DVTR vous dit Bonjour

De la part de Lisbon Lux Records, on était plutôt habitué à des groupes à l’esthétique pop très affirmée. Quelle surprise quand ils nous ont proposé DVTR, un uppercut sonore punk et vachard qu’on s’est pris en pleine tronche. Bonjour, leur premier format-court est une ride folle en compagnie de deux gentils zinzins, nommé Jean Divorce et Demi Lune. Laissez les vous prendre par la main dans un univers où l’on parle de mort, de sexe, de riz mais où surtout on se sent infiniment vivant.

Il parait que les blagues les plus courtes sont les meilleures. En serait-il de même avec les chansons ? On n’en sait trop rien, mais une chose est sûre c’est que Jean Divorce et Demi Lune, aka DVTR, ont pris l’idée à leur compte.

Derrière cet acronyme énigmatique et ces pseudonymes dignes des plus grands combattants de catch où du pseudonyme flingué de ton dealeur, se cache en réalité JC Tellier et Laurence G-Do, membres bien connus de la scène québécoise que l’on a croisé notamment chez Gazoline et Le Couleur.

Mais pour vivre DVTR, et le faire exister, il fallait se transformer, devenir des personnages aussi extrêmes qu’attachants, qui dépassent en permanence la ligne de la bien-séance, qui disent et font ce qu’ils veulent, qui dénoncent, crachent, hurlent.

Vous savez les films où le héros suit un mec étrange qui l’entraine dans des aventures de plus en plus cinglées qui le transforment complètement, passant de loser à héros libérer ? S’embarquer dans l’écoute de Bonjour, c’est un peu la même chose : un grand moment de libération, d’émancipation et de communion avec deux personnes qui ont beaucoup à dire tout en cherchant en permanence à nous divertir.

On s’embarque donc dans cette grande entreprise de libération des mœurs … ou des morses, on ne sait pas trop. Car dès le titre éponyme, on sait que l’aventure va être chaotique, secouée, drôle mais aussi portée par tout un tas de questionnement qui vibrent dans notre époque.

D’où Vient Ton Riz ? nous demandent-ils. On sent la blague, mais aussi un besoin de s’attacher à ses racines, de réfléchir à ce qui existe dans nos existences, ce qui nous nourrit, qui nous fait vivre, que ce soit le corps ou l’esprit.

Vasectomia ressemble a un programme politique à elle seule, un programme auquel on ne peut que se rattacher. Explosion du patriarcat, discours féministe et provocation, le morceau offre aussi la colonne vertébrale des morceaux, à savoir une émancipation féminine qui ne devrait même plus prêter à débat.

À une époque où un président français cherche à réguler les naissances dans son pays en ne voyant finalement les femmes que comme des poules pondeuses, Vasectomia sonne aussi étrange qu’un épisode de South Park qui ne deviendrait que bien trop réel.

De (refus de donner) la vie à la mort, il n’y a qu’un pas que DVTR fait allégrement en nous entrainant avec eux au Crématorium. Du groove incandescent au brûlot punk, le morceau évolue de manière absolument parfaite alors que les mots résonnent et se répètent comme des coups sur un clou qui viendraient nous percer le cerveau. On fait la fête et on se marre, on gueule et ça fait du bien.

Sound $ex Change et Anu Cuni nous entrainent dans une autre ambiance, comme une pièce à deux faces. On y parle rapport de force, respect du consentement et violence dans le couple. Musicalement là encore, c’est un grand jeu sans fin, entre volonté psychédélique, ambiance pesante et relâchement aussi brutal qu’un coup bien senti dans les parties d’un mec qui ne comprend pas ce que non veut dire.

Sound $ex Change agit comme une grande mise en tension, une montée musicale qui devient obsédante et presque frustrante, alors que Anu Cuni est un shoot de brutalité, à l’image de son thème, d’à peine 35 secondes.

Mais l’existence est une fête et pour terminer notre ride avec DVTR, le duo nous propose un cocktail bien senti : RHUM COKEᴹᴰ. On se laisse emporter une dernière fois par les rythmiques folles et déstructurées qui frappent au corps pour faire s’embrumer l’esprit.

Vous l’aurez compris, le punk n’est pas mort et DVTR en est la preuve. Essentielle, intense, humaine, la musique du duo est un plaisir de tous les instants. DVTR vous dit Bonjour, et on vous conseille de répondre à l’invitation.

Crédit photos : Céline Non