Echoes nous régale de Geese, Wet Leg et Baxter Dury

Arte sait définitivement nous combler en rendez-vous musicaux plus fous que les autres. Après nous avoir fait l’honneur d’accueillir des artistes internationaux tels que Shame ou Damon Albarn lors du Arte Festival à la gaité lyrique, ils nous gâtent en autorisant à nouveau du public sur l’émission Echoes. Présentée par Jehnny Beth, l’émission propose trois shows de 30 minutes qui suivront d’une interview croisée entre les différents artistes. Ce mardi 30 novembre fut donc l’occasion d’admirer la nouvelle génération de New York Geese, la fraicheur et le mordant de Wet Leg, ainsi que le crooner décadent Baxter Dury.

Crédits: Cédric Oberlin

Un nom manquera tout de même, ceux des punks australiens Amyl and the Sniffers, contaminés par le Covid et donc privés de tournée. « Chance » pour l’émission Echoes, les New Yorkais de Geese étaient frustrés de n’avoir pu jouer au concert d’IDLES, prévu le jour précédent, pour des raisons de contamination chez les autres punks. L’opportunité de découvrir en live un groupe qui fait terriblement parler de lui ces derniers temps.

La scénographie en béton du Yoyo, illuminée des lumières crues de boîte de nuit, est idéale pour une émission de télévision. La scène est grandiose, les images sont superbes. Proches des artistes, le public pu assister de façon extrêmement privilégiée à ces shows. On regrettera seulement son absence de folie générale, peut être intimidé par la présence de caméras ou souhaitant faire bonne figure à tv. Heureusement, la qualité des shows réussira tout de même à faire jaillir des sourires (masqués) et des moments de transe collective.

Ce sont donc les petits prodiges de Geese qui ouvriront le bal, dont le premier album Projector a fait couler beaucoup d’encre dans la presse. Les plus chanceux ont pu déjà les découvrir en live à l’International la semaine précédente, pour la majorité du public ce fut la surprise. Ils sont jeunes, très jeunes, mais d’une assurance assez remarquable. L’apanage des petits génies à qui tout sourit. Bien sûr, le nom de Julian Casablancas résonna beaucoup pendant et avant le show, tant la ressemblance fut flagrante entre le chanteur de Geese et le leader des Strokes. Même coupe de cheveux cachant pudiquement les yeux, même allure nonchalante qui cache une bombe prête à exploser, mais une technique vocale plus affirmée chez la relève. Le vrai atout du groupe, c’est tout de même leur génial guitariste, dont chaque riff apporte l’accroche. Ce rock psyché aux touches funk est décidément ultra prometteur, et on se fera un plaisir de les voir grandir et évoluer. Car sous couvert d’assurance sur scène, c’est un groupe touchant et encore assez insécure qui faisait ce jour là son premier plateau tv. Arte signe donc ici un moment assez historique.

Crédits: Cédric Oberlin

Ultra attendu, ce fut ensuite au tour de Wet Leg de brancher les guitares. Duo d’anglaises sorties de la campagne, elles cachent parfaitement leur jeu sous leurs sourires pudiques et leurs rires touchants. Le pitchfork festival avait déjà eu le nez de les programmer au Supersonic, attendues telles des messies depuis des semaines par le public du lieu. Ce fut un carton plein. Le staff et les habitués du lieu étaient d’ailleurs présents en nombre pour les admirer à nouveau et leur donner de l’énergie. Derrière les jupettes en dentelles et les collants chaussettes pour tromper les clichés, deux génies absolus de la musique qui ont absolument tout compris. Après une intro sur le crescendo de Too Late Now, elles enchainent les titres plus accrocheurs les uns que les autres. Leur formule est d’une efficacité sans nom : des mélodies claires teintées d’un phrasé post punk, des punchlines impertinentes à double sens, des refrains qui rentrent dans la tête en un coup d’oreille. Pas étonnant que leur tube Chaise Longue déchainât autant les passions. Leur personnalité déclenche tout autant l’amour du public. En effet, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu une telle fraicheur chez des artistes. Définitivement la révélation de l’année.

Crédits: Cédric Oberlin
Crédits: Cédric Oberlin

Le grand Baxter Dury clôturera l’émission Echoes, dans un show qui ne laissera personne indifférent. Le costume de dandy alcoolique a laissé place au survet bleu digne de Liam Gallagher. L’anglais s’amuse à enfiler les costumes, se mettre en marcel, s’orner d’un turban, on ne comprend rien mais pourquoi pas. Le public a aussi l’impression qu’il prend dorénavant plus de plaisir à danser et enchainer les figures de karatéka qu’à chanter, mais peu importe, d’excellents musiciens s’occupent avec brio de la partie sonore. Baxter Dury s’enfonce peu à peu dans la schlaguerie, et le fait avec génie. Son timbre de voix est d’une profondeur magistrale, chaque mot résonne avec une force incroyable. Il se plait a balancer des obscénités avec un flegme qui n’appartient qu’à lui et ravit son public. Une nonchalance absolue qui déchaine les passions, un fan oublie même quelques instants les caméras pour se jeter à son cou. Le public est conquis, l’air de rien Baxter Dury leur a donné ce qu’ils souhaitaient.

Vous pourrez retrouver ces shows bientôt mythiques lors de la diffusion sur Arte de l’émission Echoes, et en découvrir bien plus lors d’une interview croisée. Le partage de la jeune génération et d’un artiste accompli sur fond de transmission, en « Echoes ». Comme d’habitude, Arte nous régale.  

Crédits: Cédric Oberlin