incapable de regarder le public. Mes mains tremblaient, ma voix aussi. Tout était si personnel, si nouveau, et je ne savais pas du tout comment les gens allaient réagir. Heureusement, l’accueil a été très positif, mais au début, j’étais incroyablement anxieux.
La Face B : Lies parle d’addiction, mais dans le contexte de l’album, on a aussi l’impression que tu parles du fait de se mentir à soi-même — et d’enfin être prêt à dire sa vérité.
Dressed Like Boys : Exactement. À la base, je l’ai écrite en pensant à un ami qui luttait contre l’alcoolisme et qui est aujourd’hui en rémission. Mais comme tu le dis, le refrain — I’ve been telling lies to so many people — peut être compris de manière plus large. Pour moi, c’est aussi personnel. Parce que lorsqu’on ment, on commence toujours par se mentir à soi-même. On dit le mensonge deux fois.
La Face B : C’est une forme de thérapie, finalement.
Dressed Like Boys : Totalement. Et la thérapie, c’est cher — écrire un album, c’était moins coûteux ! (rires)
La Face B : Ce qui est beau dans ce disque, c’est que s’il raconte ton propre cheminement, il aide aussi les autres à se comprendre.
Dressed Like Boys : J’ai reçu tellement de messages de gens — parfois très longs — qui m’expliquent comment ils interprètent certaines chansons, ce qu’elles signifient pour eux. Ils y entendent des choses que je n’ai pas consciemment mises, mais j’adore ça. C’est incroyable de voir les gens se connecter et s’approprier les morceaux.
La Face B : L’album porte aussi un message fort : celui d’exister pleinement, simplement en étant soi-même.
Dressed Like Boys : Absolument. Et ce n’est pas toujours facile, surtout pour les personnes queer aujourd’hui. Ce sont des temps difficiles. J’étais aux États-Unis il y a quelques mois, et sous Trump, les sites gouvernementaux ont supprimé le “TQI” de “LGBTQI” — ne laissant que “LGB”. Le déni de l’existence des personnes trans est effrayant. Donc oui, l’album — même sans l’avoir voulu — est devenu une forme de manifeste. Peut-être même un cri d’alerte : on veut juste être ce que l’on est. Qu’y a-t-il de mal à ça ?
La Face B : Parlons de Jaouad, qui me semble être le cœur de l’album — à la fois personnel et politique.
Dressed Like Boys : Oui. Elle parle de Jaouad Alloul — un artiste de théâtre, musicien et écrivain d’Anvers, originaire du Maroc. Il est gay, musulman et drag queen — une combinaison très puissante. Il a passé sa vie à défendre les droits queer au sein de la communauté musulmane. J’ai vu une de ses pièces, et il y a cette phrase : “Au moins, je me regarde dans le miroir quand je mets mon masque.” Ça m’a profondément marqué. La pièce évoquait aussi un politicien hongrois anti-LGBTQI qui a été surpris à une orgie gay à Bruxelles — cette histoire s’est glissée dans la chanson. Donc oui, c’était au départ un hommage à Jaouad, mais c’est devenu bien plus que ça.

La Face B : Avais-tu l’intention de faire un album politique ?
Dressed Like Boys : Pas du tout. Je ne me suis jamais considéré comme une personne engagée politiquement. Mais l’époque t’y oblige. J’ai une voix — j’ai le devoir de m’en servir. L’album est devenu politique à cause du monde dans lequel on vit.
La Face B : Une phrase ressort particulièrement : One breath at a time. On dirait que tout l’album repose sur cette idée.
Dressed Like Boys : Wow, merci. C’est exactement ma manière de vivre aujourd’hui — une respiration à la fois, un jour à la fois. Il se passe tellement de choses, et suivre l’actualité peut être déprimant. Il est difficile de rester optimiste, alors j’essaie d’avancer pas à pas — mais toujours en avançant.
La Face B : Et la seule phrase en français de l’album ?
Dressed Like Boys : Elle vient aussi de la pièce de Jaouad. À un moment, il chantait une chanson intitulée “J’aime sucer des bites tous les jours.” Et tout le public devait chanter avec lui ! Certains spectateurs plus âgés refusaient, mais le public queer s’est levé, a chanté, applaudi, dansé — c’était hilarant. Alors inclure cette phrase sur l’album, c’était comme une blague interne. Quand on joue aux Pays-Bas ou en Allemagne, les gens la traduisent sur Google — leurs réactions sont impayables !
La Face B : Musicalement, l’album ressemble à une recherche constante de lumière dans l’obscurité.
Dressed Like Boys : C’est très bien dit — apporter de la lumière dans le noir. J’aime le contraste en musique. Quand les paroles sont sombres, j’essaie souvent d’adoucir la musique pour atténuer le choc. Si tout est lourd, ça devient simplement déprimant. J’essaie donc de trouver l’équilibre — comme chez EELS, par exemple. Leurs mélodies pop et ensoleillées cachent souvent des paroles très sombres. J’adore ce contraste.
La Face B : Un peu comme Weezer.
Dressed Like Boys Exactement.
La Face B : L’album est à la fois luxuriant et ambitieux, mais aussi très DIY et humain.
Dressed Like Boys : Cet équilibre était important. Je voulais que le disque sonne comme rien de ce que j’avais déjà entendu. Nous avons utilisé huit pianos différents — on a cherché dans tout le pays ! Chacun avait son caractère, et on a associé le bon piano à chaque chanson. Pour Our Part of Town, j’ai même enregistré le chant sur mon iPhone — totalement DIY. Mais on a combiné ça à une batterie et une production très soignées. Tout est une question d’équilibre.
La Face B : Le piano semble être le second personnage principal de l’album, juste après ta voix.
Dressed Like Boys : Exactement ! C’est l’épine dorsale du disque. Le piano a été mon premier instrument — j’ai étudié le piano classique enfant. Mon professeur me faisait jouer du Bach, ce que je détestais à l’époque. Je voulais faire de la pop ! Mais aujourd’hui, je lui en suis reconnaissant, car Bach m’a vraiment donné une base technique solide. Cet album, c’était comme un retour à mon premier amour.
La Face B : Et sur scène, comment traduire cette richesse sonore ?
Dressed Like Boys : On n’a évidemment pas d’orchestre en tournée, donc on adapte. Parfois, la guitare reprend les parties de cordes, parfois les claviers. On doit être créatifs. Heureusement, mes musiciens sont fantastiques et comprennent vraiment la musique, donc je leur fais totalement confiance pour la faire vivre sur scène.
La Face B : Ce soir, tu joues aux Trois Baudets — un lieu historique et intimiste. C’est un cadre idéal pour ta musique ?
Dressed Like Boys : J’avais déjà visité Les Trois Baudets, et j’adore cet endroit — un lieu magnifique, chargé d’histoire. Jacques Brel, Georges Brassens, Serge Gainsbourg y ont joué. C’est un honneur. Je pense que ce genre de musique gagne à être entendue dans un cadre théâtral — les gens écoutent plus attentivement, et c’est exactement comme ça qu’elle est faite pour être entendue.
La Face B : En t’écoutant, on pense parfois à Bowie ou Lou Reed, autant dans l’esthétique que dans les références.
Dressed Like Boys : Merci, ça me touche beaucoup. Ce sont deux de mes plus grands héros — surtout leurs travaux des années 70. J’étais récemment à Berlin et j’ai visité l’immeuble où Bowie a vécu et écrit Heroes. Il n’y a pas grand-chose à voir, mais je voulais en ressentir l’atmosphère. Quant à Lou Reed, j’ai toujours aimé la façon dont il donnait une voix aux marginaux. Il y avait tant de bienveillance dans son regard sur le monde.
La Face B : Il y a aussi chez toi cette idée de transformation, de devenir quelqu’un de nouveau à chaque étape.
Dressed Like Boys : Oui, merci. Ça me touche beaucoup.
La Face B : Dernière question : si ton album était dans une bibliothèque, entre des livres, des films et des disques, où le placerais-tu ?
Dressed Like Boys: Hmm, difficile ! Je le placerais sans doute entre la musique et la littérature. Il y a beaucoup de références littéraires sur le disque. Une chanson, Gregor Samsa, porte le nom du protagoniste de La Métamorphose de Kafka. Agony Street parle de la relation entre Rimbaud et Verlaine. Je puise énormément dans la poésie et la littérature — donc oui, à mi-chemin entre les rayons musique et livres.
La Face B : Et musicalement — entre Bowie et Reed ? Ou peut-être Bowie et Weezer ?
Dressed Like Boys : (rires) J’espère dans la section années 70 ! J’adore cette époque — le son, les enregistrements sur bande, les batteries sèches, toute cette esthétique vintage. Je le mettrais là.
English Version :

La Face B : First question I always ask — how are you today?
Dressed Like Boys — Jelle Denturck : I’m a bit tired, I didn’t sleep very well, and we had to get up quite early to get here. But I’m doing fine — ever since I arrived in Paris. J’aime Paris!
La Face B : I was wondering what the name Dressed Like Boys means to you. I have my own interpretation, but I’d love to hear yours.
Dressed Like Boys : The name actually comes from one of my songs, Stonewall Riots Forever, which is about the Stonewall Riots. The lyrics are made up of quotes from people who were actually there. One of them said, “In the weekend we went to Stonewall, and then at the end of the weekend we strapped our breasts down and we dressed like boys.” That’s where it comes from. For me, it has this androgynous energy that I really like — and I think it fits the music perfectly.
La Face B : It does — for me, it reflects a kind of masculinity far from the clichés and the violence often attached to that word.
Dressed Like Boys : Away from toxic masculinity, exactly.
La Face B : That’s what I hear in your music too. There’s a strong idea in your album — the idea of expressing your truth in a way that’s sincere, raw, and poetic at the same time. Was that your intention from the start?
Dressed Like Boys : Thank you! Not really, no. I didn’t start out thinking, I’m going to write this kind of record. It just came out naturally. I was in a period of my life where I was asking myself big questions: What am I doing here? Who am I? Who do I want to be? By asking these questions — and reading a lot of philosophy — I started writing. These very personal stories came out, and slowly they formed a whole. But that wasn’t the plan from the beginning — it just happened.
La Face B : Were you surprised by the direction the album took?
Dressed Like Boys : Yes, I was a bit surprised by how much queer themes appeared. I’ve been out as a gay man for about ten years, but it wasn’t really something that defined my life. Through writing this album, I realised there were a lot of untapped emotions surfacing. That surprised me — and I enjoy it now. I’ve really delved into queer history, read a lot about it, and become more involved in the queer community in Belgium. It feels like I’ve finally found my people.
La Face B : The album feels like an exploration of who you are — deeply rooted in memory and personal stories. Was it scary to write such intimate songs and put them out into the world?
Dressed Like Boys : Oh, yes. It was terrifying. The first time I performed these songs live, I was so nervous — I played the whole show with my eyes closed because I didn’t dare look at the audience. My hands and voice were shaking. It was so personal and new, and I had no idea how people would react. Luckily, they responded really well, but in the beginning I was so anxious.
La Face B : A song like Lies talks about addiction, but in the context of the album, it also feels like you’re talking about lying to yourself — and finally being ready to tell your truth.
Dressed Like Boys : Exactly. I started writing that song about a friend who struggled with alcoholism and is now recovering. But as you said, the chorus — I’ve been telling lies to so many people — can be seen in a broader way. For me, it’s also a personal statement. Because when you lie, you always lie to yourself first. You always tell the lie twice.
La Face B : It’s like therapy.
Dressed Like Boys : Totally. And a therapist is really expensive — so writing an album was cheaper!
La Face B : (laughs) What’s beautiful about this record is that while it’s a journey toward yourself, it also helps others understand themselves.
Dressed Like Boys : I’ve received so many messages from people — really long ones — telling me how they interpret certain songs and what they mean to them. They’ve heard things I didn’t consciously put there, but I love that. It’s amazing to see people connect and make the songs their own.
La Face B : There’s also a strong message in the album about embracing yourself and being alive — just existing in this world as who you are.
Dressed Like Boys : Absolutely. And that can be a challenge, especially for queer people today. These are tough times. I was in the U.S. a few months ago, and under Trump, the government websites removed the “TQI” from LGBTQI — just leaving LGB. The existence of trans people being denied like that is terrifying. So yes, the album — even without intending to — became a kind of statement, a manifesto. Maybe even a cry for help: we just want to be who we are. What’s wrong with that?
La Face B : Let’s talk about Jaouad. For me, it’s the centrepiece of the album — both personal and political.
Dressed Like Boys : Yes. It’s about Jaouad Alloul — a theatre maker, musician, and writer living in Antwerp, originally from Morocco. He’s gay, Muslim, and a drag queen — a really powerful combination. He’s spent his life fighting for queer rights in the Muslim community. I saw one of his plays, and there’s this line where he says, “At least I look in the mirror when I put on my mask.” It struck me as so powerful. The play also referenced a Hungarian politician who was anti-LGBTQI but got caught at a gay sex party in Brussels — that story made its way into the song too. So it started as a tribute to Jaouad but became much more.

La Face B : Did you set out to make a political album?
Dressed Like Boys : Not at all. I’ve never seen myself as a politically engaged person. But the times we live in force you to become one. I have a voice — it’s my duty to use it. The album became political because of the world around me.
La Face B : One line really stands out for me — One breath at a time. It feels like the whole album is contained in that sentence.
Dressed Like Boys : Wow, thank you. That’s exactly how I live now — one breath at a time, one day at a time. There’s so much going on, and following the news can be so depressing. It’s hard to stay hopeful, so I try to take things step by step — but always keep going.
La Face B : And what about the only French sentence in the album?
Dressed Like Boys : That also comes from Jaouad’s play. At one point, he sang a song called “J’aime sucer des bites tous les jours.” And the whole audience had to sing along! Some older people refused, but the queer people jumped up, sang, clapped, danced — it was hilarious. So for me, including that line was like an inside joke. When we play in the Netherlands or Germany, people often look it up on Google Translate — and their reactions are priceless!
La Face B : Musically, your album feels like a constant search for light in the dark — and that’s perfectly reflected in the sound.
Dressed Like Boys : That’s beautifully put — bringing light into the dark. I love contrast in music. When the lyrics are dark, I tend to make the music softer, to cushion the blow. If everything’s heavy, it just becomes depressing. So I try to find balance — like EELS, for example. Their sunny pop melodies often hide really dark lyrics. I love that contrast.
La Face B : A band like Weezer too.
Dressed Like Boys : Exactly.
La Face B : The album feels lush and ambitious, yet also DIY and very human.
Dressed Like Boys : That balance was important to us. I wanted the record to sound like nothing I’d ever heard before. We used eight different pianos — we searched the whole country! Each one has its own character, so we matched the right piano to each song. For Our Part of Town, I even recorded the vocals on my iPhone — totally DIY. But we combined that with high-quality drums and production. It’s all about finding that balance.
La Face B : Speaking of pianos — they feel like the second main character of the album, right after your voice.
Dressed Like Boys : Exactly! It’s the backbone of the record. The piano was my first instrument as a kid — I studied classical piano. My teacher made me play Bach, which I hated at the time. I wanted to play pop music! But now I’m grateful because Bach really trained my technique. So this album was like returning to my first love.
La Face B : You can hear that — the album begins and ends with the piano. How do you translate that to the stage?
Dressed Like Boys : We obviously don’t have an orchestra on tour, so we adapt. Sometimes the guitar takes over the string parts, sometimes we use keys. We have to be creative. Luckily, my bandmates are fantastic musicians who really understand the music, so I trust them completely to bring it to life on stage.
La Face B : Tonight you’re playing in a small theatre. What’s the ideal setting for this music?
Dressed Like Boys : I already visited Les Trois Baudets, and I love it — such a beautiful, historic venue. Jacques Brel, Georges Brassens, Serge Gainsbourg — they all played there. It’s an honour. I think this kind of music really benefits from a theatre setting — people listen more closely, and that’s how it’s meant to be heard.
La Face B : Speaking of legends — Bowie and Lou Reed come to mind when I look at your visuals and listen to your music.
Dressed Like Boys : Thank you for saying that. They’re two of my greatest heroes. Especially their work in the 70s. I was in Berlin recently and visited the building where Bowie lived and wrote Heroes. There’s nothing much to see, but I wanted to feel the atmosphere. Lou Reed, too — I’ve always loved how he gives voice to society’s outcasts. There’s so much kindness in that.
La Face B : There’s also that sense of transformation in your music — of constantly becoming someone new.
Dressed Like Boys : Yes, thank you. That means a lot.
La Face B : Final question — if your album were in a library, among books, movies, and records, where would you put it?
Dressed Like Boys : Hmm, tough one! I’d probably place it between music and literature. There are a lot of literary references on the album. One song, Gregor Samsa, is named after the protagonist of Kafka’s Metamorphosis. Agony Street is about the relationship between Arthur Rimbaud and Paul Verlaine. I draw a lot of inspiration from poetry and literature — so yes, right between the music and books sections.
La Face B : And musically — between Bowie and Reed? Or maybe Bowie and Weezer?
Dressed Like Boys : (laughs) Hopefully in the 70s section! I love that era — the sound, the tape recordings, the dry drum tones, that whole vintage aesthetic. I’d put it right there.