EggS : rencontre autour de Crafted Achievement

Alors que EggS vient de dévoiler les dates de sa tournée française, l’occasion était idéale pour vous partager notre rencontre avec le groupe autour de la sortie de Crafted Achievement.

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LFB: Comment ça va ? Comment vous vous sentez pour votre release partie de ce soir ?

Charles: Écoute, moi plutôt bien. Au début, j’avais un peu peur. Mais là, ça va, je suis bien. Je suis bien, je suis content. On est pressé, pressé de jouer, de s’amuser, que ça soit marrant. et puis d’avoir les retours des gens aussi.

LFB: Parce que là finalement c’est la première fois que vous jouez avec cet album là ?

Charles: On a plus ou moins eu l’occasion déjà de jouer les morceaux de manière éparse dans des sets qu’on a fait, mais c’est vraiment la première fois qu’on présente l’intégralité des morceaux en concert.

LFB: J‘aime beaucoup le titre de l’album et je me demandais justement si Crafted Achievement c’était juste un titre d’album ou c’était limite une pièce, une carte d’identité pour ce qu’est EggS au final.

Charles: C’était un peu un mélange de tout. Moi en fait je cherchais un truc un peu catchy, qui se moque aussi du truc parce que dans l’Achievement tu as un truc assez prétentieux en fait dans la notion. Donc il y avait un peu d’ironie. Et puis le côté crafty, j’aimais bien l’idée artisanale parce que ça nous caractérise aussi, je pense, dans l’idée où l’on se démerde comme on peut pour essayer de faire notre projet. C’est un peu tout ça dans le titre de l’album.

LFB: Ce qui est intéressant c’est que pour moi il représente un truc où j’ai l’impression qu’il est beaucoup plus produit et travaillé que le précédent.

Charles: Et qu’en même temps il y a cette idée un peu de contrôler le chaos dans le sens où j’ai l’impression que ça peut exploser à n’importe quel moment en fait. C’était un peu ce qu’on disait je pense du premier album il y avait un truc un peu sur le fil.

Tu le vois plus produit, je pense que ça vient du fait qu’on a plus travailler le côté arrangement je pense c’est peut-être ce que tu ressens dans le disque c’est qu’on entend plus les arrangements, on entend plus par exemple les parties guitare de Greg ou les parties clavier de Léo.

On a réfléchi un peu plus profondément entre guillemets au positionnement des instruments donc il y a moins le côté masse directe où tu ne sais pas trop si c’est une guitare ou c’est un clavier qui joue. Je pense que c’était ça un peu l’idée, sans que ça soit totalement hi-fi parce qu’on n’est pas encore capable de le faire, ou qu’on n’a pas la volonté de le faire, mais il y avait ça je pense.

LFB: Est-ce que vous avez pris plus de temps aussi à le créer en studio, à l’enregistrer ?

Léo: Pas vraiment, je crois que ça s’est fait sur deux sessions, une session basse-batterie, une session guitare-voix et ça c’est surtout bosser en studio avant et sur scène parce qu’en fait on les joue quand même depuis longtemps ces morceaux, ils ont été quand même bien rodés sur scène avant et on a eu le temps de les bosser.

Si tu les crées en studio en fait il faut plus d’argent parce qu’il faut avoir le temps du studio. Du coup on n’a pas ça non mais vu qu’Alexis (Fugain ndlr) avait déjà enregistré le premier album c’était plus évident. Les morceaux étaient déjà prêts et on a bossé avec lui sur des arrangements, des choses comme ça mais ça s’était créé avant quoi.

LFB: J’ai l’impression qu’il y a une relation de confiance qui s’est installée que ce soit dans l’enregistrement ou dans le mix avec des personnes avec qui vous travaillez régulièrement et qui comprennent ce que vous voulez faire.

Charles: Il y a vraiment des gens avec qui on travaille depuis le début sur les disques. Je prends Guillaume (Siracusa, ndlr) par exemple. Guillaume c’est la personne qui mixe nos albums, qui est là pour les enregistrements, en qui on a totalement confiance qui va aussi parfois donner des directions.

Quand tu parles de musique plus produite, je pense que c’est un truc vers lequel Guillaume a envie qu’on aille aussi. Il nous avait dit, « moi j’aimerais bien essayer de faire un disque qui ait plus de corps ».

Pas que le premier n’en avait pas, mais il a envie de travailler aussi comme ça, pour que ce soit amusant aussi pour lui de ne pas refaire le même disque.

Parce que le premier disque, quand on y réfléchit, ce qu’il s’est passé, c’est qu’on avait des morceaux qu’on avait joués.

Moi j’avais mes morceaux, les gars ils les jouaient avec moi, et puis qu’on a plugué des gens dessus.  Et là on a réfléchi un peu différemment, où effectivement tout le monde a essayé de réfléchir au positionnement des instruments. Je pense qu’on peut encore faire mieux, qu’on peut travailler, réfléchir sur des sons, des choses comme ça mais c’est déjà une étape.

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LFB: C’est peut-être aussi le fait que dans la création, ces morceaux-là ont été créés dans une période un peu plus réduite et qui donne peut-être une identité un peu plus marquée sur l’album.

Charles: Tout à fait, ouais. Je pense, effectivement, qu’on a quelque chose d’un peu plus ramassé, plus serré sur la manière dont on a fait les choses.

Je pense que les séances d’enregistrement ont parfois été plus dures, à mon sens, parce qu’on avait aussi moins travaillé la prise.

Ça faisait moins longtemps qu’on les jouait. Il y a des morceaux, on venait juste à peine de les répéter.Donc là, ils commencent à peine à tourner à peu près correctement sur scène.

LFB: Un truc que j’aime bien dans les morceaux, c’est qu’en fait, Il n’y a pas de volonté d’étirer à l’infini des morceaux. Il y a vraiment un truc très direct où si le morceau doit durer 1 minute 30, il va durer 1 minute 30, il va durer 3 minutes, il durera 3 minutes.

Charles: On n’est pas radio, ça c’est clair…

Léo: On est complètement radio, 3 minutes, pas plus, c’est FM, ça peut passer.

Charles: Mais oui effectivement, on réfléchit pas comme ça si tu veux. Alors parfois il y a des gens qui disent « ah ça serait bien quand même que vous fassiez durer tel arrangement ou tel truc ». Mais c’est vrai que pour l’instant on n’a jamais fonctionné comme ça.À ce moment-là c’est un peu chiant quand même, on arrête quoi.

LFB: Malgré tout, il y a des hymnes. Même inconsciemment, avec les refrains ou des choses qui peuvent être repris par les gens.

Charles: Moi, personnellement, quand j’écris des morceaux, c’est quand même très power pop dans l’idée, c’est un peu ma culture musicale. Après, on écoute tous des choses assez différentes, mais il y a quand même un cercle commun, je dirais, de choses qui vont dans ce sens-là.

LFB: Et justement, puisqu’on parle d’évolution, est-ce qu’on peut dire que EggS, en fait, c’est un projet en constante mutation ?

Charles: Je pense qu’on parle toujours de ce qu’on va faire la prochaine fois. On n’a pas envie de faire le même disque à chaque fois, ça, c’est clair.

Aujourd’hui, la question qu’on se pose c’est est-ce que par exemple on va partir vers un truc plus acoustique. Dans l’enregistrement, il y a des réflexions comme ça… quel clavier on va utiliser ou quelle va être la position de tel ou tel instrument.

Est-ce que c’est nécessaire qu’on joue à chaque fois 8,9 ou 10 sur les morceaux ou est-ce que ça ne mérite pas qu’il y ait juste deux voix, une guitare ?

En tout cas, on ne se donne pas de règle, sauf peut-être se dire, j’espère qu’on ne refera pas le même disque encore une fois. Même s’il y a quand même un truc qui nous tient toujours sur les morceaux, il y a une filiation entre le premier et le deuxième album, ça c’est clair.

LFB: Mais il y a un truc, pour moi, d’absence de caprices. C’est-à-dire que si tu regardes certains groupes, des fois, ils ajoutent des éléments ou des instruments juste histoire de dire. Alors que là, tu vois, par exemple, s’il y a du lap-steel ou même s’il y a l’ajout du saxophone, c’est des choses qui se justifient dans la chanson.

Charles: Il y a quand même une forme de caprice dans le sens dans le sens où moi je suis arrivé en disant je veux du lap-steel dans le groupe quoi tu vois au début je pense qu’on m’a regardé en disant ah non mais putain ce n’est pas possible. Mais après, effectivement, c’est pour apporter un truc, quoi, tu vois.

Léo: Puis on a la chance d’à chaque fois être tombé aussi sur les bonnes personnes pour le faire. C’est-à-dire que le sax, il était déjà sur celui d’avant avec Camille, qui arrivée avec de la trompette aussi un petit peu. Erica, elle est arrivée sur des voix qui font des voix différentes maintenant.

Et Côme avec le lap-steel, il arrive avec sa culture aussi musicale à lui, il arrive aussi avec ses thèmes à lui.

On a les bonnes personnes pour les bons instruments.

C’est en ça que c’est pas un ajout comme ça débile. Ce sont vraiment des gens qui bossent et qui ont une bonne culture aussi et qui arrivent à apporter leur patte à eux.

LFB: Et c’est pour ça que je te parlais d’évolution constante, tu vois, c’est un peu… Tu peux prendre l’image du trou noir, c’est-à-dire que t’agglomères des choses qui viennent s’incorporer dans la chose et qui font que ça continue de grandir, en fait.

Charles: Il y a un truc assez cool, comme ça, je trouve, avec ce groupe. En tout cas, moi, je suis toujours hyper content de le faire. Il y a des gens qui viennent, ils sont quand même hyper motivés, ils ne vont pas y aller en disant « ah, fait chier », ou « faut le faire ». Tout le monde est hyper engagé dans le truc.  C’est ça, c’est vraiment cool, d’avoir des personnes qui sont engagées dans le truc et qui vont vraiment apporter leurs projets.

LFB: Je voudrais parler de ta voix, qui est quand même aussi pour moi une évolution intéressante de l’album. J’ai l’impression que tu chantes avec beaucoup moins de cynisme et beaucoup plus de fragilité qu’auparavant.

Charles: Oui, en tout cas c’est un truc que je travaille encore et encore. Ee bosser les voix, la prononciation, la manière de se placer sur un morceau, etc… C’est un truc que je bosse beaucoup en fait, vraiment quotidiennement, de jouer de la guitare et de chanter des trucs. Alors du coup, je me sens de plus en plus à l’aise, entre guillemets, dans le chant, ça c’est clair.

Parce qu’il y a un groupe derrière qui tourne, sinon je ferais de la merde. Mais effectivement, je suis plus à l’aise sur les voix.Et du coup, je peux jouer plus sur des trucs, et moins être dans le côté toujours un peu gueulé. Ouais, je trouve qu’il y a vraiment ce truc… presque enfin tu vois d’émotions brutes en fait tu vois

LFB: Mais ça vient aussi je pense de la thématique des morceaux aussi de moins se cacher derrière un peu d’humour qui du coup influence aussi finalement ta façon de chanter. Et le fait est que Erica ramène aussi beaucoup de nuances sur l’album et ça permet aussi d’explorer dans le champ des émotions qui sont différentes.

Charles: Exactement.  Je pense par exemple à un morceau comme Bob Stinson ou à Angry Silence par exemple, la partie voix d’Erica, la manière de poser le chant, je trouve que ça se contrebalance hyper bien. Moi je suis arrivé avec ce truc là,j’écoutais beaucoup les Replacements à ce moment là et sur les changements d’accords et tout, c’était vachement marqué Replacements.  Et Erica, justement, elle apporte vraiment un truc un peu différent, elle va tirer le morceau sur autre chose. Et voilà, c’est de manière générale un truc comme ça qui se passe à chaque fois, je trouve.

LFB: J’aimerais bien parler des thématiques de l’album. Je ne sais pas si c’est parce que c’est moi qui l’ai reçu comme ça, mais j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de morceaux dans l’album où dans l’idée, ça parle un peu de dépression ou de comment sortir d’une dépression.

Charles: Il y a peut-être un côté un peu nostalgie, tu vois, sur le côté… Il y a clairement les thématiques, c’est le temps qui passe, le vieillissement…c’est comme des chansons d’amour…

Léo : Pas forcément toujours dans le positif, mais ça s’entend qu’il y a des thèmes qui se passent entre deux personnes.

Charles: Exactement, ça parle toujours un peu de ce que moi je peux d’une manière ou d’une autre expérimenter. Mais je pense que vraiment dans ce qui m’anime aujourd’hui quand j’écris des morceaux, c’est vraiment un peu ça. Donc clairement je parle du vieillissement d’une manière ou d’une autre, de ce que c’est d’être en couple depuis très longtemps, de la nostalgie, de faire de la musique, quel est l’intérêt de le faire par exemple, c’est des thèmes aussi qui peuvent être là dedans je pense un petit peu. C’est ce qui peut justifier le côté un peu dépressif.

LFB: Il y a un truc un peu désabusé, un peu cassé. Mais qui va aussi parce que c’est quelque chose que j’avais noté aussi. C’est vraiment aussi un album qui est justement traversé par les relations aux autres. Comme tu le disais, que ce soit les relations amoureuses, mais aussi les relations aux membres de ton groupe ou les relations à tes idoles dans la musique qui t’ont amené justement à faire cette musique-là.

Charles: Effectivement. Par exemple, un des morceaux que je préfère, c’est Bob Stinson.  C’est clairement sur ma déclaration d’amour aux Replacements, mais je trouvais ça rigolo de faire un morceau qui sonne un peu comme les Replacements parce que je pense qu’on a réussi à faire ce truc-là et qui en même temps parle d’eux, notamment de Bob Stinson, qui est animé aussi par des thématiques. L’histoire ce mec là, ça me parle.

On ne vient pas du même milieu social, clairement, c’est un gars qui vient des milieux vraiment très défavorisés. Enfin vraiment la classe ouvrière qui a eu la totale, parents alcooliques tout ça… et lui même était alcoolique.

Enfin bref je ne vais pas faire l’histoire de Bob Stinson. Mais il y avait ce côté un peu émancipation. Il s’est émancipé par la musique et en même temps en fait à la fin ce gars il meurt à 45 ans je crois un truc comme ça dans un groupe pas connu à son époque.

LFB: Ce qui est intéressant aussi dans l’évolution de l’écriture, c’est que j’ai l’impression que, comme tu le dis, cette volonté très anglo-saxonne de toujours écrire dans le réel.

Charles: Pour moi, c’est clairement un peu mon Graal. En gros, je lis beaucoup de paroles de groupes que j’adore, je passe mon temps à essayer de comprendre comment ils écrivent ça. Et c’est vraiment ce que je préfère dans l’écriture anglaise et américaine. Enfin les songwriters que je préfère, c’est ceux qui ne sont pas dans le truc un peu fantasmé.  Mais c’est vraiment des mecs qui parlent du réel et qui transcendent vraiment ce truc-là. C’est un peu marxiste comme démarche.

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LFB: En se plaçant dans le réel et dans ton quotidien et dans ton histoire à toi, en fait, c’est un truc qui fait que ça va beaucoup plus facilement se transférer au quotidien des autres et aux gens qui vont écouter ta musique.

Charles: Oui c’est ça, sans que ça soit trop fermé je ne vais pas arriver en disant lutte des classes, fuck off bourgeoisie et un truc comme ça.

Moi je trouve que c’est ce qui est le mieux dans la musique, c’est qu’en gros l’histoire n’importe qui imprime ses propres, je dirais, sensations, émotions à travers les chansons.

Tu prends, par exemple, des trucs comme… Je suis désolé, je parle toujours de Guided by Voices, mais quand tu prends les lyrics de Robert Pollard, par exemple, il y a beaucoup de choses, ça ne veut rien dire. Mais le fait d’accoler les émotions les unes aux autres, parce qu’il raconte les images qu’il pose, tu te dis, ah ouais, putain, mais en fait, moi, ça parle de ça. Pour moi, ça parle de ça.Et après, tu l’associes à tes propres fantasmes, en fait.

LFB: Mais du coup tu ne te verrais jamais, parce que c’est une manière très différente de faire aussi, écrire en français par exemple ?

Charles: Non parce que justement je n’arriverais pas à faire ça. Du coup je suis confronté à la réalité de ce que c’est la langue française.

Par contre mon objectif, c’est vraiment de plus en plus affiner l’écriture, où les images passent vraiment par exemple pour un anglo-saxon pur, qu’il entende aussi ce truc quoi. Qu’il arrive à coller ces images que moi je veux placer aussi.

Parce que oui finalement tu vois il y a ce truc aussi des fois de l’écriture de l’anglais par un français qui peut forcément… Avec les trucs un peu awkward effectivement pour un anglo-saxon il y a des termes… Erica des fois me dit « Attends qu’est ce que tu dis là ? Tu chantes quoi là ? » 

Mais ce n’est pas grave en fait on continue et jusque tu vois vraiment un jour je veux qu’il y ait un mec que j’adore qui dise putain cette chanson là elle est vraiment ouf je vais la reprendre

LFB: Et ce qu’il y a de fou finalement, Tom (de Howlin Banana Records ndlr) m’en parlait la dernière fois, c’est qu’il y a énormément de vos albums qui se vendent vers des pays anglo-saxons.

Charles: Oui, c’est cool, c’est qu’il y a un truc qui passe déjà.

Je pense que musicalement, il y a un truc qui passe et les gens pigent assez ce qu’on veut faire parce que forcément, l’écriture et la culture qui animent un peu ce groupe, je pense qu’elle est plus de là-bas que d’ici.

Moi, ce que je déteste dans ma vie, c’est d’avoir été exposé à Serge Gainsbourg, par exemple. Je déteste Gainsbourg. Je déteste la chanson française. Il y a très peu de mecs en français que j’aime, à part peut-être quelques-uns qui ont une approche plus américaine dans l’écriture.

Mais tu vois, j’ai envie de m’émanciper de tout ce que j’ai pu entendre quand j’étais môme.

LFB: J’ai une question sur les clips et sur le visuel.

Léo: La personne qui réalise les clips, elle est là. T’as Manolo derrière.

LFB: Voilà. J’ai beaucoup aimé les clips. J’ai beaucoup aimé la pochette de l’album. Je ne sais pas si c’est toi qui l’as faite.

Manolo: La pochette, ce n’est pas moi. C’est Pierrette.

Charles: Alors c’est ma copine en fait qui a fait le visuel.

LFB: Est-ce que c’est important pour vous et justement est-ce que ça vous intéresse que la mythologie qui grandit autour de EggS soit faite justement par vous ? Tu vois, parce que le clip où t’as le jeu de société sur comment monter son groupe, moi je le trouve absolument génial, tu vois.  Et ça représente tellement ce que vous êtes dans le groupe, tu vois, et ce truc à la fois de, on prend du plaisir, mais au final on va quand même dans le mur malgré tout.

Léo: Sachant que c’est vraiment un truc qui s’est fait en deux secondes quoi… En deux secondes… Non mais je veux dire, l’idée… Il faut un clip parce que l’album sort, qu’est-ce qu’on fait ? Et on filme ce clip ?

Manolo: C’est des idées un peu intuitives qui sont faites, donc c’est assez logique par rapport à… C’est parce que justement on fait ça. Oui, rapidement et sans trop d’argent quoi, avec juste de la bonne volonté. Par exemple le premier je n’avais rien du tout, j’avais juste des photos. Le deuxième j’ai un peu plus réfléchi quand même.  Mais c’était assez évident pour moi.

LFB: Et du coup ça vous intéresse quand même de ce truc qui étend l’univers à d’autres médiums ?

Charles: Ouais, exact.  Je ne vais pas dire que c’est une stratégie de communication, parce que clairement, en tout cas ça ne marche pas. Moi je suis un peu un gamin avec ce groupe, il y a l’idée que je me suis construit sur une espèce de mythe, de label, de truc, à une époque où c’était un peu mes gris-gris.

Ce qui est un peu faux en réalité. Mais je pense que nous, il y a un peu ça qui travaille aussi.L’idée, c’est qu’on va faire les choses un peu différemment.

Mais en réalité, on joue un peu aussi le jeu. Parce que typiquement, par exemple, on a pris une attachée de presse. Parce que normalement, si on était vraiment en phase avec ce qu’on fait, on ne devrait pas le faire. On dirait, ben non, on s’en fout. Si vous voulez nous écouter, vous devez nous chercher. Bon, ça, malheureusement, aujourd’hui, ça ne marche pas trop.

LFB: Tu n’aurais pas de réseaux sociaux.

Charles: Oui, totalement. Malheureusement, on a aussi envie de jouer. parce que c’est le truc de base quand même qui nous anime.  C’est de pouvoir faire des concerts, de jouer devant des gens. C’est trop bien de pouvoir faire de la musique et de rencontrer un peu des mecs dont tu rêves la musique et tu peux jouer avec eux et tu peux partager un truc.

LFB: Si vous deviez placer cet album de EggS à côté d’un film, d’un livre et d’un autre album, vous choisiriez quoi ?

Léo: Ouah, c’est dur ! Du capital de Marx.

Charles: Moi, je pourrais te dire Trouble Boys des Replacements, la biographie. La première chanson que j’ai écrite sur cet album, c’est à la suite de la lecture de ce truc-là.

Manolo :  J’ai pas d’idée.

Léo: Gueule de bois, je ne réfléchis pas.

LFB : Moi, très honnêtement, il y a certains morceaux que j’aurais bien facilement placés dans la bande originale de Scott Pilgrim, par exemple.

Manolo : Ah oui ? C’est cool 

Léo: Oui, il faudrait des films un peu DIY, un peu pop, un peu référencé. Peut-être des Greg Araki ou des choses comme ça, un peu décalés aussi. Même s’il écrit des thématiques sérieuses, on le décale quand même toujours un peu, avec le lifestyle, avec des petites mélodies joyeuses.

Crédit Photos : Cédric Oberlin

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Bonus : les portraits de EggS

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