Il y a des labels qu’on regarde avec beaucoup d’intérêt et Vietnam fait parti de ceux la. Maison mère de Olivier Marguerit, Chevalrex ou encore Pablo Alfaya, le label français a l’intelligence de proposer aux auditeurs des projets plus que des produits. C’est une nouvelle fois le cas avec 9 songs about love, second album de J.E Sunde qui prolonge la grâce de son précédent projet paru en 2019 et nous offre une réflexion sincère, intime et universelle sur l’amour, en plus de confirmer l’américain comme l’un des meilleurs songwritters actuel.
L’amour, l’amour, l’amour … L’amour est partout. Dans la musique, dans les films, dans les poèmes, dans nos ombres, derrière nos pas… Il n’y a pas plus universel que l’amour. Il n’y a pas de terreau émotionnel plus fertile que l’amour. Que ce soit la toute puissance d’un amour brûlant, ou la peine ressentie d’une histoire qui se termine, l’amour est partout, l’amour est en nous. La question se pose alors : Comment, en 2020, rendre passionnant un thème qu’on pense tous connaitre ? Comment transformer un sentiment aussi commun, en œuvre musicale puissante qui s’offrira le luxe de toucher tout un chacun tout en développant un véritable propos.
La réponse, J.E Sunde semble l’avoir trouvée avec 9 Songs About Love : Si l’amour est le guide béni de ces morceaux, cet album est avant tout celui d’un artiste qui regarde en lui, qui s’ausculte pour mieux se réparer, qui se pose pour mieux avancer. Avec cette collection de titres, l’américain s’offre une escapade musicale luxuriante et classieuse dans les méandres du sentiment amoureux, ses exaltations et ses doutes.
Si un artiste peut se cacher derrière un mur du son, une production aux petits oignons ou un plan de communication bien mis en place, il y a une chose qui ne mentira jamais : sa voix. Elle est le porte parole ultime, la lumière vacillante qui nous fait nous attacher à une musique. Si J.E Sunde place sa musique au cœur de la folk et du rock, c’est pourtant du côté de la soul que sa voix nous emmène. Par sa chaleur, par toutes les émotions qu’elle emmène avec elle, par la foi presque aveuglante de croyance en ce qu’il raconte, le bonhomme venu tout droit d’Eau Claire dans le Wisconsin ne ment pas.
La plus belle réussite de ces 9 Songs About Love vient de là, elles sont la représentation de l’âme de celui qui les écrit, une exploration intime des sentiments amoureux, parfois mélancoliques mais jamais désespérés, nous entrainant avec lui dans ce voyage, cette épopée personnelle et universelle qui part des doutes pour arriver à une forme d’acceptation, à un regain de confiance envers une émotion et des sentiments qu’on ne pourra jamais totalement maitriser.
Que ce soit en nous parlant d’une relation amoureuse gangrénée par une tournée (la claire obscure Sunset Trip qui ouvre l’album), une relation qui démarre et qui fait s’arrêter le temps au point que tous les détails se figent dans son esprit (la bouleversante I don’t Care To Dance, qui on en est sur n’a pas été placée au coeur de l’album par hasard), l’analyse des paramètres extérieurs qui fondent pourtant les bases de nos rapports amoureux (Clover et cette ligne absolument merveilleuse : « You say God died a long time ago I guess I’ll try and find salvation then in rock’n roll« ), l’acceptation de sa propre vulnérabilité et des sentiments qui en découlent (I Love You, You’re My Friend) pour finir par une explosion lyrique et épique d’un renouvellement de sa croyance aux sentiments amoureux (Risk, qui termine l’album par cette phrase s’exprimant à l’infini pour mieux se graver dans nos esprits : « Love’s a rick that worth the risk« ) chaque morceau de 9 Songs About Love est un chapitre, une avancée vers cette vérité imparable : l’amour est en nous, qu’il fasse souffrir ou grandir.
Au delà de ce fond déjà très satisfaisant, J.E Sunde réussit à prolonger la grâce de son précédent effort en nous offrant un album à la fois cohérent et varié. Greffé à cette colonne vertébrale thématique imposante, l’artiste propose une variation sur le thème de la folk. Un véritable travail sur des mélodies à la fois discrètes et entêtantes : on ne boude ainsi jamais notre bonheur que ce soit sur la classique I don’t care to dance ou sur Clover qui s’offre une belle envolée en son milieu pour notre plus grande surprise. On fond aussi sur la superbe Love Gone To Seed et son trombone qu’on retrouve notamment sur la superbe et mélancolique We Live Each Other’s Dream. On notera aussi la présence d’une vraie session rythmique, qui trouve toute son importance à l’entrée et la sortie de l’album sur Sunset Trip et Risk.
À l’image du lieu dans lequel il a été enregistré, 9 songs about love est un album baigné par une sensation d’espace, offrant une musique à la fois aérée et portée par la terre, portée par une vraie puissance organique et chaleureuse qui permettent d’offrir des véritables variations à l’album et des contrastes intéressants puisque la musique ne va pas toujours de paire avec les sentiments qui surgissent des paroles.
9 songs about love est un album intime certes, mais ne vous étonnez pas à vous retrouver au sein des réflexions personnelles de J.E Sunde : l’amour est au final un sentiment si universel que forcément on finit par tous se retrouver dans les histoires de l’autre. En résulte un album à la beauté rare, porté par la grâce et la classe qui pourra devenir une source de vie, une manière de retrouver à nouveau nos illusions et nos croyances dans l’amour et le romantisme. Car comme le dit si bien J.E Sunde : l’amour fait de nous des idiots, le genre d’idiot qu’on est pas dérangé d’être.