La scène de Rouen n’a pas fini de nous éblouir et surtout de nous enflammer les oreilles. Une scène garage s’est créé ces dernières années envahit l’hexagone. Son dernier-né: Dye Crap, un quatuor déjà repéré par les Inouis 2021. Dans la pure veine du politiquement incorrect punk 90’s qui inondait MTV, ils balancent des riffs irrévérencieux et des clips arrosés à la bière. Du surf garage bien de chez nous ! Leur premier album éponyme Dye Crap ravira les nostalgiques de Fidlar et aficionados de pogos. Enfin si on a le droit.
Vous avez peut-être déjà croisé la route de The Baked Beans. Et bien Dye Crap c’est la même mais sans le chanteur remplacé une nouvelle tête. Une recette qui a prouvé son efficacité : du bon gros délire bourré d’autodérision et d’envie de foutre le bordel. On repère direct l’univers : le canapé défoncé, les odeurs herbacées, les consoles rétro. D’ailleurs ils l’illustrent assez bien sur leur pochette qui sent bon les photos d’archives familiales. Déjà de petits impertinents.
On commence dans le vif du sujet avec My Shits. On pourrait d’ailleurs terminer cette chronique-là maintenant, tellement ça résume bien le délire du groupe. Ça provoque, ça titille les bas instincts, mais surtout ça joue. Une guitare aux allures surf punk, une batterie qui tabasse, des refrains qui sonnent comme des hymnes de concerts, n’en dites pas plus. Premier clip sorti pour l’occasion, on suit deux potes en plein road trip de campagne dans leur van rouge. Une divagation cocasse aux couleurs ultra saturées pour un titre lumineux qui transpire la liberté.
Cette envie de s’éclater se retrouve sur la majorité de leurs titres, pensés pour être efficaces, directs et surtout bon délire. Les sujets traités sont sans surprise : l’alcool, l’alcool, et l’alcool. Avec un peu de jeux vidéo aussi. On notera aussi la pertinence de la succession des titres avec par exemple un Booze Cruiseenchainé à la perfection par Still Wasted. On se sent enfin compris.
Un peu plus hard, le groupe n’hésite pas à sortir des riffs plus lourds et des rythmes plus martelés comme le bien nommé Candies ou Enemies et son entrée en matière de batterie militaire. Forcément il y a de l’hymne à pogo pensé pour les concerts. On se projette particulièrement avec Fight qui annonce pas mal les hostilités. Avec sa guitare très énervée qui va jusqu’à la saturation et son cri qui lance le combat, on tremble d’excitation.
Second titre a bénéficier d’un clip, Cooloroonie est d’une efficacité… déconcertante. Deux parties, une ligne mélodique, un titre répété tout le long comme une chanson de potes bourrés, c’est très bon. Inspiré du dessin animé Rocket Power, on reste à fond sur le délire nostalgique 90’s.
Après une arrivée en 4×4 dans un champ de tournesols, le trio profite du bon air frais de la campagne. Filmé en fish eye et avec un bon grain vintage, ambiance DIY assumée. ils distordent leurs visages, balancent des gestes de rappeurs des années 90, et font les cons pour nous faire délirer. Le champ ne se remettra pas de cette bataille de tournesols et des punks, nous non plus.
Les quatre gars de Dye Crap sont aussi capables de balancer des mélodies blasées dont on raffole. Daily Routine possède tous les codes : une voix un peu saturée crado, les petits chœurs qui font wouhou, la grosse montée en puissance à coup de crash de cymbale. Que demande le peuple.
Vu que le monde d’après n’est pas si prometteur que l’on aurait pu le rêver, autant se plonger dans la nostalgie 90’s. Dye Crap réussit le tour de force d’associer cette vague rétro à une efficacité et une fougue actuelle. Rodés pour les concerts, on n’hésitera pas une seule seconde à se jeter sur la billetterie afin d’admirer ce qui promet d’être un pur délire. Une chose est sûre, on n’a pas fini d’entendre parler de Dye Crap.