Voilà deux ans qu’on attendait le retour de Checler, rappeur-chanteur et instrumentiste originaire d’Aix-en-Provence. C’est chose faite depuis septembre 2024, avec cinq singles et un album à l’horizon. De morceau en morceau, une esthétique se dessine, faite notamment de cagoules rouges qui prennent peu à peu leur signification. Cette semaine, il dévoile le clip de Léa, morceau puissant, sensible et important sur l’identité, que l’on est ravi de vous présenter en exclu.

Deux personnages que tout oppose
Léon est un cinquantenaire déprimé, épuisé. Tellement écrasé par la vie qu’il en a les genoux qui flanchent.
Léa est sûre d’elle, magnétique, libre. Elle brille, chante et danse jusqu’au bout de la nuit.
D’un couplet à l’autre, Checler nous présente ces deux personnages, que tout distingue a priori. Deux portraits diamétralement opposés, qui se répondent, séparés par un refrain énigmatique et envoûtant. « T’aurais pas tenu sans elle », répète l’artiste. À ces mots, l’instru se fait plus puissante, presque viscérale. Mais qui est-elle ? Et quel rapport avec nos protagonistes ?

Le besoin vital d’être soi
À l’image, la drag queen Lola Von Flame incarne à merveille cette double identité. Tour à tour désabusé, titubant, croulant sous les factures et les cartons. Puis flamboyante, gracieuse et pleine d’assurance sous une pluie de paillette. Pour renforcer ce décalage, des danseurs l’entourent. Habillés de noirs et masqués pour Léon, colorés et à visage découvert avec Léa.
Une chanson qui se raconte comme une histoire, inspirée par une proche de l’artiste. En présentant ainsi les deux facettes d’une même personne, Checler parle de transidentité et du besoin vital d’être soi. La montée en intensité du morceau et du clip donne une sensation d’urgence et révèle la dimension politique du titre, jusqu’à l’émouvant tableau final. Celle-ci est soutenue par la réalisation sensible et efficace de Léa Rouaud. Elle crée une véritable intimité avec le personnage et nous fait ressentir le poids de cette double vie.
Un pari réussi
On connaissait Checler dans un registre plus introspectif. Souvent accompagné de sa guitare sèche, il raconte ses addictions dans L’emprise (dont on vous parlait ici) ou ses états d’âme dans 5 minutes avec.
Avec Léa, il élargit radicalement sa palette musicale en se faisant le conteur d’une histoire qui n’est pas la sienne. Tant dans sa posture de narrateur que dans l’instru – qui rappelle le cabaret – il s’éloigne des ingrédients qui ont fait le succès de ses titres précédents. Il s’aventure sur des chemins nouveaux sans perdre son écriture sincère et incisive.
Un pari relevé avec brio, tant au son qu’à l’image. Et qui ne fait qu’accroître notre impatience à l’approche de la sortie de son album Ces gens qui aiment prévu pour Septembre 2025. Et pour le live, ça se passera au FGO Barbara, à Paris, le 10 octobre.