Bien que séquestré.e.s pour la bonne cause, cet inévitable nouveau confinement ne nous poussera pas encore au syndrome de Stockholm. Heureusement, Bootchy Temple nous dévoile aujourd’hui en exclusivité un remède à l’amertume grandissante sobrement intitulé Nowhere Else, lancinant préquel d’un quatrième album In Consummated Bloom à paraître le 27 novembre chez Howlin’ Banana et chez Safe In The Rain Records.
Le ciel est gris ; et les gouttes s’abattent souvent sur les fenêtres de nos abris. A travers, les yeux vitreux se perdent dans les allées vidées de toute vie humaine, et pourtant on arrive à peine à croire à la désolation des autres autant qu’à la sienne. L’année 2020 semble avoir été injustement piégée dans une boucle spatio-temporelle, et le temps du renouveau paraît loin, bien loin. C’est néanmoins très certainement ce tunnel dont on ne voit plus le bout qui a permis à Bootchy Temple de composer son quatrième album.
On connaissait d’ores et déjà le quintet grâce à son précédent album Glimpses, charmant patchwork de ce que l’on fait de plus beau sur la scène française actuelle en matière de pop à la main – une pop sensible qui nous rappelait les cœurs à fleur de peau des anglais de The Orchids et des néo-zélandais de The Chills. Si les influences ont peu changé, le son lui, s’annonce plus arrangé : et pour cause, le groupe est parti enregistrer In Consummated Bloom chez Nicolas Brusq, au Capitola Analog Studio.
Nowhere Else présage donc un printemps tout neuf pour Bootchy Temple. Le morceau profère le flottement toujours lumineux, la course à l’attente, à la manière du sombre Death de Viet Cong. Plus contemplatif que le reste de la tracklist, ce premier titre plein de delay se veut faire la part belle aux arrangements de synthé. Soudain, surprise : au milieu, une voix féminine fait s’effacer les guitares et nous offre un instant de répit avant la seconde vague de mélancolie. Les chants sont clairs, mais Nowhere Else s’étire comme un écho dont on ne voudrait jamais connaître la fin.
Les fleurs fanent et les temps sont durs : Bootchy Temple réussit pourtant à transformer les cauchemars de notre époque en poésie enivrante. Une chose est sûre, on n’aurait pu entendre pareil éclat nulle part ailleurs.