ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. De retour avec un nouvel EP, Sign In, le duo Evergreen nous parle des morceaux qui ont influencé sa conception.
La tâche de définir les influences d’un groupe qui existe depuis une dizaine d’années n’étant pas des plus faciles, on a choisi de se concentrer sur les artistes et les titres qui nous ont marqué pendant la composition et l’enregistrement de notre dernier EP Sign In, paru en septembre 2021. Et du coup, de notre album à venir. On remarquera un gros tropisme pour les productions des années 90 et 2000, chères à cette nostalgie propre aux trentenaires que nous sommes. Voici donc huit morceaux aux horizons divers sélectionnés par Michael, voix masculine du groupe.
Evergreen
Royksopp – Remind Me
Classique absolu, morceau parfait, autant pour ses arrangements que pour la voix feutrée d’Erlend Oye. Pour moi, la quintessence de tout ce que j’aime dans la pop norvégienne (mais aussi européenne de manière plus large) du début des années 2000. Quand on se met à en décortiquer toutes les subtilités, c’est ahurissant d’inventivité.
Shintaro Sakamoto – Disco Is
Moins connu que son compatriote Ryuchi, ce Sakamoto-là n’est pas non plus nouveau sur la scène. Depuis une dizaine d’années, il s’est mis à fabriquer une pop discoïde très ludique, à base de synthés analogiques et de choeurs d’enfants. J’adore ce petit morceau bizarre, porté par un vocodeur et un groove minimaliste bricolé.
Noname – Reality Check
Grosse référence pour nous. Le groove de l’instru, les références jazz, la poésie des paroles… Issu de la première mixtape de Noname, Telefone, parue en 2016. Un disque que j’ai saigné et qui m’a longtemps accompagné. C’est l’un des chefs-d’oeuvre de cette scène hip-hop très soul et gospel qui fait vibrer Chicago depuis des années et qui a pas mal influencé notre dernier EP.
Madonna – What It Feels Like For A Girl
Le seul morceau de Madonna que je peux écouter en boucle. Un single mineur paru en l’an 2000 sur l’album Music. C’est Mirwais qui signe la prod de tout l’album, et celle de ce morceau en particulier est parfaite: c’est doucement électronique, mélancolique et léger. Je rêve d’une réédition de la version instrumentale.
Cheb Hasni – El mout li de ni
Bijou méconnu du grand Cheb Hasni, figure tutélaire du raï disparue très tôt. Un morceau funk, dansant, qui provoque l’ivresse, des roulements de tambour guellal jusqu’aux faux cuivres bien kitsch qui le parcourent. Je mets ce morceau en soirée dès que j’en ai l’occasion.
Spinall – Pressure (ft. Dice Ailes)
Parmi les influences plus récentes, il y a tous ces rythmes qui arrivent d’Afrique du Sud et de l’Ouest, parmi lesquels l’afrobeats nigérian, qui explose depuis déjà un certain temps en Afrique et qui gagne aujourd’hui les prods urbaines françaises. Dur d’en choisir un en particulier, mais j’aime bien le DJ de Lagos Spinall et ce petit tube très doux, très vaporeux.
Towa Tei – Technova
Découvert sur une très vieille compilation K7 de Radio Nova qui traînait dans notre studio. Un morceau hypnotique très classe, sorte de bossa nova trip hop, un peu chillout un peu acid jazz, chantée en portugais et produite par le DJ japonais Towa Tei (ancien membre de Deee-Lite — on ne peut pas faire plus 90s!).
Air – La femme d’argent
Vraiment l’une des influences qui nous rassemble le plus dans le groupe. On pourrait en choisir plein d’autres, mais si Moon Safari est indéniablement le chef d’oeuvre du groupe (dans le top des meilleurs albums français de tous les temps), « La femme d’argent » est la plus belle des ouvertures. Avec, n’ayons pas peur des superlatifs: la ligne de basse la plus cool du monde.